Il serait amusant de présenter ce petit bout de femme originaire de Lévis, comme une forgeronne de 24 ans qui s'échine sur l'acier telle un Vulcain du XXIe siècle. Elle se perçoit plutôt comme une sculpteure. «J'utilise la forge pour faire de l'art», nuance-t-elle, en désignant les coupe-papier qui font d'elle une artiste de la relève fort prometteuse à Québec.

Il serait amusant de présenter ce petit bout de femme originaire de Lévis, comme une forgeronne de 24 ans qui s'échine sur l'acier telle un Vulcain du XXIe siècle. Elle se perçoit plutôt comme une sculpteure. «J'utilise la forge pour faire de l'art», nuance-t-elle, en désignant les coupe-papier qui font d'elle une artiste de la relève fort prometteuse à Québec.

Dans un grand local de la Maison des métiers d'art, où elle vient de compléter une technique en sculpture, elle revêt un lourd tablier, baisse son masque et attise le feu. Elle travaille à l'huile de biceps, avec marteau et enclume, jusqu'à ce qu'elle se sente fatiguée, donc heureuse.

D'un projet de fin d'études, elle a tiré une sculpture d'acier qu'elle a intitulée Enfollées et qu'elle a vendue à un notaire de Québec. Elle devait ensuite reprendre le «même principe de métal tordu» et concevoir un «objet dérivé». C'est ainsi qu'elle a créé ses coupe-papier, «des objets contemporains, à la frontière de l'utilitaire et du poétique».

Au cours de sa formation collégiale, Marie-Christine Frigault a touché au bois, à la pierre, au textile et au métal. Mais c'est l'acier doux qu'elle connaît le mieux et qu'elle a le plus exploré. «Le métal répond à mon besoin de travailler physiquement», confie-t-elle.

Sur les bancs d'école, elle a rencontré Marie-France Duval, une designer textile qui l'a beaucoup stimulée. Les deux femmes ont marié leurs spécialités et réalisé, avec du tissu et de l'acier, une magnifique cloison légère et ajourée (claustra), actuellement suspendue dans la vitrine de la boutique Urbanités, rue Saint-Vallier. Les deux artistes se sont juré d'exposer leurs oeuvres communes à la galerie Matéria, dans deux ans.

Pour Marie-Christine, la sculpture est «une question de vie ou de mort». «Sans elle, je m'éteindrais, glisse-t-elle. Dans 10 ans, je ne serais pas surprise de me retrouver en art-thérapie.» Bohème dans l'âme, elle sait qu'elle vivra de son art un jour, dût-elle, comme maintenant, boucler ses fins de mois avec des revenus de serveuse.

Grâce à la sculpture, elle se développe, se comprend et appréhende le monde avec une conscience plus aiguisée. Ses oeuvres évoquent la danse, le mouvement, les racines. Leur verticalité, leur dynamisme et leur composition asymétrique trahissent une sensibilité qui s'oppose à la dureté du métal et à la cruauté de la flamme.

Son amie Julianne Leblanc, finissante à la maîtrise en théâtre à l'Université Laval, lui a proposé de fabriquer les décors de la pièce qu'elle a écrite, mise en scène et qu'elle présentera, à la fin du mois, au pavillon De Koninck. «C'est un théâtre exploratoire qui traite d'un rituel de guérison africain», mentionne Marie-Christine Frigault. Voilà qui a tout pour séduire cette jeune femme, dont l'esthétique tend à fusionner culture, nature et être humain.