Dans les années 50 et 60, tout maître de maison qui se respectait avait un bar dans son salon... ou dans son sous-sol en terrazzo. Les cocktails font un retour en force. Les bars à la maison aussi!

Geneviève April et Jim Johnson sont des adeptes des belles années du cocktail, où l'on aimait recevoir en grand. Chez eux, ce n'est pas la carafe de whisky en cristal qui trône sur le bar, mais plutôt des bouteilles de rhum et des Hawaïennes. Geneviève et Jim sont maniaques de la culture Tiki!

Ce mouvement s'articule autour d'une esthétique exotique d'inspiration polynésienne. Le cocktail, la plupart du temps à base de rhum, est l'une des pierres angulaires du Tiki.

Le couple s'est d'abord construit un bar extérieur, dans sa cour de la rue Messier, mais celui-ci a été la cible de voleurs. Le petit nid Tiki s'est alors déplacé dans la salle à manger. Les chineurs ont trouvé un nouveau bar en bambou dans une boutique de la rue Amherst. En hauteur, sur une tablette qui traverse presque toute la pièce, ils ont exposé leur collection de tasses Tiki. Ailleurs, des bols à punch, des livres, des lampes kitsch, etc.

Dans l'appartement de Villeray qu'ils loueront à partir du 1er juillet, le bar occupera toute une pièce. «Avec un groupe d'amis, on se fait des soirées Tiki, avec un cocktail désigné pour l'occasion et des petites choses à manger. Tout le monde reçoit à tour de rôle. L'ambiance est très relaxe. On s'échappe dans cet univers exotique qu'est le Tiki», raconte Geneviève. Graphiste de jour, elle rêve d'ouvrir un bar où toutes ses qualités d'hôtesse seraient mises en valeur.

Quant à Jim, qui est musicien dans deux groupes de musique, il tient le bar. C'est lui qui prépare les mai tai, corpse revivers et autres cocktails emblématiques. Dans leur cuisine, les tourtereaux préparent leurs propres sirops, comme l'orgeade et le falernum, qui entrent dans la composition de plusieurs recettes Tiki.

Pub irlandais



La designer Émilie Cerretti a conçu le décor d'au moins trois bars dans le cadre de l'émission Pimp mon garage. Selon elle, c'est le rêve de bien des «p'tits gars» d'avoir un bar à la maison. «Et comme c'est souvent une pièce à part, comme un garage ou un sous-sol, on peut vraiment s'éclater dans la décoration.»

Depuis un an, David Renaud est l'heureux propriétaire d'un pub irlandais dans son garage. Le brasseur amateur qu'il est ne pourrait être plus comblé.

«Je me considère comme une personne très sociable. Un bar-pub dans ma demeure pour inviter des amis à prendre une bonne bière, c'était une excellente idée. Comme mon pub se trouve dans le garage, isolé de la maison, nous pouvons y aller quand les enfants sont couchés et le bruit ne les dérange pas.»

Cordonniers bien chaussés



Chez les amateurs de cocktails de Montréal, nombreux aussi sont les barmen qui, à force de collectionner des bouteilles rares et de beaux shakers cuivrés, ont décidé de s'aménager un bar à domicile. C'est le cas de Manny Vides, copropriétaire du Mile Public House, à Brossard, qui a récemment démonté son bar de salon dans le but de transformer son sous-sol en speakeasy, à l'aide de sa copine designer.

Nick Léger, barman et copropriétaire du Mayfair, qui ouvrira ses portes à la fin du mois, a presque terminé son installation maison, faite entièrement de ses mains, avec du bois arraché des murs de son nouveau débit de boisson, au 451, rue Rachel.

«Ma station de bar est en train de se faire polir. J'ai décidé de me lancer parce que je voulais être capable de me faire n'importe quel drink à la maison», explique le collectionneur de belles bouteilles. Sans doute aura-t-il plusieurs volontaires pour l'aider à les vider.

Photo fournie par Patrick Lemay

La designer Émilie Cerretti a conçu le décor de ce «pub irlandais» à domicile dans le cadre de l'émission Pimp mon garage

Conseils de pros

Nous avons demandé à Émilie Cerretti, designer, et à Nick Léger, copropriétaire du tout nouveau Mayfair, de guider les futurs bartenders à domicile.

Le contenant

1. C'est toujours plus convivial d'avoir un bar derrière lequel on peut se glisser, plutôt qu'un bar appuyé au mur qui oblige l'hôte à faire dos à ses invités. Ensuite, l'installation qu'on choisira dépendra aussi de son espace et de son budget!

2. Dans un premier temps, il faut faire l'inventaire de son bar et mesurer ses plus hautes et plus larges bouteilles avant de concevoir ou d'acheter les étagères sur lesquelles celles-ci trôneront. «Pour monter les tablettes du back bar, je calcule 4 pouces de largeur et 14-15 pouces de hauteur», explique Nick Léger.

3. Peu de gens vont se faire un wet bar (lavabo), avec les travaux de plomberie que cela implique. On peut toutefois installer un faux lavabo, c'est-à-dire une cuvette en métal avec une grille pour récupérer la glace, les pelures d'agrumes, etc.

4. En revanche, un petit frigo acheté dans une grande surface pour 200$ ou 300$ est tout indiqué. On peut y conserver ses mixers (boissons gazeuses, jus, etc.), ses sirops et son vermouth, ou quelques bières, par exemple.

5. Si vous disposez de trop peu d'espace pour installer un bar chez vous, vous pouvez vous procurer un meuble ou un chariot pour dissimuler vos bouteilles et accessoires. On en trouve de fort jolis et pratiques.

Le contenu

1. Si on se monte un vrai de vrai bar à cocktails, mieux vaut s'assurer d'avoir tous les alcools de base dès le début: vodka, gin, rhum, tequila, whisky, scotch, brandy, cognac. On peut opter pour deux catégories par spiritueux (un gin de base pour mixer et un gin à siroter, de grande qualité, par exemple) ou, comme le suggérait Patrick Huard à Tout le monde en parle, y aller avec un milieu de gamme pour tout faire. Nick Léger, qui possède plus de 160 bouteilles de spiritueux chez lui, suggère d'acheter de nouveaux alcools régulièrement, que ce soit à la SAQ Signature ou en voyage.

2. Il est bon aussi de penser à se doter de quelques liqueurs de base qui font tous les cocktails: Luxardo, St-Germain, liqueur de café, une bonne liqueur d'orange et, surtout, du bon vermouth, pour les classiques.