(Nicosie) Le nouveau président de Chypre, Nicos Christodoulides, a rencontré mercredi une haute responsable des Nations unies en visite pour la première fois dans la capitale divisée Nicosie, dans l’espoir de trouver les « moyens d’avancer » vers une reprise du dialogue sur la réunification de l’île.

La secrétaire générale adjointe de l’ONU pour les affaires politiques, Rosemary DiCarlo, s’est entretenue pendant environ une heure avec M. Christodoulides, élu en février après une campagne où il s’est montré plus rigide que ses adversaires sur une éventuelle reprise des pourparlers après six ans de blocage.

« Nous avons longuement discuté du problème chypriote et nous voulons simplement réitérer les engagements du secrétaire général (de l’ONU, Antonio Guterres, NDLR) à soutenir une résolution » des Nations unies sur ce sujet, a déclaré Mme DiCarlo à des journalistes, à l’issue de cette rencontre.

Depuis 2017, les pourparlers sur la réunification de l’île méditerranéenne, sous l’égide de l’ONU, sont au point mort. Chypre est divisée depuis l’invasion par la Turquie en 1974 de son tiers nord, en réponse à un coup d’État de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient la rattacher à la Grèce.

Membre de l’Union européenne depuis 2004, la République de Chypre n’exerce son autorité que sur la partie sud de l’île, séparée de la République turque de Chypre-Nord (RTCN, autoproclamée et reconnue seulement par Ankara) par la Ligne verte, une zone démilitarisée contrôlée par l’ONU.

Mme DiCarlo a déclaré avoir eu « une excellente rencontre » avec le président chypriote, ajoutant qu’elle allait « discuter des moyens d’avancer » lors d’un autre entretien avec le leader chypriote turc Ersin Tatar, dirigeant de la RTCN.

Ce dernier, proche du président turc Recep Tayyip Erdogan, a récemment appelé la communauté internationale à « reconnaître l’existence » de deux États à Chypre, une ligne rouge pour les autorités chypriotes-grecques.

La diplomate a par la suite qualifié de « très fructueux » cet entretien avec M. Tatar, qui a notamment porté sur « la nécessité de renforcer les commissions techniques », selon un message vidéo diffusé sur le compte Twitter des Nations unies à Chypre.

Ces 12 commissions ont pour but de permettre aux deux communautés, chypriote-grecque et chypriote-turque, de dialoguer sur différents sujets d’intérêt commun, comme la culture ou l’égalité hommes-femmes.

« Militarisation croissante »

MM. Christodoulides et Tatar se sont rencontrés pour la première fois en février. Le président chypriote avait alors assuré qu’il ne voulait « rien de plus que de mettre fin au blocage ».

Selon son porte-parole Konstantinos Letymbiotis, la présidence chypriote a fait part mercredi à Mme DiCarlo de sa détermination à reprendre immédiatement les négociations.

« Nous sommes déjà à la table des négociations et nous espérons que M. Tatar viendra à cette table avec une volonté sincère de parvenir à une solution pour une fédération de deux zones et deux communautés », a déclaré le porte-parole.

Mme DiCarlo devait également rendre visite aux près de 800 Casques bleus de l’ONU déployés dans la zone démilitarisée qui sépare les deux parties de l’île et coupe en deux Nicosie.

Dans son rapport semestriel soumis au Conseil de sécurité de l’ONU, Antonio Guterres avait partagé ses inquiétudes concernant « une militarisation croissante de la ligne de cessez-le-feu » à Chypre et un climat politique marqué par un « durcissement significatif des positions ».

« Les perspectives pour une résolution mutuellement acceptable continuent de s’éloigner », a-t-il écrit.