Des meubles pour leur futur chalet, l'architecte Jean-Marc Harvey et sa femme Claire en amassaient depuis déjà plusieurs années. «Au cas où!» En 1985, Jean-Marc Harvey rénove une maison à Sainte-Pétronille, à l'île d'Orléans. À quelques pas de son chantier, un chalet est à vendre, une maison d'été datant de 1937. Le couple venait de dénicher son «pied-à-terre» pour offrir une seconde vie à ses acquisitions chinées au fil des ans.

Des meubles pour leur futur chalet, l'architecte Jean-Marc Harvey et sa femme Claire en amassaient depuis déjà plusieurs années. «Au cas où!» En 1985, Jean-Marc Harvey rénove une maison à Sainte-Pétronille, à l'île d'Orléans. À quelques pas de son chantier, un chalet est à vendre, une maison d'été datant de 1937. Le couple venait de dénicher son «pied-à-terre» pour offrir une seconde vie à ses acquisitions chinées au fil des ans.

 Orientée vers le nord avec une vue imprenable sur Québec et les montagnes, la résidence de campagne était initialement d'aspect rustique. La partie avant, raconte M. Harvey, était cloisonnée, les privant de ce potentiel de lumière qui irradie aujourd'hui l'aire ouverte du rez-de-chaussée. Au chapitre de la couleur, le couple affectionne la palette des bleus. M. Harvey apprécie particulièrement le bleu violacé d'inspiration provençale qu'il a appliqué en touches impressionnistes (carreaux, électroménagers, etc.) sur les deux étages.

 Grands récupérateurs devant l'éternel, les Harvey avaient conservé un sofa hérité de la mère de monsieur et une carpette à motifs floraux dans des tons pétants de rouge, orange et rose. Acheté dans les années 70 et roulé pendant 20 ans, ce tapis flower power rétro n'a pas moins l'apparence d'une création actuelle. Quant au canapé, il a été recouvert d'un tissu laineux gris qui s'agence avec le revêtement de marbre du foyer. Placés côte à côte, deux cubes (du même marbre) servent de tables à café. Homme de détails, M. Harvey a déposé sur chacun d'eux un plateau de verre pourvu de poignées en inox. «Parfait pour le service», s'enorgueillit-il.

«Treize portes-fenêtres bordent la façade», compte la conjointe de M. Harvey. Ce dernier approuve, puis la corrige. Pas de chiffre malchanceux dans leur demeure. «Il y a plutôt 14 ouvertures faites de métal qui a été peint en trompe-l'oeil afin de reproduire le fini cerisier des moulures et des armoires de la cuisine», prend-t-il soin de préciser.

 Lors de travaux d'agrandissement (avec pour résultat de doubler la superficie habitable), l'architecte a eu la perspicacité de déménager la cuisine à l'arrière afin de créer un effet de profondeur. Derrière le comptoir d'une hauteur de 42 pouces - une astuce pour camoufler le plan de travail - , on admire ainsi la grève à marée basse. En plus des tiroirs coulissants et des coups de pied qui cachent de l'espace «inespéré», «l'as» du rangement a prévu des vaisseliers étroits aux extrémités du comptoir pour loger la verrerie.

 Deux tables occupent la salle à manger : une de quatre places au plateau en mosaïque et une autre, plus majestueuse, de 10 couverts. Cette dernière est une création de M. Harvey, qui a recyclé un dessus en marbre et un pied en bois. Il l'a solidifiée avec des pattes d'appoint en inox. «Nous profitons de deux possibilités d'atmosphère selon l'humeur du jour.»

 En symbiose, le couple s'entend sur le fait que l'escalier en colimaçon est la pièce maîtresse de leur nid habitable quatre saisons. Imbriquant des blocs en métal et des planches en frêne couleur cerisier, «l'échelle» minimaliste permet d'accéder au cinéma maison, pièce centrale de l'étage mansardé. M. Harvey a choisi un couvre-sol en liège pour absorber les bruits de son «complexe» de quatre places, d'enveloppants fauteuils en cuir.

Ici, ce sont les tentures à carreaux bleus, rouges, jaunes et verts qui lui ont dicté le choix des couleurs des pièces adjacentes. Des teintes foncées en lien avec ces aires de repos comme la chambre des maîtres où l'édredon reprend le motif des rideaux. Trouvaille intéressante, des coffres en cuir capitonné remplacent les commodes et dégagent l'espace.

 Le cachet ancien de la chambre d'amis renoue avec le passé de la maison et les racines de ces occupants. Son coup d'oeil chaleureux s'explique par les parements en bois de Colombie, les photos de famille et une coquette commode laquée «oubliée» dans la maison par ses propriétaires précédents. M. Harvey n'est pas peu fier d'avoir conservé les portes d'origine à l'étage. Surtout, les pentures qu'il a démontées et fait chromer. «L'oeuvre d'une vie», lui lance Le Soleil. Mais visiblement, l'homme ne se décourage pas pour si peu...

 

Photo Patrice Laroche, Le Soleil

La rampe d'escalier en inox ne nuit pas à la visibilité de l'écran du cinéma maison.