Le Centre de design de l'UQAM présente jusqu'au 12 avril l'exposition 24 heures dans la vie d'un coucou suisse. On peut y voir 24 interprétations modernes de cette horloge mythique, réalisées par des finissants de la Haute École d'art et de design de Genève et par des designers de réputation internationale. À l'occasion de la Nuit blanche, l'expo est ouverte jusqu'à 3h cette nuit. Objet de collection pour les uns, summum du kitsch pour les autres, zoom sur le coucou, cet inconnu.

Coucou, d'où viens-tu?



La controverse fait rage (qui l'eût cru?) au sujet des origines exactes de cette icône de la culture germanique. L'hypothèse la plus courante (et la moins crédible) veut qu'un certain Franz Ketterer, horloger de Schoenwald, dans la région de la Forêt-Noire, ait fabriqué le premier coucou en 1737.

En fait, selon le très sérieux Musée de l'horlogerie allemande de Furtwangen (et contrairement à la croyance populaire), le coucou n'est pas né en Forêt-Noire, ni en Suisse d'ailleurs: «On fabriquait déjà des horloges en bois dans toute l'Europe centrale depuis le XVIe siècle. Mais c'est en introduisant la division du travail et le recours à quelques machines simples que les horlogers de la Forêt-Noire prirent la tête de cette production à partir du milieu du XVIIIe siècle.»

Trois archétypes

On distingue trois grands modèles de coucou: celui dit «chasseur», orné de feuilles de vigne, d'animaux et d'autres joliesses plus ou moins tarabiscotées, surmonté d'un oiseau ou d'une tête de cerf; le modèle «chalet», avec balcon sculpté, volets, fleurs, cheminée et petits personnages animés; et le modèle «guérite de garde-barrière», créé vers 1850 par l'architecte Friedrich Eisenlohr à l'occasion d'un concours lancé par l'École d'horlogerie de Furtwangen. Évidemment, ces archétypes ont subi toutes sortes de mutations, au gré de la créativité des horlogers, comme ce chalet devenu biergarten, création de Schneider.

Oiseaux rares

La porte du coucou, lorsqu'elle est unique, s'ouvre (presque) toujours vers la droite, et l'oiseau décoratif qui surmonte le modèle «chasseur» est aussi (presque) toujours tourné vers la droite. Tout ce qui déroge à ces règles est une rareté qui fait l'objet de la convoitise de collectionneurs passionnés. C'est aussi le cas des coucous anciens comme celui-ci, qui serait l'un des premiers à avoir été fabriqués en Forêt-Noire et dont il ne resterait plus que quatre exemplaires.

Le coucou moderne

Les designers s'en donnent à coeur joie dans la réinterprétation de cet objet intemporel. Ainsi Adam et Ève, dont la réaction diffère quelque peu quand sonne l'heure (design d'Alberto Brogliano et Federico Traverso), et la Bird Cage Clock, adorable coucou en cage créé par Dorothée Loustalot pour l'exposition 24 heures dans la vie d'un coucou suisse. 

18 000$

C'est la somme pour laquelle s'est envolé un coucou du XIXe siècle chez Sotheby's, en 2006. Mais on peut s'en procurer un très joli pour une vingtaine de dollars sur eBay.

60 fois

Le soi-disant plus grand coucou au monde, soi-disant homologué par le Livre des records Guinness en 1997, a été construit d'après un modèle ancien, dont il fait 60 fois la taille. Il se trouve à Triberg, en Allemagne. Vérifications faites auprès de Guinness, il existe bien des normes pour qu'un coucou soit homologué le plus grand au monde, mais aucun candidat ne s'est qualifié jusqu'ici. D'autres constructions prétendent au titre dans la même région. 

70

C'est le nombre de modèles de coucous (tous fabriqués en Allemagne) actuellement en vente à La Pendulerie, rue Crescent, à Montréal. On y trouve aussi du chocolat (suisse!), des montres, des horloges «ordinaires» (façon de parler) et... un comptoir où on prépare des sandwichs, à emporter ou à manger sur place.

2080, rue Crescent, 514 499-0626 lapendulerie.ca

24 heures dans la vie d'un coucou suisse, jusqu'au 12 avril au Centre de design de l'UQAM.

Entrée libre.

1440, rue Sanguinet, Montréal, 514 987-3395

centrededesign.uqam.ca

Photo tirée de blackforrestclocks.org

Photo fournie par le Centre de design de l'UQAM