Après la publication d’un dossier sur la lutte contre les changements climatiques, vous avez été nombreux à souhaiter lire et échanger des trucs concrets pour limiter les émissions de gaz à effet de serre de votre ménage. Chaque dimanche, nous vous en présentons un qui sera ensuite analysé par le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG).

Aujourd’hui, un truc de notre lectrice Suzanne Michaud, de Québec, sous la loupe d’Elliot Muller, analyste au CIRAIG.

Le truc de Suzanne Michaud

Quand ses enfants étaient petits, Suzanne Michaud a pris l’habitude de magasiner dans les friperies… et elle y va encore aujourd’hui ! Les objets dont elle n’a plus besoin, elle les donne au suivant sur des pages Facebook comme les Buy Nothing. Et une tradition familiale veut qu’à Noël, les cadeaux échangés doivent être faits à la main ou usagés. « On ne la changerait pas, car tout le monde se force vraiment pour que ce soit un wow chaque année », dit-elle.

Les commentaires d’Elliot Muller

« Même si les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à notre consommation d’objets ont beaucoup moins d’impact que celles liées à notre transport, à notre alimentation ou encore à notre chauffage, elles ne sont pas pour autant nulles », indique d’emblée Elliot Muller.

Acheter de seconde main permet de diviser (en autant de propriétaires) l’impact lié à la production de l’objet. Et cette part attribuable à la production varie d’un objet à l’autre.

« Pour les objets qui, au cours de leur utilisation, nécessitent très peu d’entretien ou de ressources annexes, comme les meubles ou la décoration, c’est la phase de production qui représente la quasi-totalité de l’impact, indique Elliot Muller. Acheter ces objets de seconde main prend alors toute son importance. »

L’utilisation d’autres objets implique de l’électricité, des recharges ou encore un lavage fréquent. En conséquence, une partie (très variable) de l’empreinte carbone de ces objets est liée à leur utilisation.

Elliot Muller nous donne quelques exemples, qui s’appliquent au Québec. Pour un téléviseur, la portion liée à l’électricité est minime : 95 % des émissions de GES sont dues à sa production. Pour un réfrigérateur, c’est le tiers des émissions qui sont dues à l’utilisation de l’électricité. Et pour un t-shirt, les émissions se répartissent à peu près également entre la production et l’utilisation (lavage et séchage), dit-il.

« Au Québec, notre mix électrique est peu carboné en raison de l’hydroélectricité : cela explique la prépondérance de la phase de production sur la phase d’utilisation, explique l’analyste. Réduire notre consommation d’objets neufs est donc d’autant plus pertinent. »

Enfin, Elliot Muller rappelle que plus on utilise un objet longtemps, moins il sera nécessaire d’en produire un nouveau. « Ainsi, utiliser un objet le plus longtemps possible, et le donner plutôt que de le jeter ou de l’oublier dans un placard, va permettre de réduire l’empreinte globale de la société », conclut-il.