Simon Johns, 35 ans, figure parmi les secrets bien gardés du milieu du mobilier. «J'ai acquis une clientèle grâce au bouche-à-oreille», admet le designer. Sa première collection de meubles et d'accessoires est présentée sous forme d'exposition pop-up (ou éphémère) à la galerie C.O.A, à Montréal, jusqu'à demain.

Ce lancement coïncide avec un tournant dans la carrière du designer. Une occasion d'affirmer sa démarche créative. «Quand on fabrique du mobilier sur mesure, on doit s'adapter et, bien sûr, respecter les contraintes et les goûts des clients», explique celui qui a, notamment, conçu du mobilier pour le resto Accords et pour le très coté Alexandraplatz, un bar ouvert pendant la belle saison dans le Mile-Ex, à Montréal.

Sans vouloir abandonner la confection sur mesure, Simon Johns désire explorer l'univers du «prêt-à-meubler». «J'avais envie d'une collection plus personnelle, produite en petite série, me permettant ainsi d'offrir plusieurs exemplaires d'une même pièce», affirme-t-il.

Entre finesse et robustesse

La nouvelle collection comporte des équerres en acier peint, une crédence aux lignes nettes, qui est offerte en trois essences de bois, et une suspension déclinée en deux longueurs.

Leur dénominateur commun? La recherche d'un savant équilibre entre la finesse du dessin et l'envergure de l'objet. «C'est mon principal objectif», confie Simon Johns.

D'abord, quatre différentes équerres (collection Protéiforme) sont proposées. Elles offrent 18 possibilités de configuration géométrique et leur fonction consiste à supporter des étagères murales. «Les équerres forment une structure robuste tout en étant visuellement assez délicates», note-t-il. Autre avantage: on les dispose soigneusement afin de produire une composition graphique.

Même dualité pour la crédence Ambush. «Dans ce cas, j'ai tenté de trouver un équilibre entre la finesse de la forme et son apparence imposante», indique le concepteur, titulaire d'un bac en arts visuels de l'Université Concordia et qui compte, parmi ses sources d'inspiration, la griffe canadienne Castor Design. «Ambush plaira aux amateurs de vinyles, enchaîne-t-il, car elle a été dessinée pour les contenir en position debout.» Pour ce qui est de son nom, il évoque celui d'un groupe hardcore-punk, fait remarquer le designer, qui a lui-même joué de la guitare au sein de deux groupes de la scène post-punk montréalaise.

Quant à la suspension Crystalline, elle possède une forte personnalité. À l'instar des équerres, elle présente une silhouette très géométrique. «Elle est composée d'un triangle, répété de manière stratégique», dit-il.

En direct de Bolton-Est

Natif de North Hatley, Simon Johns a vécu 10 ans à Montréal. «Mon atelier était dans le Mile End et j'y fabriquais, entre autres, des décors pour des vidéoclips. Au gré des demandes, j'ai commencé à réaliser du mobilier, jusqu'au jour où j'ai décroché le contrat d'aménagement de la salle d'exposition de Woolrich, à Montréal, ce qui a lancé ma carrière, en 2011», raconte-t-il.

Entre-temps, il s'établit sur une terre de sept acres, à Bolton-Est, en Estrie. Depuis six ans, il y vit avec sa petite famille et y travaille dans son atelier. D'abord connu pour son habileté à rehausser la beauté (imparfaite) du bois de grange et du bois récupéré, ainsi que celle à créer un fini à effet carbonisé, Simon Johns exploite dorénavant d'autres essences et techniques de finition. «Outre le bois de grange, je propose aussi du cerisier local et du merisier oxydé, grâce à une solution acide, ce qui lui donne une teinte plus foncée... et imprévisible, sans devoir utiliser de teinture», détaille le designer, qui insiste: «Qu'il soit recyclé ou neuf, le bois que je choisis est toujours travaillé, plané, sablé, peaufiné...»

Info: www.simonjohns.com

PHOTO MARIE-CLAUDE LABRECQUE, FOURNIE PAR SIMON JOHNS

Simon Johns