Meubles en teck, fauteuils du milieu du XXe siècle, brocantes et bricoles: la rue Amherst est depuis longtemps une destination de choix pour les amateurs d'objets de style en quête d'une deuxième vie. L'artère montréalaise a connu des années plus fastes, il est vrai, mais on y déniche toujours des trésors d'époque en quantité. Portrait de quatre passionnés de design qui gardent le cap sur un bout de rue qui mérite amplement d'être redécouvert.

Cité Déco

Qualité de fabrication, petite production, conception extraordinaire: dans cette boutique, on préfère créer des décors dépouillés avec un mobilier restauré et des accessoires disposés avec soin, au grand plaisir des collectionneurs.La petite histoire

Il y a bien eu une deuxième adresse à une époque, mais Cité Déco n'a pas bougé depuis 22 ans. «C'est ma soeur qui m'a donné l'idée. Elle avait une boutique à Québec et, par un concours de circonstances, j'ai décidé de m'établir à Montréal», explique Martine Verroeulst, copropriétaire avec son mari André Demondo.

Arrivé ici après Phil'Z 20th Century (déménagé depuis sur le boulevard Saint-Laurent), le commerce s'intéressait d'abord au design des années 30 et 50. «Mais avec le temps, le design scandinave est devenu plus populaire, comme le mobilier des années 60 et 70», dit

Martine Verroeulst. Puis, buffets et crédences en teck sont devenus les produits les plus populaires. «Depuis deux ou trois ans, tout le monde en veut!»

Ce qu'on y trouve

Charles Eames, Nanna Ditzel, Børge Mogensen... Si le design américain et scandinave y est très présent, le magasin s'ouvre de plus en plus au design italien et aux années 80.

«Il y a une demande pour les années 80. Mais tout n'est pas intéressant. Je choisis les belles pièces signées, ce qui se vendait à l'époque du commerce Château d'aujourd'hui, rue Sainte-Catherine, qui tenait des collections européennes haut de gamme.»

Outre ce mobilier d'exception, les propriétaires affichent quelques lampes et accessoires de décoration, ainsi que plusieurs tableaux, du pop art et des sculptures des années 50 à 70, d'artistes québécois principalement. On y trouve également du mobilier récupéré et restauré par Line St Jean, d'Art et éco design.

L'objet fétiche

D'un vase en verre de Murano à une sculpture du Québécois Dominique Valade en passant par une table pliante des années 80, «tant que l'objet est beau et qu'il a une âme, je n'ai pas de préférence», confie la propriétaire.

L'état des lieux

«La clientèle est plus renseignée. Mais c'est un couteau à double tranchant. Sur le plan des achats, c'est plus difficile, car beaucoup de meubles sont retenus par les familles, qui sont conscientes de leur valeur et veulent les remettre en héritage. D'un autre côté, les gens sont plus connaisseurs et allumés. C'est plus intéressant, car ils comprennent ce qu'on fait.»

1761, rue Amherst

Montréal Moderne

Une odeur de teinture émane de l'atelier au fond de ce local bien rempli. Ici, on s'engouffre dans l'antre du mobilier moderne en teck, en noyer et en bois de rose...La petite histoire

Véritable junkie du teck, Martin Lafrance, ancien client de l'artère, chassait le mobilier au look scandinave et accumulait du coup des meubles dont il n'avait pas besoin. En 2006, sa passion pour le vintage le pousse finalement à ouvrir boutique. «J'ai choisi la rue Amherst, pour l'attrait qu'elle exerce auprès des gens qui cherchent du rétro, du design et du scandinave.»

Ce qu'on y trouve

Buffets, crédences, tables, commodes... les meubles restaurés s'entassent les uns sur les autres, avec ici et là quelques accessoires signés.

L'adresse est d'ailleurs bien connue des collectionneurs qui s'y arrêtent pour un canapé Grete Jalk, une table de salle à manger Hans Olsen ou encore une lampe Louis Poulsen. Montréal Moderne, l'une des plus jeunes boutiques de la rue, fait en effet partie du circuit des mordus de design scandinave, mais elle attire également les amateurs des belles lignes prêts à investir dans un mobilier vintage fabriqué au Québec, en Italie et aux États-Unis.

«Les mêmes personnes qui magasinent chez IKEA viennent nous visiter pour se meubler ou compléter leur décor», dit Martin Lafrance.

L'objet fétiche

Le fauteuil Papa Bear, conçu par le Danois Hans J. Wegner en 1951. «J'en ai un en réserve qui attend sa maison ou une place dans mon salon.»

L'état des lieux

«Depuis sept ans, deux boutiques ont fermé, et moi, j'ai changé de local l'an dernier. L'un de mes compétiteurs était ici il y a 20 ans. Ça bouge beaucoup, à cause de la spéculation et de la vente d'immeubles.»

1840, rue Amherst

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