«L'émail sur cuivre exige de la patience, du doigté.» Diane Charuest parle en connaissance de cause parce qu'elle pratique cet art avec une ferveur quasi religieuse depuis une trentaine d'années. «Quand je travaille les émaux, j'ai la concentration d'un moine bouddhiste», dit-elle, mi-blagueuse, en entrevue.

Dans son atelier, on retrouve les matériaux qui la font triper : l'émail et le cuivre. Des matériaux qu'elle fusionne en bijoux, en objets de décoration aux teintes chatoyantes. Précisons qu'à l'aube de la cinquantaine, Diane Charuest est au sommet de son art. Les découpes en dentelle de ses papillons et les dessins aux teintes nuancées qu'elle expose à la coopérative Vert Tuyau du quartier Petit-Champlain démontrent plus que les mots l'étendue de son talent.

Or, après avoir été très populaire dans les années 70 et 80, l'émail sur cuivre a progressivement perdu du terrain pour devenir une activité de loisir. «Personnellement, quand j'ai commencé dans le métier, il existait une formation de deux ans à temps plein, explique l'artisane. Aussi ai-je eu la chance d'apprendre avec Fernande Belleau, une émailleuse au talent fou qui nous a transmis sa passion.» Une passion que Diane Charuest partage à son tour avec des élèves inscrits à l'École de joaillerie du Cégep Limoilou ainsi que dans des cours privés qu'elle donne dans son atelier.

Même après 30 ans de métier, l'artisane avoue n'avoir jamais cessé d'expérimenter. «Dès le départ, j'ai été fascinée par la cuisson du verre, dit-elle. La première fois que j'ai découvert l'émail sur cuivre, j'avais 13 ans et j'ai su que j'en ferais mon métier.» À la fin de ses études secondaires, elle s'oriente donc vers cette spécialité et elle n'a jamais décroché. C'est aussi sa façon de s'intérioriser, de chasser les tracas parce qu'une fois concentrée sur son travail, Diane Charuest oublie tout. «D'ailleurs, je ne passe jamais plus de deux ou trois jours sans faire d'émaux, autrement ça me manque trop.»

Depuis une dizaine d'années, les métiers d'art dont les émaux sur cuivre sont redevenus populaires auprès des consommateurs québécois qui sont en quête d'authenticité. L'ère du prêt-à-jeter made in China continuera d'exister, disent certains artisans, mais les gens ont pris conscience que l'artisanat québécois comptait de grands talents.

C'est d'ailleurs une des raisons qui ont amené Diane Charuest à joindre les rangs de la coopérative de solidarité Vert Tuyau, dont la mission est de représenter des artisans des métiers d'art et de leur permettre d'exposer dans un espace commercial à la fois lieu d'échanges et de savoir-faire. Au 6, rue du Cul-de-Sac, à la place Royale, une quarantaine d'artistes issus de la céramique, du textile, de l'ébénisterie, de la joaillerie, de la maroquinerie et de la reliure proposent aux visiteurs leurs dernières créations.

Photo: Le Soleil, Pascal Ratthé

Dans sa production, on trouve des tableaux en trois dimensions dont les scènes sont inspirées du peintre animalier Robert Bateman, que l'artiste aime beaucoup.

Passion des couleurs

Mais depuis quelques années, l'émailleuse Diane Charuest dit avoir développé une expertise de la couleur. Avec des poudres ultrafines, elle crée ses propres teintes qu'elle applique ensuite avec minutie sur de minuscules dessins faits à l'encre vitrifiable. C'est toujours un émerveillement que de voir les effets de transparence des superpositions de couleur après chacune des cuissons. Mais pour arriver à ses fins, l'artisane doit réaliser jusqu'à 10 cuissons et, parfois, une trentaine pour les grosses pièces.

Sa production est variée: chandeliers, sous-verres, horloges, plaquettes de commutateur et prises de courant et aussi des tableaux en trois dimensions. Mais elle fait aussi des pièces sur commandes. Par exemple, cadeaux d'entreprise, sculptures pour des institutions, souvenirs pour les anniversaires spéciaux.

Information : 418 524-8475; www.dianecharuest.blogspot.com

lfournier@lesoleil.com

Photo: Le Soleil, Pascal Ratthé

Dans sa production, on trouve des tableaux en trois dimensions dont les scènes sont inspirées du peintre animalier Robert Bateman, que l'artiste aime beaucoup.