«Michael Vick a écopé six mois de prison pour avoir organisé des combats de chiens, et nous, on accepte que des jeunes hockeyeurs de 16-17 ans se fassent tabasser par des adultes?»

Gilles Lupien n'a jamais eu peur de déranger pour faire avancer les choses ni de parler fort pour alerter l'opinion publique. Redresseur de torts à son époque comme joueur, du haut de ses 6'6 et 230 livres, il exerce maintenant avec succès le métier d'agent de joueurs et il est aussi père de famille. Pour lui, le récent rapport du comité de concertation chapeauté par le commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, Gilles Courteau, a été une belle occasion ratée de ramener les pendules à l'heure, soit de mettre un frein aux bagarres gratuites au hockey junior.

«C'est un coup d'épée dans l'eau, dit-il. La LHJMQ est avant tout une entreprise commerciale et les propriétaires veulent que leurs amphithéâtres soient remplis. Le moyen le plus facile d'y arriver, c'est de prôner et de vendre les bagarres. Prenez l'exemple de la série entre les Remparts de Québec et les Saguenéens de Chicoutimi. Tout le Québec savait que les deux équipes allaient se pogner. Qu'a-t-on fait pour prévenir ce dérapage? Poser la question, c'est y répondre.

Le rôle des entraîneurs

«Je sais comment ça se passe puisque je l'ai vécu comme joueur -j'étais l'un de ces bagarreurs applaudis et j'aimais cette popularité- et comme agent, ajoute Gilles Lupien. Que des hommes dans la Ligue senior se battent à tous les matchs, ça ne me dérange pas. Ce sont des adultes et ils sont majeurs. Mais qu'on (les entraîneurs) incite des jeunes de 16, 17 et 18 ans à se battre, ça me choque. Ce n'est pas ainsi qu'on va en faire des joueurs de hockey.»

Lupien a dû composer avec cette situation comme agent, puisque quelques-uns de ses clients se sont plaints de certaines directives de leurs entraîneurs. «Je sais comment ça se passe dans les vestiaires, affirme-t-il. Les entraîneurs exigent beaucoup d'agressivité de leurs joueurs. La ministre Michelle Courchesne devrait mettre son pied à terre et dire à la LHJMQ que la société n'accepte plus ce genre de comportement. Ne vous fiez pas aux recommandations du comité de concertation: 12 des 14 membres étaient de la LHJMQ.»

Sanctions plus sévères

Selon Lupien, il existe une seule façon de forcer les dirigeants d'équipe à modifier leur comportement, c'est de sévir davantage contre les fautifs. «Quand nous ne devions payer qu'une amende pour un excès de vitesse, ce n'était pas si grave. Mais quand on a ajouté les points d'inaptitude, il a fallu devenir plus prudents. Si on veut vraiment enrayer les bagarres, il n'existe qu'un moyen: puiser dans les poches des coupables. Les joueurs qui se battent devraient être automatiquement expulsés du match, l'entraîneur devrait écoper d'une amende importante et celle-ci devrait être encore plus substantielle pour les dirigeants d'équipe.

«S'ils veulent voir leurs joueurs repêchés en plus grand nombre, dit Lupien, les dirigeants devront veiller à ce que les entraîneurs enseignent le jeu et non qu'ils incitent leurs joueurs à plus d'agressivité sur la patinoire.»