Les dernières révélations sur le scandale de dopage en Russie a alimenté les discussions de l'équipe canadienne de luge, vendredi, à Whistler.

Quand vous terminez quatrième des Jeux olympiques, il y a de quoi y songer.

Les Albertains Sam Edney, Alex Gough, Justin Snith et Tristan Walker ont raté le podium par un dixième de seconde, se classant quatrièmes du relais par équipe des Jeux olympiques de Sotchi, en 2014.

L'avocat canadien Richard McLaren, l'enquêteur indépendant nommé par l'Agence mondiale antidopage (AMA), a rendu public, vendredi, la deuxième partie de son rapport détaillant l'implication du gouvernement russe dans un vaste programme de dopage entre 2011 et 2015.

La rapport soumis au Comité international olympique (CIO) conclut que les échantillons d'urine recueillis lors de tests antidopage de 15 médaillés russes des Jeux de Sotchi ont été manipulés. Aux Jeux paralympiques, ce sont les échantillons de 21 médaillés russes dont les fioles avaient été manipulées.

Aucun nom n'est donné dans le rapport.

Aucun lugeur russe n'a échoué de test antidopage aux Jeux de Sotchi. L'équipe hôtesse a mis la main sur la médaille d'argent et la présidente de la Fédération russe de luge jure qu'ils n'étaient pas dopés.

«Je suis convaincue que tous nos athlètes sont propres et que les médailles d'argent remportées à Sotchi sont méritées», a déclaré Natalia Gart, des propos rapportés par la BBC.

«Ça a été l'un des sujets de conversation au déjeune, a admis Edney. On se demande ce qui se passera avec tout ça.»

McLaren a émis un rapport intérimaire en juillet, dans lequel il fait état d'un système de dopage instauré par le gouvernement russe. La deuxième partie de son rapport va plus loin, alors qu'il relate le dopage et le camouflage touchant plus de 1000 athlètes répartis dans 30 sports. Il rapporte également que le programme de dopage russe a corrompu les Jeux d'été de Londres, en 2012, «à un niveau sans précédent».

L'avocat affirme que ses conclusions reposent sur des preuves irréfutables, dont des analyses d'ADN.

Le CIO a déclaré vendredi que de nouveaux tests seront effectués sur 254 échantillons d'urine collectés auprès d'athlètes russes à Sotchi.

Les autorités russes ont quant à elles indiqué que le Rapport McLaren était déphasé avec les mesures qu'elles ont instaurées et ont menacé d'avoir recours aux tribunaux, sans toutefois préciser ce qu'elles feraient exactement.

Depuis que ce scandale a été mis à jour plus tôt cette année, il n'est pas rare que des athlètes s'imaginent que leurs résultats olympiques pourraient être modifiés de longues années après la conclusion des Jeux.

La Russie a tout juste devancé le Canada pour mettre la main sur l'or de la compétition de patinage artistique par équipe à Sotchi. Meaghan Duhamel et Eric Radford ont terminé cinquième en couple. Deux couples russes se trouvaient sur le podium. Le patineur de vitesse sur courte piste Charle Cournoyer a terminé troisième du 500 m remporté par un Russe.

La luge n'est pas un sport habituellement sali par le dopage, a souligné Edney, qui souhaite qu'il demeure ainsi.

«Nous voulons tous participer à un sport propre, peu importe ce que nous pratiquons, a-t-il dit. Nous souhaitons qu'avec ce rapport, il y ait un effort concerté afin que chaque athlète puisse être assuré de faire face à des compétiteurs propres.»

ADN masculin chez des femmes

McLaren a souligné qu'une des enquêtes menées pour la rédaction de son rapport a démontré que de l'ADN masculin a été retrouvé dans l'échantillon d'urine de deux hockeyeuses russes, qui ont terminé sixièmes à Sotchi.

La hockeyeuse canadienne Hayley Wickenheiser, qui est membre de la commission des athlètes du CIO, presse les organisations sportives, qui devraient en principe protéger les athlètes, d'en faire plus.

«De mettre l'accent sur les individus et non pas le système n'est pas la solution, a-t-elle déclaré à La Presse canadienne. Les preuves sont claires: c'est plus gros que n'importe lequel athlète.»

La double championn eolympique du saut à la perche Yelena Isinbayeva a rejoint Wickenheiser au sein de la commission des athlètes, qui compte 18 membres, en août dernier. Elle n'a pas pris part aux Jeux de Rio de Janeiro en raison de la suspension imposée à l'équipe d'athlétisme de Russie.

Elle a été nommée plus tôt cette semaine présidente du conseil d'aministration de l'agence russe antidopage, la Rusada, qui est suspendue.

«J'espère qu'Isinbayeva va défendre ce qui est le plus important, les athlètes propres, malgré les fortes pression du gouvernement, toujours en mode camouflage, a ajouté Wickenheiser. Ça ne sera pas facile.»