(Londres) Un tribunal de Londres a condamné mercredi à plus de cinq ans de prison une femme de 60 ans vivant en France qui avait volé pour 4,2 millions de livres de diamants au bijoutier de luxe Boodles, avec un plan digne d’un film hollywoodien.

« On pense qu’il s’agit du vol individuel de la plus grande valeur jamais commise dans le pays », a déclaré lors du procès le procureur Oliver Mosley, décrivant le casse comme « une conspiration de la plus haute sophistication ».  

Lulu Lakatos s’était fait passer en 2016 pour une experte en pierres précieuses, « Anna », représentant de potentiels acheteurs russes pour évaluer sept diamants, conservés jusqu’à leur transfert dans un sac cadenassé au fond de la chambre forte du magasin de londonien de Boodles.

Tout de passe-passe

Le patron de Boodles, Nicholas Wainwright, s’était brièvement absenté pour parler au téléphone à un potentiel acheteur russe. Cette femme d’origine roumaine qui vivait à Saint-Brieuc (dans l'ouest de la France) avait alors échangé en quelques secondes les diamants contre de vulgaires petits cailloux, sous les yeux d’une surveillante, grâce à un tour de passe-passe de quelques secondes cependant capturé par les caméras de surveillance.

Fouillée avant de quitter les lieux après des suspicions de la témoin, rien n’avait été trouvé sur Lulu Lakatos. Les diamants, apparemment dissimulés dans un compartiment caché de son sac, ont ensuite été remis à une femme inconnue, avant que tous les protagonistes ne s’enfuient pour la France en moins de trois heures.

Vol « sophistiqué et audacieux »

Lors de son procès, Lulu Lakatos, condamnée déjà à trois reprises en France pour vol, a nié être responsable du casse, accusant sa défunte petite sœur Liliana Lakatos, 49 ans, d’être « Anna ».

Selon l’accusée, sa sœur — recherchée pour un complot similaire en Suisse — lui aurait confessé avoir volé son passeport pour commettre ce crime, quelques mois avant qu’elle ne meure dans un accident de voiture en Roumanie, en octobre 2019.

Cette version n’a pas convaincu le jury de la cour londonienne, qui a reconnu presque à l’unanimité Lulu Lakato coupable d’association de malfaiteurs mercredi, au bout de plus de neuf heures de délibération.

Les diamants n’ont jamais été retrouvés.

« Il s’agissait d’un délit très sophistiqué et audacieux en termes de planification, de risque et de récompense, un délit dans lequel vous avez joué un rôle intégral », a affirmé la juge Emma Gooodall, qui l’a condamnée à cinq ans et demi de prison.

Deux complices, Christophe Stankovic et Mickael Jovanovic, ont été respectivement condamnés à trois ans et huit mois de prison après avoir plaidé coupables.

D’autres personnes sont toujours recherchées. Les diamants, eux, n’ont jamais été retrouvés.