Né aux États-Unis, le mouvement de la courtepointe connaît un nouvel élan ici, avec l'arrivée d'une nouvelle génération de «courtepointières». Tour d'horizon.

Elles s'adonnaient déjà aux travaux de couture pour le plaisir, mais cherchaient à confectionner quelque chose d'à la fois pratique et unique. Pour léguer en héritage, offrir à la famille et aux amis, puis pour assouvir un besoin de réalisation de soi, parce que la carrière a été mise en veilleuse au profit de l'éducation des enfants.

Employant les techniques de mosaïque et de broderie, la courtepointe, couverture en coton doublée et rembourrée, semble alors répondre à toutes les exigences, ou presque. Car aimer le fil et l'aiguille et faire preuve de patience et de grande précision ne suffisent pas aux nouvelles adeptes.

«J'explore mon côté créatif. Ma partie préférée est la planification des schémas. Élaborer un patron peut me prendre trois mois!», explique Josée Carrier, qui s'est intéressée à cet univers il y a six ans sans jamais avoir touché à la courtepointe traditionnelle.

Courtepointe libérée 

«C'est aussi une forme d'expression», ajoute Cinzia Allocca, présidente de la Guilde de courtepointe moderne de Montréal, fondée en 2011 avec Josée Carrier. Si la vocation utilitaire et les techniques de couture restent inchangées, les plus jeunes et les plus rebelles se distinguent par l'utilisation de tissus aux couleurs unies, de blocs aux tons vifs et aux motifs inspirés de la mode et de la déco, ou encore par des agencements audacieux.

On se laisse également influencer par les styles originaux des créatrices textiles et des courtepointières américaines «stars», comme Denyse Schmidt, Anna Maria Horner et Carolyn Friedlander.

«Au lieu de répéter ce qui a été fait, on réinterprète les patrons, on les change, on les simplifie. Les modernes ont aussi beaucoup embrassé l'improvisation», explique Cinzia Allocca, dont l'approche intuitive l'amène à composer ses oeuvres directement sur une toile murale et à l'occasion, à couper les tissus sans employer de règle.

«Dans mon cas, j'essaie de donner des effets de mouvement de lumière et de profondeur à mes patrons. La courtepointe traditionnelle est statique, c'est une répétition d'un même bloc l'un à la suite de l'autre. Les modernes sont plus dynamiques et proposent des angles asymétriques, ou pas. Il y a plusieurs façons d'être moderne, on est en constante évolution», croit Tamara Serrao, Montréalaise d'adoption et designer pour Michael Miller Fabrics. L'artiste torontoise Elizabeth Elliott s'inspire quant à elle du graffiti sur le plan esthétique, et élabore ses schémas de manière aléatoire à l'aide d'un logiciel destiné aux designers.

Communauté connectée 

Chose certaine, la communauté est très dynamique, et connectée. Tamara, Josée et Cinzia alimentent des blogues (en anglais puisque c'est surtout aux États-Unis que les modernes sont les plus actives), créent des tutoriels, voient leurs oeuvres exposées et faire l'objet de publications. «Les médias sociaux ont facilité les échanges et amélioré l'organisation», remarque Suzanne Paquette, propriétaire d'Atelier Six, une petite entreprise qui revisite les courtepointes commémoratives.

Grâce aux forums et aux comptes Facebook, les guildes lancent des défis et des concours, préparent des journées de couture et des ateliers avec des professeures invitées, permettant aux membres de socialiser, d'apprendre de nouvelles techniques et de s'inspirer du travail des autres. «On est très présentes sur Instagram», observe Catherine Cherrier, courtepointière chargée des relations publiques chez Courtepointe Québec Quilt.

D'ailleurs, parmi les sujets qui ont monopolisé les réseaux sociaux dernièrement, on retrouvait le QuiltCon, un colloque international voué à la courtepointe moderne qui s'est déroulé à la mi-février au Texas. À sa deuxième année, l'événement mis sur pied par la Modern Quilt Guild est bien connu ici. Suzanne Paquette y a participé et Cinzia Allocca y a exposé l'une de ses oeuvres.

La Guilde de courtepointe moderne de Montréal

Fondée par Cinzia Allocca et Josée Carrier en 2011, cette guilde est la seule branche québécoise de la Modern Quilt Guild, apparue deux ans plutôt à Los Angeles et qui réunit aujourd'hui plus d'une centaine de guildes de partout aux États-Unis, mais aussi d'ailleurs au Canada, de l'Australie et de l'Angleterre. Les réunions? Contrairement à celles d'autres guildes, elles ont lieu en soirée. 

http://montrealmodernquiltguild.webs.com/about-us

Courtepointe Québec Quilts

L'association provinciale présente un salon tous les deux ans afin d'exposer les oeuvres des courtepointières québécoises. L'organisation offre aussi un service d'enregistrement de courtepointes. «Le répertoire est en ligne et jusqu'à maintenant, on compte 4400 entrées», dit Catherine Cherrier.

http://cqq.ca/accueil/