Il aurait été plus facile de raser l'ancienne station d'électrification de la Shawinigan Water and Power Company, construite en 1903, à l'ouest du boulevard Pie-IX et au nord de la rue Ontario, dans Hochelaga-Maisonneuve. Mais grâce à l'ingéniosité et à l'audace de tous les partenaires impliqués, l'ancien immeuble industriel change de vocation pour devenir la Coopérative d'habitation Station No 1. Les travaux sont réalisés de façon à obtenir les certifications LEED or et Novoclimat.

Le Groupe de ressources techniques Bâtir son quartier, l'entreprise de construction Darcon et l'agence d'architectes AEdifica se sont creusés les méninges pour sauvegarder la structure de l'édifice et en tirer profit, à l'intérieur d'un cadre budgétaire extrêmement serré. Tous sont particulièrement fiers de l'énorme défi technique en train d'être relevé.

 

«On peut faire du millage avec des bâtiments patrimoniaux, croit Yann Omer-Kassin, chargé de projets chez Bâtir son quartier. Nous avons fait le pari de recycler celui-ci à des fins communautaires en intégrant des mesures environnementales. L'immeuble a un look superbe et son insertion dans son milieu est magnifique. C'est un de nos projets phares.»

En tout, 74 unités seront aménagées dans le bâtiment central et dans les deux ailes ajoutées de chaque côté. «Il fallait avoir un certain nombre d'unités afin de rentabiliser l'ensemble, explique l'architecte Guy Favreau, vice-président, architecture et développement durable, chez AEdifica. Nous avons cherché à maximiser la récupération de la structure existante, où prennent place les deux tiers des appartements. Un sacré défi!»

L'équipe a fait preuve d'astuce: le rez-de-chaussée étant très élevé, le sol a été excavé. Les plus grandes unités sont donc aménagées sur deux niveaux, au rez-de-chaussée et au rez-de-jardin. De multiples ouvertures ont par ailleurs été pratiquées dans les épais murs de brique et les fondations de pierre et moellon pour créer les portes, les fenêtres et les portes-fenêtres. Les entrées donneront sur la cour intérieure ou, aux deux étages supérieurs, sur des coursives surplombant la cour. «Un grand sentiment de communauté devrait ainsi être créé», prédit M. Favreau.

La porte cochère, avenue d'Orléans, est recréée pour donner un accès piétonnier à la cour, qui servira partiellement de stationnement.

De partout, il est impossible de distinguer les nouvelles sections de part et d'autre de l'immeuble original. Et pour cause: 92 000 briques ont patiemment été mises de côté lorsque les ouvertures ont été percées, afin d'être réutilisées. «Aucune brique neuve ne sera posée», affirme fièrement François Brouillette, surintendant du chantier, pour la firme Darcon.

Parmi les autres mesures vertes appliquées, notons l'augmentation de la performance énergétique de l'édifice, la réduction de la consommation d'eau, la diminution des îlots de chaleur (en plantant notamment des arbres dans la cour intérieure) et l'utilisation de matériaux contenant des matières recyclées.

La transformation de l'immeuble patrimonial se fait parallèlement à la construction du projet Place Jeanne d'Arc, de Samcon, qui comptera en tout environ 200 unités. Ensemble, ils contribuent à revitaliser l'ancien quadrilatère industriel. La coopérative Station No 1, précisons-le, est construite grâce à la Stratégie d'inclusion de logements abordables de la Ville de Montréal, dans le cadre du programme AccèsLogis de la Société d'habitation du Québec.

Les appartements seront destinés principalement à des familles et des couples. Une dizaine de logements seront aménagés pour accueillir des personnes à mobilité réduite. Aussi y aura-t-il un ascenseur.