Après un séjour en Chine et au Japon, l'artiste céramiste Pascale Girardin est revenue à Montréal avec deux passions à assouvir: revisiter le vase classique et recréer des tons de bleu, les plus profonds qui soient. Résultat? Sa nouvelle collection de vases Cobalt - l'amour du bleu.

Le mois dernier, Pascale Girardin figurait parmi les exposants du souk @ sat, à Montréal, un marché éphémère peuplé de créations avant-gardistes. L'artiste céramiste y dévoilait sa nouvelle collection: une série de vases à la fois bruts et raffinés, tous parés d'émail bleu appliqué au pinceau. L'aboutissement d'un étonnant travail de création.

«Je suis restée quatre mois, en résidence d'artiste, en Chine, à Jingdezhen, berceau de la porcelaine, raconte Pascale Girardin. Ensuite, j'ai pris deux semaines de vacances au Japon, où j'ai visité les plus célèbres musées consacrés à la céramique. Dans ces deux pays, les tons de bleu intense, comme l'indigo, sont ancrés dans les traditions. De retour à Montréal, en janvier 2013, j'étais habitée par cette couleur et je me suis mise au travail», confie celle dont les installations et sculptures rehaussent l'aménagement d'hôtels, de magasins et de restaurants parmi les plus prestigieux dans le monde, comme l'hôtel Four Seasons Shanghaï, à Pudong, et le magasin Printemps Haussmann, à Paris.

Chercher le bon bleu

Le cobalt fait partie des métaux colorants en céramique. D'abord pulvérisé, il est ensuite incorporé à une base composée de minéraux. Ce mélange, l'émail, deviendra vitreux lors de la cuisson finale. «Plusieurs tons de bleu et finis peuvent être obtenus. Tout dépend de la recette de base choisie», précise l'artiste céramiste.

Plutôt que d'opter pour des émaux préfabriqués - ce qui est un peu l'équivalent d'acheter des croissants prêts à cuire, compare-t-elle -, Pascale Girardin est partie à la recherche du parfait émail bleu cobalt.

«Pendant plus de 18 mois et avec l'aide d'Annie-Cécile Tremblay, une spécialiste des émaux qui a élaboré une série de tests pour moi, nous avons développé une centaine de tons d'émail bleu, à partir du cobalt. Au final, deux tons ont été retenus.»

Pourquoi ceux-ci en particulier? «Ils correspondaient à ce que je cherchais, un bleu profond comme l'encre de Chine ou une mer orageuse», évoque-t-elle.

Quant au fini d'émail privilégié, il est lustré et procure un effet mouillé.

De l'art dans son salon

Le plus souvent, Pascale Girardin se consacre à la conception d'oeuvres d'art contemporaines exposées en galerie et d'installations d'envergure intégrées à l'architecture d'un lieu. «Depuis 10 ans, c'est mon principal gagne-pain, avoue-t-elle. Mais cette fois, j'avais envie de revisiter le vase, un des grands classiques du métier de céramiste. Par la même occasion, cette exploration me permettait de créer des objets de petite taille, qui s'intègrent aisément dans une maison.»

Tourner

C'est Christian Roy qui réalise la plupart des pièces de la collection. «Un tourneur de grand talent et à l'écoute, qui sait interpréter mes croquis et ma sensibilité», souligne-t-elle.

Tournasser

Après avoir été tournés, les vases sont tournassés. En clair? «J'enlève l'excédent de terre», indique-t-elle. Un exercice qui permet d'épurer la forme et de révéler le pied du vase.

Touche finale

Enfin, avant de passer au four une seconde fois, les vases sont méticuleusement émaillés. Une étape cruciale où chaque coup de pinceau, qu'il soit léger ou appuyé, doit être précis. Pas question de recommencer. «On peut tremper un vase dans l'émail. Celui-ci peut également être vaporisé. Mais j'ai préféré l'appliquer au pinceau, une démarche instinctive qui exige de la concentration, car le cobalt tache et ne pardonne pas. À chaque défournement, il y a des vases qui présentent des taches, des fissures ou des imperfections. Certains seront rejetés, d'autres estimés pour ces mêmes défauts», conclut-elle.

Le prix des vases de la collection Cobalt - l'amour du bleu oscille entre 200$ et 1200$.

Info: pascalegirardin.com