L'expérience du «loft extrême», Marco et Marie-Hélène pourront se vanter de l'avoir vécue, dans leur espace de «950 pieds carrés bien pensés», où le beau côtoie le célèbre, où le raffinement se mesure au minimalisme.

L'expérience du «loft extrême», Marco et Marie-Hélène pourront se vanter de l'avoir vécue, dans leur espace de «950 pieds carrés bien pensés», où le beau côtoie le célèbre, où le raffinement se mesure au minimalisme.

 C'est dans le Vieux-Port de Québec que ce couple atypique de trentenaires s'est installé, en 2004, au retour d'un voyage en Australie. «On avait vu beaucoup de lofts à Sydney», raconte Marco Dieckmann, un artiste de cirque d'origine allemande. «Ça nous plaisait.»

 De retour à Québec, ils ont visité un appartement de la rue du Sault-au-Matelot présenté comme «un grand trois et demi». Quelques jours plus tard, ils faisaient une offre d'achat.

Vous vous dites : sur ces photos, ça ne ressemble pas trop à un trois et demi. Et moins encore à l'entrepôt d'épices sur lequel le fleuve venait buter en un autre siècle.

 Marco et sa conjointe, Marie-Hélène D'Arcy, ont aboli toutes les divisions. «Je suis toujours à l'hôtel, raconte Marco, un jongleur-acrobate. Être chez moi, ça vaut une fortune. C'est ici que je recharge mes batteries, dans ce coin privilégié du Vieux-Port.» Et ce «coin privilégié» est sans mur, sans télévision, sans rideau, presque sans rangement.

 Formes rectangulaires

 Ils ont conservé les murs de pierre qu'ils ont confiés au maçon Hugues Savard. Pour les cureter, il a «sorti huit tonnes de poussière et 86 poches de maçonnerie», en plus d'acheter 2,5 tonnes de pierre dans une carrière de Château-Richer. Deux mois et demi de marteau-piqueur, pour en arriver à cet écrin aux 1001 nuances de gris, dont la lumière intensifie les reliefs.

 Des sections de poutres calcinées témoignent des deux incendies qui ont ravagé l'immeuble.

 Afin de donner une certaine illusion de grandeur, Marco et Marie-Hélène ont joué avec les formes rectangulaires. L'îlot de zebrano, les lattes du plancher, la table de noyer massif de la salle à manger et la commode de la chambre sont tous ordonnés vers un point de fuite qui correspond au mur du sud.

Le couple a tout conçu lui-même dans ce loft truffé de références aux grands noms du design contemporain : des fauteuils de Pierre Paulin, une chaise de Charles Eames, une table à café de George Wilson, une lampe d'Ingo Maurer, ainsi que les chaises Louis Ghost, la lampe Ara, le presse-citron Juicy Salif et les robinets de Philippe Starck.

 Quelques antiquités, tels un gramophone, un coffre en bois et une table à repasser, apportent une touche de fantaisie à cet univers cartésien et épuré.

 À travers ces objets pleins de sens et de beauté, des meubles fabriqués sur mesure et des accessoires achetés aux quatre coins du globe nous enchantent et nous fascinent : coussins de Barcelone, lingerie de France, quincaillerie et papier peint de Berlin, commode et table de noyer massif signées Jason Burhop, un ébéniste de Montréal.

 Marco et Marie-Hélène tendent vers un minimalisme qui passe par un grand raffinement. Les comptoirs sont en quartz. Les tiroirs de la cuisine sont munis de glissières à roulement à billes. Bien à la vue sur des étagères d'inox, la vaisselle est immaculée. Devant le foyer, des rectangles de céramique italienne cheminent jusque dans la cuisine.

 Tout est parfait. Le superflu est hors de notre vue. La beauté et l'harmonie triomphent.

 

Photo Jocelyn Bernier, Le Soleil

Éditée par Artémide, la lampe Nur du designer Ernesto Gismondi brise la régularité des formes rectangulaires de la cuisine.