(Budapest) Le premier ministre hongrois Viktor Orban s’est alarmé jeudi du « mal qui ronge les démocraties occidentales », après la décision aux États-Unis de déclarer Donald Trump inéligible à la présidence et le licenciement en Pologne de l’équipe dirigeante des médias d’État.

« Nous voyons des choses étranges aujourd’hui, disons dans le monde occidental démocratique », a déclaré le responsable nationaliste à l’occasion de sa conférence de presse annuelle à Budapest.

« Nous devons être attentifs, car il y a une grande démocratie occidentale où, si je comprends bien, ils veulent bloquer un candidat présidentiel en posant des obstacles judiciaires sur sa route », a-t-il dit, en référence à son allié Trump.

La Cour suprême du Colorado a déclaré mardi l’ancien responsable républicain inéligible à la présidence en raison de ses agissements lors de l’assaut du Capitole, soulevant une onde de choc dans la tumultueuse campagne présidentielle américaine.

« Je vois un autre pays, tout aussi important, où un parti ayant une représentation parlementaire significative est placé sous surveillance », a poursuivi M. Orban, faisant visiblement allusion au parti allemand d’extrême droite AfD.

« Et je vois un troisième pays où la prise de contrôle de la télévision s’est faite par la force policière ».  

Il était interrogé sur le limogeage par le nouveau gouvernement polonais des responsables des médias d’État, largement considérés comme un relais de l’ancien exécutif, dont Viktor Orban était très proche.

« Un mal ronge l’organisation des démocraties occidentales », a estimé le premier ministre hongrois. Avant d’ironiser : « si tout cela se produisait en Hongrie, peut-être que les troupes de l’OTAN seraient déjà intervenues, ce qui soulève également le problème des deux poids, deux mesures ».

Au pouvoir sans interruption depuis 2010, Viktor Orban est régulièrement critiqué par Bruxelles et les organisations internationales pour sa dérive autoritaire. La Commission a d’ailleurs gelé 21 milliards d’euros de fonds destinés à la Hongrie en raison de la situation de l’État de droit.

En septembre 2022, le Parlement européen avait estimé que ce pays d’Europe centrale n’était plus une véritable démocratie, mais un « régime hybride d’autocratie électorale », alors que les contre-pouvoirs ont été progressivement mis au pas.

Plusieurs médias indépendants hongrois avaient été exclus de la conférence de presse.