Benoit Brunet prendra donc la relève d'Yvon Pedneault comme analyste des matchs du Canadien à RDS. Un grand défi et je souhaite qu'il le réalise pleinement. À l'intérieur de notre milieu sportif, le poste est prestigieux, exigeant, épié chaque fois par des centaines de milliers d'yeux, écouté par autant d'oreilles, et jugé.

Il ne fera pas l'unanimité. Personne ne la fait. Ni descripteur, ni analyste, ni commentateur, ni journaliste, ni animateur. Parfois en raison d'une opinion ou du style. Parfois pour une simple question d'atomes crochus.

Pedneault avait ses qualités et ses défauts, ses expressions typiques, qui pouvaient peut-être agacer certains auditeurs, un français très correct et une grande capacité de travail. Un getter comme on dit dans le milieu, importante qualité chez un journaliste, sa formation première.

Benoit Brunet? J'avoue, je ne sais pas. On verra.

Il lui faudra réunir les qualités du prédécesseur, les mêmes habitudes de travail, faire ses devoirs avant chaque match, et ensuite exprimer ses points de vue.

La qualité de son français a déjà été plus déficiente. Il y a eu légère amélioration de ce côté. On ne lui demande pas de devenir linguiste, de parler la bouche-en-cul-de-poule, mais de respecter la langue. En ce sens, qu'il ne se gêne pas pour consulter son partenaire Pierre Houde, comme Gilles Tremblay avec René Lecavalier.

C'est sur le fond que je risque d'avoir quelques idées différentes de celles de Benoit Brunet. Il est là pour exprimer ce qu'il pense et non ce que le voisin (ou moi) pense, mais je crains qu'il soit un jeune de la vieille école, qui rejette toute nouvelle idée.

Benoit Brunet n'aime pas la fusillade, la plus belle initiative de la LNH depuis des décennies et la plus appréciée des amateurs. Il est pour les bagarres, qui «font partie du hockey» (vraiment?), et de ceux qui suggèrent aux arbitres de «laisser les joueurs jouer», donc de ne pas pénaliser tout ce qui mérite de l'être. Les critiquait-il quand ils ne pénalisaient pas tout ce qui méritait de l'être?

Je l'ai parfois entendu, ô horreur, reprocher à un joueur d'avoir «tourné la tête» lorsque victime d'une violente mise en échec par derrière.

Il m'a particulièrement exaspéré quand il a autant tardé à reconnaître l'excellence d'Alex Kovalev, revenant sans cesse à la saison précédente. Ça ressemblait à de l'entêtement. Plutôt non, c'en était. Est-il de l'école anti-européenne?

De toute façon, quand on accepte pareil défi, c'est qu'on se sent prêt à le relever et vaut mieux l'être. Ce que je souhaite, en fait, au-delà de mon questionnement, c'est que Brunet dise vraiment ce qu'il pense, sans complaisance envers une équipe pour laquelle il a déjà joué et dont il devra maintenant analyser les performances. Mieux vaut se faire critiquer pour ses propres idées. Mieux vaut aussi se préparer à ne pas faire l'unanimité.

Quelque chose intrigue dans le remplacement d'Yvon Pedneault. «Nous passons à autre étape», m'a dit Domenic Vanelli, vice-président à la production. D'accord. En changeant une seule tête? Le duo Houde-Pedneault avait-il la même complicité, le même plaisir de travailler ensemble? Y avait-il une guerre d'ego dans le groupe de hockey? Ce premier changement en annonce-t-il d'autres? Des rumeurs circulent.

Bloc-notes

> La nouvelle émission d'après-match du Canadien à RDS fera en sorte que les Grands Chefs ne débattront plus.

> Bob Hartley succédera-t-il à Benoit Brunet en studio?

> En un mois, CBC a reçu les soumissions de 1200 compositeurs, chacun rêvant que sa musique devienne le prochain thème de Hockey Night in Canada et au premier prix de 100 000$. Ils sont de partout au pays, mais surtout de l'Ontario (647), de la Colombie-Britannique (187) et de l'Alberta (71). Trente sont du Québec.

> Le mécontentement persiste chez les détenteurs des droits-médias. Pékin leur impose des périodes où la place Tiananmen risque d'être déserte, interdit toujours les reportages en direct, et exige une permission des services de sécurité pour les topos pré-enregistrés.

> Un bravo à la SRC pour avoir, à quelques heures d'avis, décidé de présenter, hier, la finale de Stanford à laquelle participait Aleksandra Wozniak.