La maman fait l'école à la maison, une pratique appelée homeschooling, plus prisée aux États-Unis et dans le Canada anglais qu'au Québec.

La maman fait l'école à la maison, une pratique appelée homeschooling, plus prisée aux États-Unis et dans le Canada anglais qu'au Québec.

Évidemment, ce choix de vie, souvent fondé sur des valeurs familiales profondément ancrées, exige une longue préparation. Un des facteurs à considérer est l'aménagement de la maison. Comment doit-on transformer son domicile pour répondre aux besoins de l'éducation?

Mme Chabot a choisi de consacrer son salon du rez-de-chaussée à l'enseignement, une pièce de plus de cinq mètres par quatre mètres baignée de lumière naturelle grâce à ses grandes fenêtres. «On a choisi cet endroit plutôt que le sous-sol parce que c'est plus éclairé. On a besoin de voir dehors. Il y a dans la cour des arbustes et des fleurs. En plus, c'est préférable à la lumière artificielle qui est moins bonne pour apprendre et moins bonne pour la santé», indique la dame de Charlesbourg.

Dans sa classe, elle a installé une grande table de travail, vieil objet offert par le grand-père. Il y a aussi un meuble pour l'ordinateur, un coin pour la musique, des classeurs pour les projets des petits, des étagères avec de nombreux romans, dictionnaires et encyclopédies, un arbuste pour enseigner la biologie, une chaise berçante pour lire des histoires, des tapis d'exercices et de relaxation et même un mini-trampoline. En plus, elle a placé des bacs contenant du matériel de bricolage et de nombreux jeux éducatifs. Tout ce qui peut stimuler les enfants et faciliter le travail est donc rassemblé dans une même pièce.

Il n'y a pas de traditionnel tableau vert dans cette pièce puisque le besoin ne s'en est jamais fait sentir. Toutefois, Mme Chabot a déjà collé au mur de la cuisine des affiches pour apprendre aux enfants à écrire les lettres majuscules et minuscules.

L'accessoire le plus utile à ses yeux est une simple corde, accrochée d'un mur à l'autre du salon. Elle sert à suspendre les projets en cours, les bons travaux et les plus beaux dessins des enfants. Cette idée a tout de suite plu à tout le monde. Cependant, la classe reste un work in progress. «On réévalue chaque année la meilleure façon de l'aménager. De toute façon, les enfants s'approprient toujours la pièce d'une manière un peu différente de ce qu'on avait prévu», mentionne-t-elle.

Amélie (à gauche), Alexandre et Anne-Marie Tremblay profitent d'une pièce qui ferait l'envie de bien des professeurs. Vous aurez peut-être reconnu Alexandre, qui joue le rôle de Félix, le fils de Benoît, dans la télésérie Rumeurs.

Présidente de l'Association québécoise d'éducation à domicile, Marie Tremblay, de Brossard, profite d'une pièce qui ferait l'envie de bien des professeurs. Sa salle comporte deux grandes tables de travail, deux ordinateurs, un tableau ainsi que des étagères de livres pleines à craquer. Assez pour faire pâlir d'envie n'importe quel bibliothécaire scolaire.

«C'est avant tout un endroit pour ramasser nos affaires. Mais on travaille partout. C'est bon de changer le mal de place. Si on reste toujours au même endroit, ça devient comme l'école», affirme la mère de trois enfants de 10 à 13 ans.

Pour sa part, Chantale Bergeron, de Saint-Constant, sur la Rive-Sud de Montréal. a transformé une petite partie de son sous-sol en modèle typique de salle de classe. Elle est peinturée d'un jaune doux et décorée de papiers peints enfantins. Les murs sont tapissés de tableaux, de choses à faire, d'affiches sur tous les sujets, de règles de grammaire, etc. L'espace de rangement est rempli de tous les jeux de société imaginables. Chaque enfant a son propre petit pupitre, ajusté à sa taille. Seul indice qu'il s'agit d'une maison et non d'une école, le chat passe la journée auprès des petits, allongé sur la table, près des crayons de couleur.

Classe verte

Toutefois, il n'est pas obligatoire d'installer ses pénates dans une seule pièce. Selon Jacques Langevin, professeur à la faculté des sciences de l'éducation à l'Université de Montréal, certains élèves peuvent apprendre dans n'importe quelles conditions. C'est avant tout une question de choix personnel, d'espace disponible et de budget. Il sera évidemment plus facile pour deux enfants de se faire une place confortable que pour cinq.

Plusieurs personnes s'en tirent très bien en éparpillant leurs activités à la grandeur de la maisonnée. C'est le cas de Carole Cardinal, vice-présidente de l'Association chrétienne des parents éducateurs. «C'est rare qu'on recrée exactement l'environnement scolaire parce qu'on ne veut pas, ou ne peut pas, faire ce genre d'aménagement partout», dit la mère de cinq enfants de la région de Québec.

Chez elle, l'enseignement se fait partout. Souvent, les travaux se font sur la table de la cuisine. Les périodes de lecture sont tenues dans le confort du salon. De plus, chacun a un pupitre dans sa chambre lorsqu'il doit étudier en toute tranquillité.

La décoration joue pour beaucoup dans la stimulation des jeunes. Ainsi, Mme Cardinal pose des affiches aux murs: des lignes du temps pour raconter l'histoire et des fiches décrivant les grandes inventions, notamment.

Si elle ne s'inquiète pas du fait de ne pas disposer d'une pièce dédiée aux cours, c'est avant tout parce que les sorties éducatives occupent une place de choix dans la vie des petits homeschoolers. La classe se fait souvent à l'extérieur. Parfois, on ira lire sous un arbre dans la cour arrière. À d'autres moments, le menu de la journée amènera le groupe au musée, au théâtre ou à la piscine.

En fait, les parents et leurs élèves ont besoin de passer moins de temps en classe que les autres. Comme l'enseignement est dirigé vers un très petit groupe, l'apprentissage est beaucoup plus rapide. Dans certains cas, il faut compter moins de deux heures pour acquérir chez soi ce qu'un autre enfant aurait mis une journée à apprendre à l'école. Dans ces circonstances, le besoin d'une pièce consacrée à l'éducation à domicile est moins important. La philosophie de l'éducation à domicile se reflète dans l'aménagement de l'espace qui lui est dédié: comme l'enseignement, la salle de classe est personnalisée.

Selon le ministère de l'Éducation, près de 400 enfants reçoivent l'enseignement de leurs parents à la maison au Québec. De son côté, l'Association québécoise d'éducation à domicile estime qu'ils sont plus de 2000 dans la province.