Il existe à Québec une remarquable maison Arts and Crafts. Nichée dans les hauteurs de la plage Saint-Laurent, à Cap-Rouge, elle séduit par son authenticité qui s'exprime à travers des meubles costauds aux lattes de bois verticales, des lampes aux vitraux chatoyants, des luminaires suspendus en enfilade et une sobriété empreinte de raffinement.

Il existe à Québec une remarquable maison Arts and Crafts. Nichée dans les hauteurs de la plage Saint-Laurent, à Cap-Rouge, elle séduit par son authenticité qui s'exprime à travers des meubles costauds aux lattes de bois verticales, des lampes aux vitraux chatoyants, des luminaires suspendus en enfilade et une sobriété empreinte de raffinement.

Dès qu'on pénètre dans cette maison sertie de bois, on s'interroge : son décor est-il rustique ou contemporain? C'est normal. «Le mouvement Arts and Crafts marque l'arrivée du dénuement en pleine époque victorienne. C'est le début du contemporain», fait remarquer le designer Steve Girard, qui a secondé Jean-Pierre et Sylvie, les propriétaires, dans leur grande aventure résidentielle.

«On a fait beaucoup de recherches, on a beaucoup travaillé, mais ça en valait la peine», résume Sylvie.

Originaires de Québec, l'homme, la femme et leurs trois garçons ont vécu 10 ans au Bic, dans le Bas-du-Fleuve, dans le secteur de la Pointe-aux-Anglais. C'est là qu'ils ont développé leur goût pour le style américain et pour les meubles Arts and Crafts.

«Quand on est revenu à Québec, on a cherché une maison sur le bord du fleuve», raconte Jean-Pierre. Ils ont déniché ce chalet perché sur la falaise carougeoise, à l'extrémité de l'enchanteur chemin de la plage Saint-Laurent.

 En 1999, ils décidaient de le démolir et d'ériger sur son site la maison de leurs rêves. Ils ont conservé son bois d'épinette et trois hublots qui lui servaient de fenêtres.

Steve Girard est arrivé dans leur vie en 2006. Le couple cherchait un designer bien au fait de ce style qui a connu son âge d'or, au Québec, entre 1912 et 1925. Ils l'ont trouvé par l'intermédiaire d'un voisin.

«Quand ils m'ont appelé, j'arrivais de Chicago, relate Steve. Je venais de visiter la maison de Frank Lloyd Wright.» Cet architecte américain, «héritier des Arts and Crafts», est le concepteur de la «Maison de la prairie», si chère à Jean-Pierre et Sylvie. «C'était un bon match», affirment-ils, en évoquant leur trio avec Steve.

Leur collaboration a débuté à l'étage. «Je me suis pratiqué en haut», plaisante le designer. C'est l'antre des parents, qui y ont leur chambre, ainsi qu'un vaste atelier où travaille Jean-Pierre, prof d'université, et où Sylvie peint et fabrique des bijoux.

Chacun profite d'une vue sur le fleuve, en dépit de l'inconvénient de fenêtres pas très basses, que Steve a corrigé en surélevant la portion de plancher sur laquelle est assis le méga-plan de travail. Ce dernier est recouvert du même linoléum que le plancher de la cuisine et du vestibule. Belle cohérence!

Modèle d'équilibre



La salle de bains est un modèle d'équilibre. L'esprit Arts and Crafts y est respecté dans les moindres détails : tuiles de céramique anglaise, plancher recouvert de petits hexagones blancs, meuble-lavabo de chêne assorti à la pharmacie, luminaires aux formes géométriques, carrelage mural de style métro parisien.

L'ébéniste de Québec Jacques Poissant a fabriqué sur mesure plusieurs des meubles de cette maison, notamment les armoires de cuisine, le plan de travail de l'atelier et le meuble-lavabo. Ils sont tous de couleur pacane. Les poutres, les planchers et les cadres de fenêtres sont d'une teinte sang de boeuf concoctée par Sylvie.

Et les autres meubles? Internet! Jean-Pierre s'est amusé à «magasiner» et à soumettre ses trouvailles à Sylvie. Leurs coeurs battaient fort quand ils entendaient le camion de livraison, 10 semaines après avoir passé leurs commandes. «On n'avait pas vu le tissu, on ne s'était pas assis sur les fauteuils, on était un peu nerveux», souligne Sylvie. Leurs achats les ont ravis (www.amishoutletstore.com).

Le rez-de-chaussée s'articule autour du foyer de masse finlandais qu'ils ont fait venir «en kit», de l'Ontario. Le feu chauffe la masse de pierre, qui diffuse une chaleur assez forte pour se répandre dans toute la maison. Il est orné d'une ceinture de céramique que Jean-Pierre décrit comme «son cycle de vie», en raison de ses motifs végétaux, animaux et humains.

Un grand vestibule tout en bois enrichi de vitraux, une «vigie» attenante à la salle à manger d'où on embrasse le Saint-Laurent, un sous-sol réservé aux trois ados : il faudrait tout un cahier pour rendre justice à cette maison et témoigner de la passion de ses propriétaires.

 

Photo Martin Martel, Le Soleil

Les armoires et l'îlot recouvert de granit ont été fabriqués par l'ébéniste Jacques Poissant.