Du 27 au 30 janvier, les designers québécois émergents se bousculaient au 13e salon du design d'intérieur IDS (Interior Design Show), à Toronto. D'habitude peu nombreux, plusieurs ont décidé d'y présenter leurs créations cette fois. Pourquoi?

Ces dernières années, les designers québécois de la relève se faisaient plutôt rares au salon torontois IDS (Interior Design Show). Par exemple, l'an passé, Jacques Desbiens, designer pour ÔM, n'a rencontré qu'un seul autre exposant québécois au sein de Studio North, un espace voué aux concepteurs canadiens émergents.

Surprise! Jacques Desbiens était «bien» entouré dernièrement. En effet, plusieurs designers d'ici ont, cette année, présenté leurs nouveautés au sein de l'espace Studio North. J'y ai d'ailleurs rencontré les concepteurs des marques Couper Croiser, TOMA Objets, Loyal Luxe, TRASHbonbon, Vinox Concept, ainsi que Pascale Girardin et Alain Bélanger. Quant à Thien et My Ta Trung, ils ont brillé tout au long de la manifestation torontoise.

«On attaque Toronto!» avoue, sourire en coin, My Ta Trung qui, avec son frère, s'apprête à ouvrir une boutique, rue Jarvis, dès le mois de mars.

Les deux designers montréalais ont non seulement participé à titre d'exposants (pour leur marque Domison) au salon IDS, mais ils ont été invités à participer à Sibling Revelry. Cette activité vedette de la foire réunissait quatre équipes composées de soeurs et/ou de frères designers et chaque duo devait transformer un espace de 600 pieds carrés.

En prime, ils ont créé un luminaire en forme de coeur «humain» pour l'exposition consacrée à la relève canadienne MADE at Home. Ils ont aussi pris part à une autre manifestation parallèle qui vient de s'ajouter à la programmation du festival TIDF: Do West Design. Cette initiative a permis à certains concepteurs et artistes d'«exposer» leurs créations au sein de divers commerces de la rue Dundas West. Il était d'ailleurs possible d'admirer la table d'appoint en acier découpé au laser Iceberg de My et Thien Ta Trung pour Periphere dans la vitrine d'une agence d'architecture, située dans cette rue.

Photo: Mario Hébert

Table en béton orné des graffitis de l'artiste Astro, signée TRASHbonbon.

Toronto, plaque tournante?

«Cette année, nous avons réellement tenté de rassembler des designers provenant de tous les coins du pays, insiste Shauna Levy, cofondatrice et directrice du salon IDS. À preuve, ajoute-t-elle, les designers rassemblés dans l'espace Studio North représentent presque toutes les provinces, de l'Île-du-Prince-Édouard à la Colombie-Britannique.»

Convaincue, elle enchaîne: «Je parcours les grandes foires du design dans le monde et, chaque fois, je positionne le salon IDS et même la ville de Toronto comme étant la destination design au Canada. Notre économie est demeurée vigoureuse et les opportunités sont multiples. Il n'y a qu'à observer les nombreuses tours à condos en construction et les nouveaux hôtels qui ouvrent leurs portes pour s'en convaincre», fait-elle remarquer.

Le succès passe donc par la Ville reine?

«Il est impossible de survivre avec le seul marché montréalais, souligne Jean-François Rousseau, designer associé pour la marque de tapis Couper Croiser, fondée en 2007. Quiconque désire prendre de l'expansion doit faire connaître sa marque à Toronto. Les retombées d'un salon comme IDS ne sont pas immédiates, mais s'y faire voir est important. Ensuite, nous nous attaquerons à Vancouver», révèle-t-il.

Marie-Pier Guilmain, cofondatrice de Loyal Luxe, une griffe d'accessoires pour animaux, en était, elle aussi, à sa première participation au IDS. Prochaine étape? «Nous mettons le cap sur New York, plus précisément à son salon du cadeau», avoue-t-elle.

Anne Thomas, de TOMA Objets, participait également pour la première fois au salon IDS. Son avis? «Toronto constitue une sorte de hub ou de plate-forme du design au Canada. C'est une question de volume... Les visiteurs sont nombreux et ils proviennent de partout. C'est une suite logique au salon du design de Montréal (SIDIM). Sans compter qu'il importe que l'image du design québécois franchisse les frontières», affirme la designer.

Enfin, Julie St-Laurent, fondatrice de TRASHbonbon, une jeune marque de meubles et d'accessoires en béton, a choisi de dévoiler ses nouveautés à Toronto afin d'y faire ses preuves et ensuite mieux revenir au bercail...

«J'avais le goût de venir à Toronto afin de mieux revenir au Québec! Bientôt, je compte même me rendre au salon du design de New York», confie celle qui, maintenant, possède un premier point de vente à Toronto.

Photo fournie par Domison

Console Barbara conçue par My et Thien Ta Trung pour Domison.