L'exposition au plomb, ce n'est pas seulement une affaire d'eau. Les peintures d'avant 1960 pouvaient contenir jusqu'à 50 % de plomb. Méfiez-vous des écailles de peinture et des poussières de démolition !

La peinture d'un vieil escalier ou d'un vieux meuble qui s'écaille. Le chat qui gratte un mur et expose ses couleurs d'autrefois. Des travaux de démolition qui libèrent des poussières. Dans ces trois scénarios, la peinture réduite en miettes contient du plomb, un métal pour lequel il n'existe pas de niveau d'exposition sécuritaire, selon Santé Canada.

L'exposition au plomb peut causer de l'anémie, nuire au cerveau et porter atteinte au système nerveux. L'empoisonnement peut affecter les systèmes cardiovasculaire, rénal et reproductif. Une concentration trop élevée dans le sang pourrait même entraîner une baisse du quotient intellectuel chez les enfants. Les nourrissons et les jeunes enfants sont les plus vulnérables.

Pas étonnant que le plomb ait été retiré de l'essence, des boîtes de conserve et de nombreux autres produits d'usage quotidien.

Dans les années 40, certaines peintures pouvaient être composées à 50 % de plomb ! Les concentrations dans la peinture sont demeurées élevées (10 % et plus) jusqu'au début des années 60. Par la suite, la réglementation a graduellement abaissé les taux de plomb autorisés. Depuis 1990, la peinture d'usage résidentiel n'en contient plus.

Si vous achetez une propriété de plus de 50 ans, soyez prévenu : il y a du plomb dans la peinture des murs, plafonds, escaliers, garde-corps et certains planchers. Si elle s'écaille et si vous la poncez, vous serez exposé. Si vous démolissez des murs ou embauchez des travailleurs pour le faire, les voies respiratoires devront être protégées à l'aide de masques destinés aux travaux de décontamination.

« Il est impossible de reconnaître visuellement la peinture à base de plomb. »

- Michel Charest, directeur des ventes pour les laboratoires du Groupe Environnex

On peut envoyer des écailles de peinture en laboratoire pour déterminer le contenu en plomb. Quelques rares entreprises spécialisées au Québec disposent d'un appareil à fluorescence (XRF) qui permet de détecter le plomb sur les murs en place.

La peinture à base de plomb n'est pas une problématique nouvelle, mais la sensibilité des acheteurs croît, affirme Michel Charest. « Les gens sont de plus en plus préoccupés par leur qualité de vie. Ils nous appellent, ils veulent plus d'information. Ils veulent vivre longtemps et en santé. »

Une étude à Montréal

Dans les bâtiments résidentiels âgés, l'exposition au plomb est bien réelle. En 2013, l'Institut national de santé publique (INSP) a publié le rapport Sources résidentielles de plomb et niveaux de plombémie chez de jeunes enfants habitant d'anciens arrondissements de Montréal. Trois cent six familles y ont participé, dans les arrondissements de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, Saint-Laurent et Verdun.

L'étude a porté notamment sur la présence de plomb dans l'eau provenant du réseau de distribution d'eau, dans des poussières du plancher et de bords de fenêtres et dans la peinture. Quelques résultats : 

• 5 échantillons (sur 306) d'eau du robinet de la cuisine après 5 minutes d'écoulement dépassaient la norme québécoise de présence de plomb dans l'eau potable (0,010 mg/l).

• 13 prélèvements (12 résidences) présentaient un dépassement des valeurs guides utilisées pour les poussières domestiques (plancher : 0,040 mg/pi2, fenêtre : 0,250 mg/pi2).

• La concentration médiane de plomb mesurée dans les écailles de peinture était de 1300 mg/kg pour 153 résidences. Quarante-deux résidences présentaient une ou plusieurs écailles qui dépassaient la valeur guide de 5000 mg/kg.

Se protéger

Si la peinture à base de plomb n'est pas accessible, qu'elle ne se détériore pas et qu'il n'y a pas de travaux de ponçage ou de démolition, les impacts sur la santé sont pratiquement nuls, explique Denis Gauvin, l'un des auteurs du rapport.

« Nous sommes surtout préoccupés par les jeunes enfants, qui marchent à quatre pattes, mettent leur main à la bouche et peuvent consommer des écailles de peinture. Il y a aussi les travailleurs, qui peuvent être exposés jour après jour sans porter des équipements de protection. »

- Denis Gauvin, conseiller scientifique à l'INSP

Si la peinture au plomb ne s'écaille pas ou qu'elle n'est pas à la portée des enfants, donc, il peut s'avérer plus simple de la recouvrir de peinture fraîche ou, encore mieux, de papier peint, de lambris ou de panneaux muraux.

Pour l'enlèvement, Santé Canada a publié une série de conseils pour réduire les risques d'empoisonnement :

• Éviter d'utiliser les outils de décapage qui peuvent produire de la poussière ou des vapeurs de plomb : ponceuses, pistolets à air chaud, lampes à souder. Utiliser plutôt un décapant chimique.

• Retirer tous les meubles et autres objets de l'espace de travail, bien aérer, fermer l'accès aux autres pièces.

• Porter des lunettes de protection, un masque de qualité et des gants.

• Éviter de manger, boire ou fumer pendant les travaux.

• Prendre une pause à l'extérieur toutes les 10 minutes. Au moindre malaise, sortir du lieu de travail.

Photo Thinkstock

Dans les années 40, certaines peintures pouvaient être composées à 50 % de plomb !