Du monde de la publicité à celui du rembourrage artisanal, le saut peut paraître atypique. C'est pourtant le défi professionnel qu'a relevé avec brio une mère de trois enfants de Montréal.

«Une cliente a dit de mon travail qu'il faisait de moi un marchand de bonheur. Quel baume pour le coeur!», raconte Caroline de Léry, dont le parcours atypique aboutit à la création de May rembourrage et May boutique.

Après un baccalauréat en communication et plusieurs expériences dans ce domaine, la jeune femme pétillante a rencontré son amoureux, mis au monde trois enfants en quatre ans et acheté un vieux duplex à rénover entièrement. 

Le rythme effréné du monde de la publicité ne lui convenait plus vraiment, et l'idée de changer de carrière lui est venue en constatant l'état de son mobilier après quelques années. «Les meubles bon marché qu'on avait achetés étaient affaissés, décolorés, tandis que les plus anciens que j'avais notamment récupérés chez mes grands-parents puis restaurés pour leur donner une nouvelle vie étaient toujours aussi beaux», explique-t-elle. 

Ces trésors d'une autre époque ont pour elle une valeur inestimable: ils sont chargés de souvenirs touchants. Cette émotion, elle a voulu la faire partager. C'est donc pour offrir aux autres la possibilité de conserver et de mettre en valeur leur patrimoine familial que Caroline est retournée aux études à temps plein en rembourrage artisanal à l'École des métiers du meuble de Montréal.



Savoir-faire et touche design

Diplômée de ce métier majoritairement masculin, Caroline a remporté le premier prix de Chapeau les filles ! et décidé de fonder son entreprise sous le nom de May, ce si joli mois où le printemps renaît, où sa fille a vu le jour et où l'on a envie de faire un grand ménage, de changer sa déco... et de faire rembourrer ses sièges! Aussi, comme elle adore les meubles anciens, orthographie-t-elle May en vieux français, avec un «y». 

Avec elle, le plus désuet des fauteuils retrouve ses lettres de noblesse et devient l'élément phare d'une pièce. Sa formation lui a permis d'analyser le niveau de réfection dont le siège a besoin, d'utiliser les bons matériaux et d'acquérir parfaitement la technique, mais ce qui lui permet de se démarquer, c'est son côté designer. «Je me distingue par les tissus. Si les gens souhaitent rembourrer leur meuble, c'est qu'ils veulent un nouveau look. Je vais donc chercher des étoffes que l'on ne voit pas ailleurs, de très bonne qualité et aux motifs exceptionnels.»

L'ancien revisité

La créatrice guide le choix de chaque client en fonction de sa décoration intérieure, de son style de vie, de ses goûts et de son budget, aboutissant toujours à des réalisations uniques et pérennes: «C'est très flexible. On peut mettre un motif au dossier, de l'uni sur l'assise, ajouter des boutons.»

Elle a l'art et la manière d'imaginer des sièges et des coussins qui s'impriment parfaitement dans notre époque, mais en s'inspirant d'éléments d'autrefois. Par exemple, elle marie des couvertures aux imprimés amérindiens ou à carreaux en pure laine à du cuir épais pour un concept trappeur ou elle modernise une chaise Louis XV grâce à un tissu plus actuel.

C'est ainsi que, de son petit atelier installé au fond de sa cour, Caroline de Léry contribue à perpétuer un artisanat ancestral en embellissant le quotidien des autres.

boutiquemay.com

Photo fournie par May boutique

La créatrice guide le choix de chaque client en fonction de sa décoration intérieure, de son style de vie, de ses goûts et de son budget.