Luminaires, lampes, ampoules font bien plus que nous éclairer. Ils illuminent et mettent en scène notre vie. Conseils de spécialistes et tendances pour ces éléments phares de la maison.

Effets de lumière

Choisir les luminaires adaptés à son intérieur et dompter la lumière est un exercice parfois périlleux. Des professionnels vous aident à y voir plus clair grâce à des conseils pour les différentes pièces de la maison.

Injustement relégué à l'arrière-plan lors d'un aménagement, l'éclairage mérite pourtant la plus grande attention, surtout au Québec, où les hivers sont longs. «La question de l'éclairage intervient dès le début d'un projet, car il vient révéler le décor», pointe Marc Bherer, designer principal chez Desjardins Bherer. «Les gens pensent souvent à l'éclairage en termes décoratifs, mais ce n'est pas comme ça qu'il devrait être abordé», souligne François Roupinian, directeur du design chez Lightemotion, qui favorise une approche sensorielle de celui-ci. Le jeune bureau d'architecture montréalais Atelier Barda envisage, lui, carrément les choses sous un angle cinématographique. «Nous jouons beaucoup sur l'aspect théâtral des lieux», confie la cofondatrice, Cécile Combelle, qui a conçu un appartement pour une marque de mode dans le Mile End.

Le vestibule

Si, comme pour l'essentiel de la maison, l'éclairage encastré avec gradateur est populaire au Québec, le vestibule peut également accueillir un luminaire discret ou, au contraire, au style prononcé. «Un plafonnier ou une suspension ajoute une touche de chaleur à l'entrée», estime Andrée Naimer, vice-présidente de Montréal Luminaire & Quincaillerie. «Si l'entrée est sur deux niveaux, on peut se permettre un lustre spectaculaire pour habiller l'espace», complète Marc Bherer. Une applique ou une petite lampe de table posée à côté d'un plateau vide-poches sur une commode ou une console crée une niche lumineuse rassurante le soir venu.

La salle à manger

Ce sont le lieu, le mobilier et, bien sûr, vos goûts en matière de décoration qui doivent guider le choix de l'éclairage de la salle à manger. Marc Bherer n'hésite pas à jouer avec les époques pour obtenir un décalage intéressant. Il a ainsi proposé un lustre en cristal Swarovski et laiton Metropolitan de Lobmeyr pour un loft dans une tour du centre-ville. «Le jour, la vue sur les alentours est extraordinaire, je ne voulais pas d'un luminaire qui serait venu obstruer celle-ci. En revanche, je voulais créer une ambiance le soir grâce à la présence de cristaux dans le luminaire», explique-t-il. Une suspension au-dessus de la table, fonctionnant avec un gradateur, permet un éclairage optimal pour les repas, mais aussi pour les devoirs ou le travail en soirée. Une lampe sur un buffet ou une bibliothèque basse vient ajouter une touche décorative tout en illuminant un tableau ou une photo au mur.

Le salon

Le plafonnier est à éviter pour le salon sous peine d'obtenir une lumière blafarde peu propice à l'ambiance feutrée souhaitée en soirée. «J'aime les éclairages à différents niveaux», confie François Roupinian. Éclairage encastré, lampe murale à bras pivotant, lampadaire ou boule lumineuse au sol, il voit les sources de lumière comme des pinceaux qui éclairent l'espace. Si vous aimez les lampes, dispersez-en à côté du canapé, sur une cheminée ou un rebord de fenêtre comme le font les Scandinaves. En complément d'un éclairage encastré, Atelier Barda a eu l'idée de poser des globes opalins sur pied de laiton Flos de part et d'autre d'un banc en marbre de sa gamme de mobilier Foraine, à côté d'un tourne-disque et de cactus. Ceux-ci apportent une lumière douce et accrochent le regard depuis la cuisine ouverte.

Photo fournie par Bocci

Une lampe Bocci dans la salle à manger.

La cuisine

«Un éclairage général à l'aide de lumières encastrées est idéal pour illuminer les plans de travail et les murs», détaille Andrée Naimer. En plus d'un éclairage sous les armoires, elle recommande une suspension au-dessus de l'îlot où la famille s'installe de plus en plus souvent avec ses invités. «Un modèle linéaire peut créer un bel effet visuel», note Marc Bherer, qui suggère deux ou trois circuits d'éclairage équipés de gradateurs pour pouvoir tamiser la lumière. Si la règle qui prévaut au Québec est de cacher les sources lumineuses, Cécile Combelle d'Atelier Barda, venue de France il y a trois ans, est d'un autre avis. «Pour notre projet dans le Mile End, nous avons utilisé des spots de l'architecte Le Corbusier, raconte-t-elle. Nous considérons les lampes comme des pièces de mobilier qui contribuent à créer une ambiance. Un peu comme les architectes modernistes qui créaient des oeuvres totales avec des meubles et des lampes.»

La chambre et la salle de bains

Un plafonnier ou un éclairage directionnel sont nécessaires pour pouvoir choisir ses vêtements et s'habiller facilement. Des lampes de chevet ou des appliques à choisir en fonction de son conjoint ou de ses habitudes permettent de lire au lit en ajoutant une petite décoration. Pour ce qui est de la salle de bains, on bannit l'éclairage unique au plafond sous peine de grosses ombres sous les yeux. Des appliques murales ou un miroir éclairé créent une ambiance chaleureuse, surtout s'ils fonctionnent à l'aide d'un gradateur. «La salle de bains devient de plus en plus un espace spa associé à la relaxation», remarque François Roupinian, qui compte parmi ses récents projets l'éclairage de l'hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth.

Photo fournie par Desjardins Bherer Design d'Intérieur

Projet à Saint-Sauveur, par Desjardins Bherer Design d'Intérieur.

Les tendances 2018

Les luminaires offrent la possibilité de donner du caractère à un intérieur, d'ajouter une couleur, une matière ou un effet. Du nord au sud, du minimalisme à l'exubérance, voici cinq tendances pour cet hiver et le printemps prochain.

Bijoux

Les luminaires parent de plus en plus nos maisons et appartements à la façon de bijoux. Les globes «perles», évocateurs de l'Art déco, se glissent partout. Les designers québécois tels que Hamster, Larose Guyon et Deschênes luminaire enfilent les suspensions, lampes de table ou appliques. Si les enseignes comme west elm, Zone, Structube ou Mobilia vendent des modèles accessibles, on évitera d'abuser de ce type de luminaires pour leur réserver l'effet que ferait un bijou précieux. Coup de coeur pour le globe opalin TR Bulb de Tim Rundle chez Menu, adaptable sur différents supports.

Fibres naturelles

Les suspensions en fibres naturelles (osier, paille, bambou, raphia...) séduisent les amateurs pour leur côté bohème et vacances. Elles conviennent aux espaces aussi bien classiques qu'industriels ou rustiques. Ces lampes peuvent être posées à peu près partout, notamment au-dessus d'une table de nuit à condition de choisir un petit abat-jour et de le descendre très bas. Elles ont aussi l'avantage d'être souvent peu coûteuses. La majestueuse suspension en bambou Sinnerlig d'Ilse Crawford pour IKEA habille l'espace en légèreté. VdeV et Coeur d'artichaut proposent également plusieurs modèles à prix variés.

Lanternes

Autrefois option de déco à petit prix pour une première installation ou la chambre des enfants, la lanterne venue d'Asie rejoint les intérieurs les plus élégants, que ce soit en suspension, en lampadaire ou en lampe de chevet. L'artiste et designer américano-japonais Isamu Noguchi était un maître du genre. La lumière diffusée par ses créations sculpturales rappelle les rayons du soleil filtrés par les portes coulissantes des maisons traditionnelles japonaises. IKEA et Herman Miller comptent également à leur catalogue des lampes en papier ou en tissu, dont la prestigieuse série Bubble ou Cigar de George Nelson.

Pierre

Élément brut dans un écrin de velours, le minéral s'est taillé une place dans les salons. Les luminaires en pierre réveillent le nomade qui dort en nous. Si le marbre tient le haut du pavé, notamment avec un modèle de table chez la jeune marque québécoise Claste et des suspensions chez &tradition, le béton, plus abordable, plaît toujours. Combiné à du verre, comme pour les modèles Cast de Studio Vit chez Petite Friture, il permet d'allier force et délicatesse. Sur un buffet comme une sculpture ou coiffé d'un abat-jour en tissu, l'effet est garanti.

Filiforme

L'époque où le fil était considéré comme un parasite visuel est révolue. Au contraire, les marques misent sur celui-ci. Il permet d'esquisser de nouvelles lignes ou de nouveaux volumes grâce à un effet d'optique comme pour le modèle String Light de Flos. La suspension linéaire Mile de Lambert & fils en collaboration avec Guillaume Sasseville joue sur une superposition de traits avec des fils pincés dans la structure qui accentuent l'impression d'apesanteur. Nathalie Dewez propose, quant à elle, de jouer avec le fil d'une structure arachnéenne pour disposer la source lumineuse de sa liseuse (lamp06) chez Ligne Roset en fonction de l'envie du moment.

Photo fournie par Larose Guyon

Lampe Perle, de Larose Guyon