Des filles portant des bas résilles sous des shorts moulants ou des minijupes et chaussées de patins tournant autour d'une piste tout en se bousculant volontairement: le Roller derby fait depuis quelques années son retour aux États-Unis.

Quelque 500 supporters surexcités installés sur les gradins d'un gymnase de Washington acclament et encouragent les équipes en lice de ce sport né dans les années 1930. Il y a là les petits amis des joueuses, les mères et même les enfants, mais beaucoup sont là pour une raison bien différente que celle d'encourager un proche.

«Je suis venu pour voir des jolies filles tatouées sur des patins à roulette se crêper le chignon», dit Brandon Mullen, 29 ans, un tatoueur venu de Newark, dans l'État du Delaware (est des États-Unis).

Car pour marquer des points, une joueuse désignée doit réussir à dépasser en un laps de temps donné un groupe de filles tournant sur une piste et bien décidées à lui barrer le passage en la projetant au sol si besoin.

«C'est vraiment agréable de voir des filles sur des rollers se bousculer les unes les autres dans des tenues légères», assure de son côté Angela Wall, 36 ans.

«Elle s'est bien entraînée», se réjouit Marion Fluchere, 56 ans, venue de Newport (Pennsylvanie, est), à plus de 200 kilomètres de Washington, encourager sa fille de 26 ans surnommée «Velocity-Raptor» («rapace véloce»).

«Je ne l'ai pas vue aussi heureuse depuis des années», assure-t-elle. «Elle en profite comme jamais».

Pour ces joueuses un peu particulières, le Roller derby, qu'elles considèrent comme un sport à part entière, n'a plus rien à voir avec celui des années 1970 qui mettait en scène des bagarres entre filles et où il était permis de tirer les cheveux et de donner des coups de coudes.

Le Roller derby était au départ, dans les années 1930, une course d'endurance sur piste, ouverte aux femmes mais aussi aux hommes, qui se tenait parfois sur des distances de plus de 6.000 kilomètres, explique Joe Blenkle, un journaliste sportif de Sacramento (Californie, ouest).

Mais Leo Seltzer, à l'origine du sport, a vite compris que le public était plus intéressé par les bousculades et les bagarres entre participants désirant gagner à tout prix. Il décida alors d'introduire les coups.

Après une perte d'intérêt à la fin des années 1970 et dans les années 80, le Roller derby, sous sa forme moderne, est redevenu à la mode au début des années 2000 essentiellement en tant que sport féminin.

Aujourd'hui, 78 ligues féminines existent en Amérique du Nord et il y en aurait 300 autres non officielles dans le monde, surtout dans les pays anglophones.

«Le contact rend le sport très compétitif», assure Karen, 30 ans, une joueuse de Washington. «Tu te retrouves au sol plusieurs fois au cours d'une compétition», s'enthousiasme-t-elle.

«Le Roller derby est une combinaison parfaite entre le sport et la fierté d'être une femme», assure quant à elle Mandie Yanasak Worsley, une joueuse de 27 ans de Washington.

Et les studios de Hollywood se sont aussi intéressés à ce sport. La comédie «Whip it» réalisée par l'actrice Drew Barrymore raconte ainsi les aventures d'une adolescente texane qui, lassée des concours de beauté, décide de rejoindre une équipe féminine de... Roller derby.