Contemporaines ou traditionnelles, les maisons mexicaines ont un point commun: la couleur. Exubérantes, elles offrent néanmoins des espaces aérés et généreux au sein desquels la culture du pays s'exprime fièrement, désormais.

Contemporaines ou traditionnelles, les maisons mexicaines ont un point commun: la couleur. Exubérantes, elles offrent néanmoins des espaces aérés et généreux au sein desquels la culture du pays s'exprime fièrement, désormais.

 Céramique bigarrée, vaisselle de faïence, étoffes colorées et symboles religieux font bon ménage dans ces maisons qui s'accommodent aussi d'un éclectisme lié à l'histoire mexicaine.

Si elles vibrent sous le bleu, le mauve, le rose et l'orangé, les maisons mexicaines sont rarement surchargées. Et elles s'accommodent d'un éclectisme lié aux pans complexes de l'histoire du pays.

 Établie au Québec depuis une cinquantaine d'années, l'artiste Helga Schlitter a été élevée à Mexico, une ville qu'elle n'a jamais cessé de fréquenter. Au début du XXe siècle, relate-t-elle, les maisons cossues avaient succombé à l'influence de la France. «C'était la mode, explique-t-elle. Mais dans les années 40 et 50, les Mexicains se sont rendu compte de leur grande richesse culturelle. Ils ont ressuscité l'art mexicain.»

Ils se sont mis à trouver belles leurs cuisines et leurs salles de bains habillées de carrés de céramique multicolores. Ils ont exhibé leur vaisselle de faïence. Ils ont multiplié les coussins bigarrés taillés dans le coton brut très épais. Et ils ont continué à exposer les crucifix, les symboles religieux et les figurines d'animaux en bois.

N'allez pas penser que le design mexicain se résume à un salmigondis d'objets hétéroclites rassemblés autour d'un sombrero et d'une piñata. «Les maisons contemporaines sont sobres, affirme Helga Schlitter. Mais elles ont toujours des accents colorés.»

 Les dernières fois qu'elle est allée au Mexique, elle a observé que les téléromans de son pays, les telenovelas, présentaient de très beaux intérieurs, design et avant-gardistes.

Arches mauresques, mobilier européen, imagerie aztèque, toits de tuiles semi-cylindriques provençaux : l'éclectisme règne avec grâce et mesure.

Généreux en espace

Les intérieurs mexicains sont aérés, «généreux en espace», souligne Helga Schlitter. Le restaurant Destinos de l'avenue Myrand, à Sainte-Foy, en est un bel exemple. Ses nappes colorées agrémentent une salle aménagée à la manière d'une terrasse. Une fausse fenêtre grillagée, une porte d'un vert éclatant et quelques carreaux de céramique composent un décor à la fois sobre et joyeux. La salle d'eau rutile sous les tuiles luisantes qui encadrent le miroir. Le lavabo peint à la main est une oeuvre d'art.

 Gilles Bédard, propriétaire de la boutique Les Importations Saint-Antoine, à Montréal, a fourni à ce resto plusieurs de ses éléments décoratifs. «On fait nos achats chez les artisans, mentionne-t-il. Ça nous donne un meilleur contrôle de la qualité.» Outre les lavabos de céramique, il offre des lavabos de cuivre martelé à la main, qu'il propose dans toute une gamme de couleurs et de formes.

La vaisselle de céramique fine, peinte à la main elle aussi, offre une «garantie de 100 % de succès» quand elle est offerte en cadeau, badine Gilles Bédard. Elle symbolise l'exubérance et le raffinement d'un pays qui ne se résume pas à Cancùn.

 Des maisons qui vivent avec le climat

 Les maisons mexicaines «vivent avec le climat». Elles ont ce que les nôtres n'auront jamais : des patios intérieurs enrichis de fontaines de pierre et ceinturés, aux étages supérieurs, de balustrades de fer forgé. «C'est l'influence coloniale espagnole», mentionne l'artiste Helga Schlitter.

 Il y a toujours une orgie de fleurs et de végétaux. Il vient de cette nature luxuriante, ce penchant pour la couleur qui ne date pas d'hier. Le peintre Diego Rivera, mort en 1957, et Frida Kahlo, qui fut sa femme et qui mourut trois ans avant lui, sont des artistes dont le talent s'est exprimé dans l'extravagance totale des formes et des couleurs. Rivera, en plus, peignait des fresques. Il n'est pas rare de voir des reproductions de leurs tableaux dans les maisons et les lieux publics.

 L'architecte Luis Barragan a eu une grande influence sur le Mexique dans les années 60. Tout en utilisant les couleurs les plus vives, il a dessiné des jardins aux lignes géométriques, avec des bassins rectangulaires et des murs énormes le long desquels cascadent des chutes d'eau. Il travaillait avec les tuiles, les pierres naturelles, le bois et le verre. «Les architectes actuels ont réintroduit le verre», souligne Mme Schlitter.

À la mexicaine

 Matières :

 - pierre

- tuiles de céramique

- fer forgé

- plafonds de bois

 Architecture :

 - patios intérieurs

- grands espaces aérés

- arches mauresques

- éclectisme

 Accessoires :

 - fontaines

- lanternes

- crucifix et symboles religieux

- figurines d'animaux

- vaisselle de faïence

 Couleurs :

 - mauve

- rose

- orangé

- bleu

- terracotta

 

Photo tirée de <i>Vivre au Mexique</i>, Taschen

Les carrés de céramique rutilent dans cette cuisine.