(Kramatorsk) Les forces russes ont lancé une attaque d’ampleur sur la ville d’Avdiïvka, dans l’est de l’Ukraine, ont indiqué mardi les belligérants, un assaut russe qui intervient après des mois d’une contre-offensive ukrainienne poussive.

Ce qu’il faut savoir

  • La ville d’Avdiivka est la cible de bombardements massifs par les forces russes qui tentent de l’encercler ;
  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est rendu mardi en Roumanie pour la première fois depuis le début de la guerre pour des pourparlers avec son homologue ;
  • Deux civils ont été tués mardi dans une frappe ukrainienne contre la région russe de Belgorod, frontalière de l’Ukraine ;
  • Deux responsables ukrainiens du ministère de la Défense sont soupçonnés d’avoir détourné plus de six millions d’euros sur l’achat de gilets pare-balles ;
  • Le projet de Moscou d’installer une base navale en Abkhazie intervient après de lourds revers militaires en mer Noire ;
  • Kyiv a affirmé avoir abattu 27 drones d’attaque dans le sud de l’Ukraine, lancés pendant la nuit de lundi à mardi par la Russie ;
  • Sous le feu des critiques après le carnage de Groza en Ukraine, la Russie tente mardi de regagner un siège au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU.

En fin de journée, l’armée ukrainienne a toutefois assuré avoir réussi à repousser cet assaut.

Avdiïvka est une cité industrielle du Donbass ukrainien que Moscou et ses alliés séparatistes tentent de conquérir depuis 2014. Cette nouvelle tentative semble inquiéter les autorités ukrainiennes.  

« Les Russes frappent massivement avec leur artillerie, depuis 8 heures du matin (1 h heure de l’Est), sans interruption jusqu’à maintenant […] L’ennemi tente d’encercler la ville », a indiqué en début d’après-midi le chef de l’administration militaire de la localité, Vitaly Barabas.

« Depuis plus d’un an, le risque que la ville soit occupée existe, mais aujourd’hui, la situation s’est rapidement aggravée », a-t-il ajouté.

Selon lui, quelque 1600 habitants vivent encore dans Avdiïvka, contre 30 000 avant l’invasion russe.

Le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak a lui aussi fait état d’une attaque d’ampleur en cours.  

« Notre Avdiïvka est la cible d’attaques massives de l’artillerie et de l’aviation russes. Des terroristes attaquent la ville, des bâtiments résidentiels », a-t-il écrit sur X.

Plus tard, l’armée ukrainienne a annoncé avoir « repoussé toutes les attaques de l’ennemi et empêché la perte de positions et de lignes » dans le secteur d’Avdiïvka.

Les Russes occupent des zones situées à l’est, au sud et au nord de la localité et tentent depuis des mois de la prendre en tenaille, sans y parvenir jusqu’ici.

Risque d’encerclement

Cette cité industrielle construite autour d’une vaste cokerie est située à 13 km de Donetsk, la capitale, sous contrôle russe, de la région éponyme dont Vladimir Poutine a revendiqué l’annexion il y a un an.

Elle est dans la zone de front depuis 2014, quand a commencé la guerre entre l’armée ukrainienne et des séparatistes pilotés et armés par la Russie, dans la foulée de l’annexion de la péninsule de Crimée. La zone est donc particulièrement fortifiée.

Depuis l’invasion de février 2022, les Russes tentent régulièrement des offensives pour prendre Avdiïvka.

Selon la chaîne Telegram Rybar, proche de l’armée russe, les forces de Moscou ont cette fois-ci lancé une attaque au nord et deux depuis le sud de la ville, si bien qu’il y a désormais « un risque imminent d’encerclement de la garnison ukrainienne ».

« Au regard de l’absence de coordination entre les différentes formations ukrainiennes, l’attaque était pour elles une surprise. Mais il peut y avoir très bientôt l’envoi de renforts pour stabiliser le front », relève Rybar, publiant une carte des opérations.

Plus tôt dans la journée, un conseiller de Denis Pouchiline, le chef de l’occupation dans la région de Donetsk, s’était aussi félicité d’avancées.

« Il y a des avancées à Avdiïvka, des pertes chez l’adversaire », a dit à l’agence Ria Novosti ce conseiller, Ian Gaguine, selon lequel « au cours des dernières 24 heures, aux moins deux fortifications adverses ont été détruites ».

Zelensky en Roumanie

PHOTO DANIEL MIHAILESCU, AGENCE FRANCE-PRESSE

« Je suis arrivé à Bucarest, en Roumanie, pour m’entretenir avec Klaus Iohannis et pour renforcer nos relations de bon voisinage », a indiqué Volodymyr Zelensky sur X, remerciant son voisin pour son soutien face à Moscou.

L’Ukraine a engagé en juin une contre-offensive pour tenter de libérer ses territoires occupés. Mais jusqu’ici, les avancées ont été limitées, et Moscou tente régulièrement ses propres attaques pour forcer l’armée ukrainienne à revoir ses plans.

La campagne ukrainienne s’avère très difficile, notamment parce que la Russie a construit un réseau très élaboré de fortifications fait de champs de mines, pièges antichars et tranchées.

L’armée ukrainienne manque aussi de munitions longue-portée pour détruire les voies d’approvisionnement russes. La Russie dispose en outre de plus d’hommes et de plus de munitions d’artillerie. Elle domine dans les airs avec son aviation.  

Kyiv réclame depuis des mois que l’Occident accélère son aide et lui donne des avions et des missiles de plus de 100 km de portée.

L’Ukraine suspecte en outre la Russie de préparer, comme l’hiver dernier, une vaste campagne de bombardements de ses infrastructures énergétiques pour plonger la population dans le noir et dans le froid.

L’armée russe bombarde déjà les zones portuaires pour empêcher les Ukrainiens d’exporter leur production agricole.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky était d’ailleurs mardi en Roumanie, une visite qui intervient après des frappes ayant visé des ports du Danube, situés à la frontière entre les deux pays, et devenus cruciaux pour sortir les céréales d’Ukraine.

L’armée ukrainienne essaye de son côté de porter la guerre sur le territoire russe en bombardant des zones frontalières et en lançant des drones en direction de bases militaires et de villes russes.

Deux civils ont été tués mardi dans une frappe contre la région russe de Belgorod, frontalière de l’Ukraine, a indiqué sur Telegram le gouverneur local, Viatcheslav Gladkov.