(Bagdad) Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi dans de nombreux pays arabes et musulmans en soutien aux Palestiniens, au septième jour d’une guerre entre Israël et le Hamas déclenchée par une attaque inédite et sanglante du mouvement palestinien.

Lors d’une manifestation organisée dans la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah libanais, allié de l’Iran, plus d’un millier de personnes ont exprimé leur solidarité avec les Palestiniens.  

« Le Hezbollah suit les mouvements de l’ennemi. Nous sommes entièrement préparés et nous passerons à l’action au moment propice », a averti le numéro deux du Hezbollah, Naïm Qassem, alors que les craintes de voir le puissant mouvement armé ouvrir un nouveau front contre Israël depuis le Liban, sont grandes.

À Bagdad, des dizaines de milliers d’Irakiens se sont massés sur la place Tahrir pour scander « Non à l’occupation ! Non à l’Amérique ! ».

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Des drapeaux israéliens ont été brûlés sur la place Tahrir, à Bagdad, vendredi.

Rassemblés à l’appel du leader chiite Moqtada Sadr « en soutien à Gaza » et contre Israël, ils ont brandi des drapeaux palestiniens et irakiens. Des drapeaux israéliens ont été piétinés et brûlés, selon un photographe de l’AFP.

En riposte à l’attaque du Hamas le 7 octobre, Israël a lancé des raids aériens destructeurs contre la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, et décrété un « siège complet » du territoire palestinien, déjà sous blocus israélien depuis plus de 15 ans.

En Israël, au moins 1300 personnes ont été tuées, et dans la bande de Gaza, 1799 ont péri, selon des bilans officiels.

En Égypte, des vidéos mises en ligne sur les réseaux sociaux ont montré des centaines de manifestants scander leur solidarité avec Gaza à la mosquée Al-Azhar.

« Les pays arabes et musulmans ont le devoir et la responsabilité de fournir urgemment de l’aide humanitaire aux Palestiniens de Gaza », a affirmé l’université d’Al-Azhar, plus haute institution de l’islam sunnite, dans un communiqué.

« Parle de la Palestine ! »

À Téhéran, les manifestants ont brandi des drapeaux iraniens, palestiniens et du Hezbollah et des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « À bas l’Amérique » et « À bas Israël ».  

L’Iran soutient financièrement et militairement le Hamas. L’État israélien est leur ennemi commun.

En Jordanie, pays voisin d’Israël auquel elle est liée par un traité de paix, plus de 20 000 personnes se sont rassemblées à Amman, à l’appel notamment des Frères musulmans et de groupes de gauche.

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Manifestation à Amman, en Jordanie, vendredi

Plus remarquable : dans une mosquée de Riyad, la capitale saoudienne où les manifestations sont interdites, un journaliste de l’AFP a vu un policier menotter un fidèle qui a interrompu la prière du vendredi en lançant à l’imam « Parle de la Palestine ! Gaza est sous les bombes ! »

L’imam lui a répondu que le lieu sacré « n’était pas fait pour la politique », avant que l’homme ne soit interpellé.

Des rassemblements ont également eu lieu à Bahreïn et au Qatar, petits pays du Golfe.  

À Alger, près de 2000 personnes sont descendues dans la rue pour exprimer leur soutien aux Palestiniens et une grande banderole avec l’inscription « Nous donnerons notre vie pour toi Palestine » a été déployée.  

Au Maroc, des « milliers » de personnes ont manifesté leur soutien aux Palestiniens après la prière du vendredi lors de sit-ins à l’appel d’une organisation proche de la mouvance islamiste Al Adl wal Ihsane (Justice et Bienfaisance), selon un de ses responsables, Hassan Bennajeh.

Un millier de personnes ont également manifesté à Tunis.  

Au Yémen, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Sanaa, sous contrôle des rebelles houthis soutenus par l’Iran.

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Manifestation à Sanaa, au Yémen, vendredi

Pakistan, Afghanistan

Les manifestations ont touché des pays musulmans hors du Moyen-Orient.

Au Pakistan, des milliers de personnes ont manifesté après la prière hebdomadaire du vendredi.

En Afghanistan voisin, quelques centaines de personnes ont pris part aux manifestations à Kaboul et Jalalabad (Est), organisées à l’initiative des autorités talibanes.

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Manifestation à Kaboul, en Afghanistan, vendredi

En France, où le président Emmanuel Macron a appelé Israël à une réponse « forte » mais « juste » à l’attaque du Hamas, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a ordonné l’interdiction des « manifestations pro-palestiniennes parce qu’elles sont susceptibles de générer des troubles à l’ordre public ».

Le 7 octobre, des centaines de combattants du Hamas ont infiltré Israël à bord de véhicules et par les airs, tuant des civils dans la rue, chez eux ou en plein rave, semant la terreur sous un déluge de roquettes.

Lors de cette attaque, ils ont enlevé des dizaines d’otages israéliens, étrangers et binationaux.

Israël a riposté en annonçant une guerre pour détruire les capacités d’action du Hamas, mouvement qualifié d’organisation « terroriste » par les États-Unis et l’Union européenne, pilonnant sans cesse la bande de Gaza et déployant des dizaines de milliers de soldats autour du territoire palestinien et à sa frontière nord avec le Liban.