Carlos Sastre (CSC) a virtuellement remporté le Tour de France cycliste 2008 après avoir limité la casse, samedi, dans le contre-la-montre individuel de 53 kilomètres entre Cérilly et Saint-Amand-Montrond.

Dans cette 20e et avant-dernière étape remportée par l'Allemand Stefan Schumacher (Gerolsteiner), l'Espagnol vainqueur au sommet de l'Alpe d'Huez n'a concédé que 29 secondes à l'Australien Cadel Evans, considéré comme son plus grand rival dans cet exercice en solitaire. Sastre possédait le matin 94 secondes d'avance sur Evans.

«J'étais tranquille au départ. Je savais qu'il fallait se battre, que c'était l'occasion de ma vie», a déclaré Sastre, 33 ans, qui devrait devenir dimanche sur les Champs-Elysées, le troisième vainqueur espagnol consécutif sur la Grande Boucle.

Sauf accident lors de la 21e étape Etampes-Paris longue de 143 km, il devrait succéder à Alberto Contador. Oscar Pereiro a remporté l'édition 2006 sur tapis vert après le déclassement pour dopage de l'Américain Floyd Landis.

A la veille de l'arrivée, Sastre, 12e de cet ultime contre-la-montre, possède 1:05 minute d'avance sur Evans (Silence Lotto) au classement général et 1:20 sur l'Autrichien Bernhard Kohl (Gerolsteiner).

«Tout allait bien ce matin, a déclaré Evans. J'ai pris un bon départ, j'étais dans le temps de Fabian (Cancellara) au premier intermédiaire, ce qui était une bonne indication. Mais il y a des gars qui ont pédalé très vite de façon surprenante. J'avais des indications sur d'autres et je me suis dit 'qu'est-ce qui se passe?'»

Déjà vainqueur du premier chrono individuel à Cholet en début de Tour, Schumacher a récidivé en avalant les 53 km en une heure trois minutes et 50 secondes. Il a devancé de 21 secondes le champion du monde du contre-la-montre, le Suisse Fabian Cancellara, alors que la troisième place de l'étape est revenue au Luxembourgeois Kim Kirchen.

Cadel Evans a signé le septième temps à 2:05 minutes de Schumacher, Sastre le 12e à 2:34 minutes.

«Je suis résistant comme coureur et au fil des jours je me suis amélioré. J'ai une bonne capacité de récupération et je suis toujours en bonne forme lors de la troisième semaine», a déclaré Sastre, troisième du Tour de France 2006. Il a fait un signe de croix au départ et à l'arrivée de ce contre-la-montre décisif pour la victoire finale.

Bjarne Riis, le patron de la CSC, a rendu hommage à l'Espagnol, pas catalogué parmi les grands rouleurs.

«Il a toujours été régulier. Il s'est aligné sur le temps de Fabian (Cancellara, lui aussi de la CSC). Dans les derniers 15 kilomètres, il a roulé aussi vite que Fabian», a-t-il dit.

«On avait tout pour gagner cette année, a repris Riis. On a animé le Tour depuis la première semaine, on a été fort en montagne et la tactique a été la bonne : toujours essayer et y croire.»

Frank Schleck, porteur du maillot jaune à Prato Nevoso et Jausiers, lors des deux premières étapes alpestres, a ensuite passé les commandes à Sastre à l'Alpe d'Huez, pour se parer lui du maillot blanc de meilleur jeune.

«C'est un travail de toute l'équipe. Les Schleck ont même sacrifié leurs propres objectifs, ils m'ont apporté une grande aide morale», a déclaré Sastre qui a fait ses débuts à la ONCE en 1997 avant de passer chez CSC en 2001.

La déception était forte dans le camp Cadel Evans.

«Cadel n'avait pas les jambes aujourd'hui, a déclaré Marc Sergeant, le directeur sportif de la Silence Lotto. On était confiant mais on s'attendait à mieux. On s'attendait à une bataille serrée, ce n'a jamais été le cas. La CSC a une équipe très forte.»