Son savoir-faire, son expérience, le renouvellement de son imaginaire; la poterie d'ici n'a plus rien de figé. Force et fragilité donnent à la terre cuite son caractère organique, et ce qu'elle a de plus émouvant.

Son savoir-faire, son expérience, le renouvellement de son imaginaire; la poterie d'ici n'a plus rien de figé. Force et fragilité donnent à la terre cuite son caractère organique, et ce qu'elle a de plus émouvant.

Déstructuré, déconcertant. Un pichet imaginé en couches successives, sorti tout droit de l'imaginaire de Claudel Hébert.

La boutique Manu Reva, malgré son nom exotique, présente essentiellement des oeuvres d'artisans québécois, des jeunes et des moins jeunes, tous unis dans la même passion de la terre cuite.

Il y a des styles intemporels d'assiettes, de bols et autres objets de table, qui ne varient pas beaucoup.

L'artisan a imprimé un style à son oeuvre et n'ose pas décevoir sa clientèle. Les plus jeunes, on parle même d'artisans d'une quinzaine d'années d'expérience, ont fait des trouvailles qui nous enchantent; ils continuent la plupart du temps à peaufiner leur recherche.

Un sens aigu de la continuité: vase qui pourrait remonter à une époque immémoriale mais qui a bien été conçu dans la modernité. Signé Marcel Beaucage.

C'est ce qui fascine Nathalie Antoine qui a fondé cette boutique, il y a une douzaine d'années. «Ce fut mon premier bébé», déclare en riant cette «mère» passionnée. À l'époque, elle partageait sa vie entre la biochimie étudiée au Massachusetts et la poterie qu'elle pratiquait en dilettante jusqu'à ce qu'elle s'y mette sérieusement à son arrivée à Montréal. «J'avais déjà beaucoup voyagé, je souhaitais jeter l'ancre à Montréal.» Elle s'inscrit donc à l'école de céramique Bonsecours. «On était une trentaine chaque année à sortir de cette école. C'était beaucoup à une époque où l'engouement pour la céramique était au plus bas.»

Les céramistes ont la croûte dure, autant que celle de leurs pots, et pratiquent un métier dont ils savent d'avance que ce ne sera pas le pactole. «Il y avait si peu d'endroits où on voyait leur travail!» Elle décide donc de se lancer dans l'aventure d'une boutique, où chacun pourrait partager son petit coin de pignon sur rue. C'est ainsi que naît Manu Reva.

Vase tulipe de Daigle et Marie Bourassa.

La trentaine d'artistes, qui présentent leurs oeuvres dans la boutique, bénéficient d'un endroit permanent où la circulation piétonnière est grande: boulevard Saint-Laurent. Et puis, la vie de quartier à elle seule maintient en vie ce modeste commerce. «On parle de plus en plus de commerce équitable. Ici, les artisans comptent sur la conscience des gens pour vivre au-delà du seuil de pauvreté. Certains artisans me livrent leur dernière production en vélo ou en autobus!»

Il y a de la place dans nos maisons pour de l'artisanat. Pour la poterie, le grès, la porcelaine qui nous réconcilient avec la beauté simple et éternelle de l'objet domestique fait à la main.

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Renseignements: 514-948-1717