Le mot zen est employé couramment aujourd'hui dans le monde de la décoration, mais un peu à toutes les sauces. Dès qu'un intérieur est dégagé et possède des meubles bas et rectilignes, c'est d'habitude le qualificatif qu'on lui accole.

Pierre Leloup, designer-ébéniste établi en Estrie, préfère quant à lui parler de minimalisme. «Le vide est aussi intéressant que le plein», se plaît-il à dire. Son attrait pour le Japon et les jardins japonais remonte à l'enfance. Il collectionne depuis toujours les bonzaïs, et a appris la langue nippone. Dans son travail de designer, il tend vers une recherche d'équilibre entre matière et espace.

Il affectionne tout particulièrement le frêne à cause de son imposant veinage qu'il insère dans des éléments décoratifs, comme des alcôves - ou tokonoma - ou les frises de plafond. Ce matériau, du brun pâle au rosé, il en fait aussi des meubles: plateformes de lit, buffets et consoles, meubles-lavabos, même des marches.

Le designer Pierre Leloup introduit des aménagements typiquement japonais dans l'habitation en respectant aussi une dimension spirituelle. «Tous les soirs d'été, chez moi, je rentre le bonzaï à l'intérieur, dans mon alcôve. Il y a toujours cette relation entre l'intérieur et l'extérieur.»

Papier washi

Le designer explique que le papier washi est fait à base de végétaux (mûrier) et il est réputé pour sa flexibilité et sa résistance. On s'en sert notamment pour confectionner les abat-jour et les cerfs-volants. M. Leloup en utilise pour ses panneaux qui servent de belles divisions dans une pièce double. Une porte ainsi faite, de 80 pouces sur 30 pouces, peut se détailler de 500$ à 800$. Voilà un bel ajout dans un petit appartement ou dans un loft! «C'est également utilisé comme porte de placard, dans une chambre ou une cuisine. À ce moment-là, on peut renforcer le papier avec une feuille de plexiglas.»

Sa sphère d'activité est vaste: il dessine aussi les vasques et les fait fabriquer par son tailleur de pierre. Spécialiste des jardins japonais, il modèle les espaces intérieurs comme autant de petites zones de repos. En font foi ses escaliers étudiés en bois et granit ou ses murs végétaux. «Il n'y a pas de limite. On s'adapte à la demande des clients.»

pierreleloup.com

Photo fournie par Pierre Leloup

Au-dessus des comptoirs rouges, qui servent de rangerment et de présentoir artistique, quelques panneaux coulissants masquent les fenêtres. Les murs de séparation sont recouverts de plusieurs lattes de MDF de largeur et d'épaisseur différentes pour donner du relief.