(Paris) La mort mardi soir à 91 ans de Mikhaïl Gorbatchev, dernier dirigeant de l’URSS, a suscité de vibrants hommages en Occident, où son rôle crucial pour mettre fin à la Guerre froide et son combat pour la paix ont été salués, prenant un relief particulier six mois après l’invasion russe en Ukraine.

L’émotion des réactions occidentales contraste avec la sobriété du président russe Vladimir Poutine pour qui « Mikhaïl Gorbatchev est un politicien et un homme d’État qui a eu une grande influence sur l’évolution de l’Histoire du monde ».

« Il a guidé notre pays à travers une période de changements complexes et dramatiques, et de grands défis de politique étrangère, économiques et sociaux », a-t-il déclaré dans un télégramme de condoléances publié par le Kremlin.

Dans un communiqué, le président américain Joe Biden a salué en Mikhaïl Gorbatchev un « leader rare ». Ses actes furent ceux d’un dirigeant ayant assez d’« imagination pour voir qu’un autre avenir était possible et le courage de risquer toute sa carrière pour y parvenir. Le résultat fut un monde plus sûr et davantage de liberté pour des millions de personnes », a dit M. Biden.

Pour le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, « le monde a perdu un immense dirigeant mondial, engagé envers le multilatéralisme, et défenseur infatigable de la paix », « un homme d’État unique qui a changé le cours de l’histoire » et fait « plus que n’importe qui pour provoquer de façon pacifique la fin de la Guerre froide ».

La Chine a salué le rôle du dernier dirigeant soviétique au rapprochement entre Pékin et Moscou, après trois décennies de rupture.

Rêve « en ruines »

« M. Gorbatchev a contribué de manière positive à la normalisation des relations entre la Chine et l’Union soviétique », a indiqué devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian.

« Les réformes historiques de Mikhaïl Gorbatchev ont conduit à la dissolution de l’Union soviétique, contribué à mettre fin à la guerre froide et ouvert la possibilité d’un partenariat entre la Russie et l’OTAN », a déclaré le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg sur Twitter. « Sa vision d’un monde meilleur reste un exemple ».

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a rendu hommage au dernier dirigeant soviétique en le remerciant « pour sa contribution décisive à l’unité allemande » et son « courage pour l’ouverture démocratique et la construction de ponts entre l’Est et l’Ouest ».

Ce rêve est « en ruine, brisé par l’attaque brutale de la Russie contre l’Ukraine », a-t-il ajouté.

« Il est mort à une époque où non seulement la démocratie a échoué en Russie, mais où la Russie et le président russe (Vladimir) Poutine ont creusé de nouveaux fossés en Europe et ont lancé une terrible guerre contre un pays voisin, l’Ukraine », a renchéri le chancelier allemand Olaf Scholz.

« Il a montré par l’exemple comment un seul homme d’État peut changer le monde pour le mieux. Mikhaïl Gorbatchev a également changé ma vie de manière fondamentale. Je ne l’oublierai jamais », a témoigné l’ex-chancelière Angela Merkel qui a grandi dans ce qui était l’Allemagne de l’Est.

« Faire tomber le rideau de fer »

« J’ai toujours admiré le courage et l’intégrité dont il a fait preuve pour mettre fin à la Guerre froide », a également indiqué dans un tweet le premier ministre britannique Boris Johnson. « À l’heure de l’agression de (Vladimir) Poutine en Ukraine, son engagement inlassable pour l’ouverture de la société soviétique reste un exemple pour nous tous », a-t-il insisté.

Pour Emmanuel Macron, Mikhaïl Gorbatchev était un « homme de paix dont les choix ont ouvert un chemin de liberté aux Russes. Son engagement pour la paix en Europe a changé notre histoire commune ».

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a salué sur Twitter « un dirigeant digne de confiance et respecté » qui « a joué un rôle crucial pour mettre fin à la guerre froide et faire tomber le rideau de fer. Il a ouvert la voie à une Europe libre », a-t-elle souligné.

« Mikhaïl Gorbachev est mort. Il a donné plus de liberté aux peuples asservis de l’Union soviétique qu’ils n’en avaient jamais eu, leur donnant l’espoir d’une vie plus digne », a jugé le chef de la diplomatie polonaise Zbigniew Rau.

Le ministre estonien des Affaires étrangères, Urmas Reinsalu, s’est montré plus critique. « C’est une bonne chose qu’il ait lancé le processus des réformes, mais c’est aussi une bonne chose que ce processus se soit poursuivi quand il voulait y mettre un terme », a-t-il souligné.

Pour le journaliste russe Dmitri Mouratov, co-lauréat du prix Nobel de la paix 2021, Mikhaïl Gorbatchev - qui a lui-même reçu ce Nobel en 1990 - « aimait sa femme plus que son travail, plaçait les droits humains au-dessus de l’État, accordait plus de valeur à un ciel paisible qu’au pouvoir personnel ».