Une branche plus fanatique de talibans, étroitement associée à al-Qaida, s'est installée dans le sud de l'Afghanistan, modifiant le visage des affrontements dans cette région.

Selon des autorités canadiennes, américaines et afghanes, le réseau Haqqani est maintenant actif à Kandahar aux côtés d'éléments plus traditionnels - certains diraient plus «modérés» - du mouvement taliban.

C'est ce groupe de cellules de terroristes purs et durs, très bien entraînés, qui a revendiqué la responsabilité de la tentative d'assassinat du président Hamid Karzai, l'an dernier, et l'attaque mortelle contre l'Hôtel Serena à Kaboul.

L'organisation est sous la houlette du vieux Maulavi Jalaluddin Haqqani, interlocuteur privilégié de la CIA à l'époque du djihad antisoviétique des années 1980, mais considéré, depuis la chute des talibans, comme un commandant voyou qui prend désormais pour cibles les forces américaines et celles de l'OTAN.

Son fils, Sirajuddin Haqqani, pour la capture duquel 200 000 $ US sont offerts, contrôlait la majeure partie des combattants talibans dans les montagnes de l'est de l'Afghanistan, le long de la frontière pakistanaise. Mais son influence s'est infiltrée vers le sud tout au long de l'an dernier, disent des groupes de civils afghans en contact avec des militants, comme Haji Aga Lalai. Il dirige le Bureau de paix et de réconciliation de Kandahar, chargé de convaincre les combattants talibans de déposer leurs armes en échange de terres, de maisons et d'argent.

Des représentants américains ont abondé dans le même sens, et décrivent les Haqqanis comme l'une des plus graves menaces contre l'OTAN et les forces américaines.

Les militaires canadiens ont refusé de commenter ces informations.

Mais des documents obtenus en vertu de la loi sur l'accès à l'information révèlent que dès le printemps dernier, l'armée a constaté que quelque chose de nouveau se passait et qu'un ennemi peut-être encore plus féroce était impliqué. Le degré de coordination des attaques, et la «qualité» des performances au combat des nouveaux militants, ont également surpris les militaires canadiens.

Selon Sean Maloney, professeur d'histoire au Royal Military College de Kingston, en Ontario, des militants plus extrémistes ont pénétré dans le sud afghan parce que l'OTAN a tué plusieurs de leurs commandants de premier niveau ou de niveau intermédiaire, entraînant un vacuum sur le plan du leadership.

Un porte-parole des talibans a reconnu que le groupe Haqqani est présent dans Kandahar et la province voisine de Hellmand, mais il a nié que les talibans se soient subordonnés au groupe terroriste.

Selon le professeur Maloney, les Haqqanis représentent une menace plus insidieuse, notamment parce qu'ils épousent la tendance «pure et dure» du mouvement islamiste et qu'ils ont peu de liens avec les populations locales.