Joanne Gauthier et Bryan Dubois cherchaient un terrain avec du défi. Un lopin boisé, à la limite irrégulier. C'est leur maison qui devra s'adapter à la terre et pas le contraire. Un amusant jeu de construction fait sur mesure pour eux... et par eux.

Joanne Gauthier et Bryan Dubois cherchaient un terrain avec du défi. Un lopin boisé, à la limite irrégulier. C'est leur maison qui devra s'adapter à la terre et pas le contraire. Un amusant jeu de construction fait sur mesure pour eux... et par eux.

Bryan, architecte, et sa compagne Joanne, titulaire d'un baccalauréat en architecture, se sont embarqués dans ce projet d'autoconstruction en 2001, après avoir repéré ce terrain vacant à Saint-Jean-Chrysostome. Était-ce le roc qui se propulse de ses entrailles qui a attiré leur attention? Ou sa topographie qui compliquait la construction?

 Un peu de tout ça, d'après Joanne. «Les maisons de la rue sont différentes, c'est une rue plus vieille. On a pensé que ce serait facile d'y incorporer un projet d'architecture contemporaine», indique Bryan.

Sur le lot repose aujourd'hui un grand prisme rectangulaire dont un morceau a été glissé de façon à créer deux aires extérieures couvertes, pour la terrasse arrière et l'entrée. Les concepteurs ont opté pour un toit plat afin de maximiser l'espace intérieur.

Le couple voulait s'exprimer avec les matériaux. Tirer le maximum de chacun d'entre eux tout en restant dans la simplicité pour ne pas faire monter les coûts de construction en flèche. «On peut réaliser un projet de construction moderne pour le même prix. Une maison différente reste accessible», retient Bryan.

S'amuser avec la lumière

Le duo a aussi joué avec les lignes du revêtement de fibrociment de la maison, superposant les pièces de différentes façons. Le soir, quand la lumière de l'entrée est allumée, il se crée un effet de lanterne grâce aux jours entre les panneaux.

 Il faut dire qu'ils aiment s'amuser avec la lumière. Les deux diplômés en architecture ont percé le volume avec minutie pour aller chercher le maximum de clarté.

Une fois à l'intérieur, c'est encore l'ouverture qui prévaut. Des liens sont ainsi créés entre les trois étages de la demeure. Les fenêtres taillées en coin agrandissent l'espace tout en maximisant l'éclairage naturel.

Les percées permettent d'apprécier autant l'extérieur que l'intérieur de la résidence. Les murs opalins captent les rayons du soleil, donnant ainsi l'impression de changer de couleur au gré des saisons. «Ils sont plus verts l'été et très clairs l'hiver», maintient Bryan, en indiquant aussi que le blanc «sculpte» les volumes, leur laissant toute la place.

Des bandes d'acier «en pied-de-poule», des câbles d'avionnerie en guise de barreaux de rampe, des poutres recomposées dénudées... Des matériaux industriels repensés ont été fondus à l'architecture. Des choix qui ont souvent été faits sur le chantier, d'où l'intérêt d'y participer. «On a vu l'envers du décor après l'avoir étudié sur la table à dessin», indique Joanne, ravie de cette éprouvante mais combien satisfaisante expérience.

Le mobilier, aussi moderne que le design de la maison, est tout de noir et d'aluminium. La cuisine, en longueur, fait légèrement penser à un labo avec ses modules en acrylique noir. Un look parachevé par les globuleuses ampoules du lustre de la cuisine.

À l'étage, le couple a opté pour un recouvrement de liège, à la fois confortable, insonorisant et renouvelable. Ce dernier a été utilisé sur toute la surface, comme l'érable au niveau inférieur.

La chambre d'une blancheur immaculée se veut un brin futuriste avec son miroir tubulaire taillé en biseau. L'espace est inondé de lumière provenant de la similivéranda qui longe le palier. Le bouleau torréfié qui couvre les parois de ce couloir rappelle le balcon qui se trouvait à cet endroit, à l'origine. Parce que bien que la construction soit terminée, le jeu continue. C'est maintenant dans les petits réaménagements de l'espace que Joanne et Bryan s'expriment. Des détails de l'extérieur, qui font toute la différence, à l'intérieur.

 

Photo Patrice Laroche, Le Soleil

Le soir, quand la lumière de l'entrée est allumée, il se crée un effet de lanterne grâce aux jours entre les panneaux.