«Il y a le ciel, le soleil et la mer...» Ces mots d'une chanson interprétée par François Deguelt, qui connut un grand succès dans les années 60, trouvent un large écho dans l'oeuvre du maître verrier québécois Réjean Burns.

Par quel phénomène? «Simplement parce que j'adore la chaleur, les couchers de soleil, les bateaux et les différentes teintes que prennent le ciel et l'océan au fil des heures et du temps. Par contre, en musique, je préfère le classique», précise l'artisan en entrevue.Réjean Burns est originaire de Joliette. Il s'est installé à Québec il y a une trentaine d'années pour le fleuve, la montagne, la beauté de la ville et les touristes qui la visitent. L'artisan s'est ancré rue Saint-Paul, à distance à pied du bassin Louise, pour y exercer sa passion du vitrail et pour être à proximité des voiliers, car lui-même est capitaine de bateau.

«Pour moi, le verre, c'est la vie en couleurs et ça me ressemble», dit-il. Plus encore depuis qu'il a passé quatre années à naviguer autour du monde. À son retour, les rouges, les jaunes, les teintes d'orange ainsi que toutes les nuances de bleu ont envahi sa production. «Quelque chose avait changé, dit-il. Les couleurs des îles et les contacts que j'y avais établis étaient restés gravés dans ma mémoire.»

Exit les tons maladifs

Du même coup, les tons maladifs ont disparu de sa production, «car il y a bien assez de grisaille dans le monde d'aujourd'hui, exprime-t-il, sans qu'on ait besoin d'en rajouter. Aussi, quand vient le moment de créer un vitrail, je m'invente des histoires, je dessine dans ma tête. Et tout naturellement surgissent des croquis d'oiseaux, de poissons, de voilures, d'embruns, d'hommes et de femmes que j'ai côtoyés au Cap-Vert, aux Açores et dans les différentes îles du monde. Puis la musique des couleurs fait le reste. »

Son atelier est une mosaïque. Beaucoup de ses oeuvres sont abstraites. Elles suggèrent la terre, la mer, le ciel par une juxtaposition des pièces de verre aux géométries variées et variables. Quant aux verres qu'il utilise, ceux-ci proviennent d'Italie, de France, d'Allemagne, des États-Unis.

«Je ne prends que des verres de première qualité, précise l'artisan, car la vraie beauté ne fait pas de compromis avec les matériaux.»

Même s'il n'est pas un expert du vitrail d'église, Réjean Burns dit être envoûté par ceux des plus célèbres cathédrales d'Europe «et même ici, à Sainte-Anne-de-Beaupré, lance-t-il, les vitraux émeuvent». Car l'histoire du vitrail est intimement lié aux images pieuses ou religieuses. Ainsi dès le Ve siècle, le verre coloré était employé aux fenêtres des églises chrétiennes de Rome.

Toujours passionné par son métier de verrier, Réjean Burns ne pense pas à la retraite. «Ce mot ne fait pas partie de mon vocabulaire, dit-il, car il y a encore trop de belles rencontres à faire pour que je songe à abandonner.» Surtout que beaucoup des habitués de la boutique de la rue Saint-Paul sont devenus des gens avec qui il a développé une belle complicité, parfois une amitié. Beaucoup de ses oeuvres appartiennent à des Américains, d'autres à des artistes québécois, mais toutes les fois, c'est une expérience en soi parce que chaque vitrail est le produit d'une émotion.

Verrerie d'art Réjean Burns, 152, Saint-Paul, Québec - 418 809-0508