La Fédération américaine de gymnastique, engluée dans un scandale d'abus sexuels commis depuis des décennies par des entraîneurs et médecins, espère pouvoir commencer à tourner la page avec la démission, jeudi, de son président Steve Penny, accusé d'avoir alerté trop tardivement les autorités.

«Ma décision de quitter mon poste de président est uniquement destinée à soutenir les meilleurs intérêts de USA Gymnastics», a expliqué M. Penny dans un communiqué, précisant avoir été effaré quand il a appris cette histoire d'abus sexuels dans son sport.

«Cela m'a brisé le coeur d'apprendre qu'il y avait eu des agressions et cela me rend malade que de jeunes athlètes aient été exploitées de cette manière», a-t-il ajouté.

Pas moins de 368 anciennes gymnastes, certaines très jeunes au moment des faits, ont affirmé avoir été agressées sexuellement par des médecins et entraîneurs ces vingt dernières années, notamment lors de stages d'entraînement.

Steve Penny, qui était l'objet de multiples accusations pour sa gestion de ce scandale, a présenté sa démission lors d'une réunion téléphonique du conseil d'administration de USA Gymnastics. Sa démission a été acceptée et le directeur du conseil Paul Parilla a été nommé pour diriger la Fédération le temps qu'un remplaçant à M. Penny soit désigné.

«Le conseil estime que ce changement de dirigeant aidera USA Gymnastics à faire face aux défis actuels et à mettre en place des solutions pour faire avancer l'organisation dans la promotion d'un environnement sûr pour ses athlètes, à tous les niveaux», a déclaré M. Parilla.

Le Comité olympique américain (Usoc) s'est félicité de cette décision: «Cette annonce aujourd'hui, on l'espère, permettra à USA Gymnastics de tourner son attention vers l'avenir avec un environnement sûr pour ses athlètes et un succès continu en compétition», a noté le président de l'Usoc, Larry Probst.

«La fin du début» 

Cette affaire a débuté en décembre lorsque le journal Indianapolis Star, après neuf mois d'enquête, avait révélé que 368 membres, enfants et adolescentes, de clubs affiliés à la Fédération de gymnastique avaient été victimes d'agressions sexuelles au cours des vingt dernières années.

L'Indianapolis Star a depuis eu accès, après avoir saisi la justice, à des documents internes d'USA Gymnastics, montrant que des entraîneurs, reconnus coupables d'agressions sexuelles, avaient continué à travailler au sein de clubs après leur condamnation.

Un ancien médecin de l'équipe de gymnastique américaine, le Dr Lawrence Nassar, a aussi été inculpé en février de 22 chefs d'inculpation pour agressions sexuelles, y compris sur des filles âgées de moins de 13 ans.

La démission de M. Penny n'est toutefois pas suffisante pour certains: John Manly, avocat qui représente plus de 70 femmes accusant le Dr Nassar de les avoir abusées, continue à demander que la certification de USA Gymnastics soit retirée à la fédération.

«Si les personnes que je représente sont satisfaites de la démission de M. Penny, nous ne voyons pas cela comme la fin de ce scandale ou de la nécessité de réformes. Nous voyons cela comme «la fin du début»», a déclaré M. Manly.

«Femmes courageuses» 

«La culture tacite d'acceptation d'abus sexuels à l'encontre d'enfants a été mise en place non pas seulement par M. Penny, mais par d'autres membres du conseil d'administration en place depuis longtemps», a-t-il ajouté. «Ne vous trompez pas: cette démission intervient grâce aux femmes courageuses qui ont parlé publiquement des abus du docteur Nassar et de nombreux autres entraîneurs qui s'en sont pris à des enfants pendant que USA Gymnastics regardait ailleurs».

Steve Penny avait rejoint la Fédération américaine de gymnastique en 1999, il en a pris la tête en 2005, période où les gymnastes américaines ont commencé à avoir de brillants résultats sur la scène internationale.

Les Américaines ont notamment remporté les quatre derniers titres olympiques au concours général individuel, et les deux derniers titres au concours général par équipes.

USA Gymnastics a mis en place des procédures pour «renforcer et affiner ses politiques et procédures pour gérer les cas de comportement sexuel déplacés».

Les résultats d'une enquête indépendante sur la manière dont elle protège les jeunes gymnastes sont attendus en juin.