À quoi bon se stresser avec la décoration? «Ce n'est quand même pas une chirurgie du cerveau», badine la designer Debbie Travis. Tout le monde peut y arriver, affirme-t-elle, même les gens désargentés, même (et surtout) ceux qui osent se passer de spécialistes.

À quoi bon se stresser avec la décoration? «Ce n'est quand même pas une chirurgie du cerveau», badine la designer Debbie Travis. Tout le monde peut y arriver, affirme-t-elle, même les gens désargentés, même (et surtout) ceux qui osent se passer de spécialistes.

Martha Stewart du Canada, «gourou» de la déco, «icône» des médias, Debbie Travis porte plusieurs chapeaux, dont ceux de productrice d'émissions de télévision, de décoratrice et d'auteure.

- Quand on vous demande quel est votre métier, que répondez-vous?

- Je suis designer de vie (life designer), poétise-t-elle au téléphone, depuis Toronto, où elle a son bureau.

Son accent trahit ses origines. Elle est née dans une petite ville industrielle du Lancashire, au nord de l'Angleterre. En 1957, selon Wikipedia. Dans ce milieu ouvrier, «on mangeait de la viande une fois par semaine», se souvient-elle. Cette facilité de tirer un trésor d'un bout de ficelle lui vient sans doute de son enfance auprès d'une mère qui cuisinait 10 variantes de plats avec un seul poulet.

Elle a rencontré son mari à Cannes, en 1985, à l'occasion d'une foire de la télévision. Ils se sont mariés peu après, et la jeune femme n'a pas mis de temps à déménager dans le pays de son chéri, le Canada.

Audace et créativité

L'imagination de Debbie Travis se double d'un talent pour la communication. Sa philosophie, simplissime, est un mélange de stimulation et de renforcement positif : soyez créatifs, travaillez avec ce que vous avez déjà, osez. Mais avant tout : réfléchissez, informez-vous et prenez votre temps.

Supposons que votre salon ait besoin d'un coup de jeune. Faites d'abord un retour sur votre style de vie. Qui fréquente cette pièce, vous seul ou toute une marmaille? Qu'y faites-vous? Vous travaillez, mangez, écoutez la télé, ou vous n'y allez que s'il y a de la visite?

Ensuite, définissez l'ambiance que vous souhaitez créer. Calme pour le repos? Stimulante pour le travail? Époustouflante? Joyeuse?

Finalement, évaluez votre budget. «C'est le moment de décider quel article vous achèterez et quel montant vous êtes prêts à investir», suggère Debbie Travis. Cet objet clé deviendra le point d'intérêt de votre salon, une fois que vous aurez mis de l'ordre et jeté le superflu.

«La décoration, c'est comme le jardinage, expose-t-elle. Faire le gazon, c'est ennuyeux, mais planter des fleurs, c'est agréable. Même les gens qui pourraient embaucher un jardinier le font.» Pour y prendre du plaisir, il faut envisager cette activité comme un passe-temps, plutôt que comme une corvée. «Have fun!» lance-t-elle.

Quelle conviction! Cette adepte du minimalisme et du système D met-elle en pratique ce qu'elle prône, dans sa résidence victorienne de Montréal? «Avec deux fils adolescents, le minimalisme est impossible, décrète-t-elle. Avec une famille, dans une maison, c'est le rangement qui prime.» Mais rien ne vous empêche de vous aménager une chambre minimaliste!

Une femme colorée

Debbie Travis raffole de la couleur. En 2005, elle a lancé pour les magasins Canadian Tire une ligne de peinture et d'accessoires décoratifs à laquelle elle a donné son nom.

Le beige et les décors monochromes la rasent. Elle résiste à la tentation de coordonner les couleurs d'une pièce à celles du tapis, par exemple. «Comme dans un couple, tout ne doit pas être uniforme», illustre-t-elle.

Elle travaille avec la roue chromatique, un outil qui présente les relations entre les couleurs, et dont se servent les professionnels afin de créer des palettes pour leurs clients. «Un design réussi joue avec les contrastes», fait-elle valoir. Sur la roue chromatique, elle choisit les couleurs qui s'opposent, comme le rouge et le vert, ou le bleu et l'orangé.

Vous voulez réveiller une palette neutre avec un accent de couleur? «Essayez avec un coussin à 10 $», conseille-t-elle.

Démystifier le design, promouvoir des techniques accessibles à tout le monde, privilégier les décors à petit budget, tendre vers le minimalisme et le faire soi-même : voilà ce qui fait courir Debbie Travis depuis 20 ans.

 

Photo Martin Tremblay, La Presse

Place à l'éclectisme! «Il faut un peu de tout, proclame la designer Debbie Travis. Comme dans une cérémonie de mariage, dans une maison ça prend quelque chose de neuf, de vieux, d'emprunté, de bleu...»