Une dissolution de l’ONG russe Memorial, comme l’a requis le parquet général russe, serait « un nouveau coup dévastateur pour la société civile, qui est un pilier essentiel de toute démocratie », a déclaré vendredi la secrétaire générale du Conseil de l’Europe, Marija Pejčinović Burić.

« Nous demandons donc instamment au bureau du procureur général de Russie de reconsidérer sa décision » concernant la plus ancienne et la plus importante organisation de défense des droits de l'homme de Russie, a écrit la responsable du Conseil de l’Europe, organisation paneuropéenne basée à Strasbourg, dans l’est de la France.

L’Allemagne s’est jointe à cette mise en garde.

« L’idée même que Memorial puisse être dissoute ne peut que bouleverser toute personne qui connaît l’engagement de cette organisation depuis plusieurs décennies en faveur des droits de l'homme […] », a déclaré le chef de la Diplomatie Heiko Maas dans un communiqué diffusé à Berlin.

« Les poursuites politiquement motivées contre la société civile critique doivent cesser » en Russie, a-t-il ajouté.

Memorial a expliqué jeudi dans un communiqué qu’elle était accusée par le parquet général d’« avoir violé de manière systématique » la loi sur les « agents de l’étranger », un label qui oblige les organisations, médias ou personnes concernées à faire connaître ce statut dans toutes leurs publications, y compris sur les réseaux sociaux, et à se plier à de fastidieuses démarches administratives.

« Comme le Conseil de l’Europe l’a indiqué à plusieurs reprises, cette loi stigmatise les ONG, les médias et les individus et a eu un impact répressif sur la société civile en Russie ces dernières années », a insisté Marija Pejčinović Burić, dans son communiqué publié sur le site internet du Conseil de l’Europe. Elle a réitéré l’appel de l’organisation à abroger cette législation.

Symbole de la perestroïka, Memorial avait été fondée en 1989 par des dissidents soviétiques, dont le prix Nobel de la Paix Andreï Sakharov.

La Cour suprême de Russie doit examiner le recours du parquet général le 25 novembre, selon les informations disponibles sur son site officiel.

En 2015, la Cour suprême avait refusé de dissoudre Memorial, rejetant un recours intenté par le ministère russe de la Justice.