Barda: ce mot désigne le paquetage des soldats. C'est aussi le nom d'un nouveau site web axé sur les métiers d'art et les créations haut de gamme. «Lancer une entreprise, c'est comme partir à la guerre», explique sa présidente, Catherine Vayssier.

Parisienne d'origine et Québécoise d'adoption, elle veut redonner ses lettres de noblesse au savoir-faire des artisans. Elle propose donc une vitrine à de nombreuses créations, «si belles qu'elles méritent d'être exposées à Milan», soutient-elle. Et elle offre aux artisans une mise en marché qui accorde «une juste valeur» à leurs produits, tout en valorisant «l'humain au coeur du processus créatif».

En achetant un meuble sur le site barda.ca, le client achète aussi une émotion, expose Catherine Vayssier. Car il sait de quels matériaux il est constitué, qui l'a fabriqué, dans quel atelier, en vertu de quelle philosophie. Elle parle de «traçabilité». «C'est comme acheter ses fraises au marché plutôt que dans un IGA», illustre-t-elle. Elle souhaite que les gens en arrivent à investir dans le mobilier comme ils le feraient dans une oeuvre d'art.

Manu Lerendu, un jeune ébéniste français établi à Québec depuis quelques années, fait partie de la poignée d'artisans que Mme Vayssier a pris sous son aile. Il a confectionné, entre autres, une console basse en merisier massif qu'il a baptisée Buffet Litteratus. Sur le dessus et sur les portes, sont gravées au laser des phrases tirées du roman d'Aldous Huxley, Le meilleur des mondes. Son Buffet Agitato portait quant à lui des inscriptions rappelant des molécules chimiques. Des pièces de «mobilier d'art» qui sont le fruit d'une collaboration avec la designer graphique Marion Leclerc.

Jean-Luc Mare fabrique des lampes d'inspiration japonaise avec du papier d'imprimerie, «merveilleuse matière au modelage presque infini». Sous ses mains, le papier devient sculpture et véhicule pour la lumière.

Le Slow Made

Les objets luxueux représentés par Barda sont offerts en petites séries. Ils répondent aux critères du mouvement français Slow Made qui préconise la notion d'un travail de qualité, fait «en prenant tout le temps nécessaire». Barda, c'est «comme un service haute couture pour l'aménagement intérieur».

En France, les entreprises Chanel et Hermès, notamment, participent à l'éclosion de cette philosophie, affirme Mme Vayssier. «Elles reviennent au savoir-faire ancestral, au fait main, dit-elle. Elles ont réinvesti dans leurs écoles et réinventé un marketing autour de la fabrication de leurs produits.»

Pour se démarquer de la Chine, les artisans doivent transmettre leur savoir-faire. Pour survivre, ils doivent innover. La présidente de Barda s'est donné comme mission de les soutenir, de leur donner de la visibilité et de leur ouvrir de nouveaux marchés.

Son site deviendra bientôt transactionnel. Mais d'ici là, les consommateurs n'ont qu'à communiquer avec elle, ses coordonnées y sont bien visibles. Son catalogue web s'adresse aussi aux architectes, aux designers et aux boutiques du Québec, du Canada et des États-Unis. Elle souhaite qu'un jour des magasins lui réservent un «espace Barda».

Avec six autres entreprises du Québec regroupées au sein du collectif QC Design, elle participe ce week-end au salon WantedDesign, à New York, où elle présente quelques-uns de ses artisans, ainsi que la philosophie Slow Made dont elle est l'ambassadrice en Amérique du Nord.