Que fait un amoureux de New York qui habite Montréal? Il se fait un chez-soi qui a des airs de la Grosse Pomme... rue Bernard! Voici comment.

Savant amalgame de trouvailles, de recyclage et de travail en équipe. Voici l'appartement de Jean-Pierre Marchildon. Ce tripeux de New York s'est inventé un décor chaleureux, bigarré, dans le ton des intérieurs américains du Lower East Side: plafonds à découvert ou métallisés, mobilier chiné, tableaux colorés.

«J'habite ici depuis que j'ai 18 ans», confie l'entrepreneur, dont la famille représente l'industrie de la chaussure au Québec depuis un siècle. Le magasin familial était situé rue Bernard. Il y a quelques années, Jean-Pierre a converti les deux logements situés à l'étage de ce bâtiment en un seul. Les travaux ont duré 18 mois.

Il a complètement réaménagé l'entrée: l'ancien escalier à deux volées qui menait aux logements a été fermé par un mur pour s'insérer à l'intérieur du nouvel espace. Cette nouvelle entrée privée jette un souffle de lumière inouï à la demeure.

On pénètre dans le salon double, éclairé par deux immenses fenêtres. Le plafond à découvert laisse apparaître les poutres peintes en blanc où s'insèrent quatre ventilateurs de type industriel. Le sofa est recouvert de toile de peintre en canevas de coton. La table à café a été fabriquée avec le bois d'une porcherie par le père et le grand-père du propriétaire. Ici, et dans le reste de l'habitation, la plupart des tableaux inspirés de peintures de Jean-Michel Basquiat et Roy Lichtenstein sont de l'artiste peintre Manon Tremblay.

Chaque meuble, chaque objet de décoration a été choisi avec soin. Ainsi, les volets conçus par le propriétaire ont été privilégiés pour leur propriété acoustique. «Ça sert aussi de gradateur quand on entrouvre le volet.»

Les doubles portes vitrées ont été trouvées, l'une dans une ruelle, l'autre chez un brocanteur, tout comme d'anciens cadres de fenêtres qui ornent les murs ou l'affiche de tôle Orange Crush au-dessus du lit de son fils. On sent partout le respect du cachet; vrai vintage, faux vieilli, tout se mêle avec doigté. Jean-Pierre a planché lui-même sur la bibliothèque en pin dans le petit salon sur laquelle il a appliqué un vernis couleur chêne mission.

Dans la cuisine, qui n'a rien d'une pièce aseptisée et longiligne, on découvre le charme de l'artisanal: les armoires sont faites avec du bois récupéré dans les murs lors de la rénovation.

Concept ouvert

Partout, dans cet appartement, on a pratiqué des ouvertures, notamment pour remodeler les parties communes: salon, petit salon, cuisine et salle à manger.

De nombreux corps de métiers ont défilé ici, mais également des amis et des collègues qui ont mis la main à la pâte.

«Toutes les bonnes choses que j'ai faites dans ma vie se retrouvent ici», confie celui qui a maintenant repris les rênes du commerce familial.

Son livre fétiche? New New York Interiors, publié chez Taschen, bien sûr.