(Moscou) La Russie ne parviendra pas à vacciner 60 % de sa population à l’automne contre la COVID-19, a admis le Kremlin, enterrant cet objectif au moment où le pays enregistrait mardi son plus lourd bilan quotidien de décès.

« Il est évident qu’on n’atteindra pas les 60 % », a dit le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, en référence au but fixé au printemps par Vladimir Poutine.  

« Le nombre de personnes souhaitant se faire vacciner n’a commencé à augmenter que cette semaine », a ajouté M. Peskov.  

Population méfiante envers les vaccins russes

Cet objectif n’a en réalité jamais semblé atteignable, la méfiance des Russes à l’égard des différents vaccins produits dans le pays, notamment le Spoutnik V, étant telle qu’actuellement seulement environ 15 % de la population a reçu au moins une injection.

Environ 22,2 millions de Russes sur 146 millions d’habitants ont reçu au moins une dose, selon les chiffres lundi du site Gogov, qui agrège les données des régions et médias, faute de statistiques nationales officielles détaillées et quotidiennes.

Si la vaccination part à la hausse depuis plusieurs jours, c’est que de plus en plus de régions la rendent obligatoire, sous peine de retenues de salaire, pour un nombre croissant de catégories professionnelles.

« De plus en plus de citoyens prennent conscience » de la nécessité d’aller se faire vacciner, a commenté M. Peskov.

Pour les autorités sanitaires, il s’agit de la seule réponse pour durablement juguler le coronavirus et son variant Delta, apparu en Inde, responsable de la troisième vague épidémique en Russie et qui inquiète le reste du monde.   

Le gouvernement russe a ainsi fait état mardi de 652 morts dues à la COVID-19 en 24 heures, un record depuis le début de la pandémie. Le précédent pic remontait à la fin décembre, lors d’une deuxième vague meurtrière.  

151 000 hospitalisations

Quelque 151 000 malades de la COVID-19 sont hospitalisés en Russie, a annoncé le ministre de la Santé Mikhaïl Mourachko, notant une situation « tendue » alors que le pays dispose actuellement de 182 000 lits.

« 182 000 lits sont mis en place et 151 000 patients sont soignés », a-t-il dit lors d’une réunion gouvernementale consacrée à une flambée de l’épidémie de coronavirus due au variant Delta, « la situation est tendue, en particulier dans les grandes villes ».

Les autorités ont recensé 20 616 nouvelles contaminations en une journée.

La deuxième ville de Russie, Saint-Pétersbourg, qui accueille vendredi un quart de finale de l’Euro de soccer, a recensé 119 morts, là aussi le plus haut niveau depuis le début de la crise sanitaire. Il s’agit du 3e record depuis samedi.

Moscou, épicentre de l’épidémie, a comptabilisé 121 décès mardi, contre un record de 124 la veille, le niveau le plus élevé jamais atteint dans la capitale russe.  

Au total, la Russie déplore 134 545 morts, ce qui en fait le pays européen le plus endeuillé, selon les statistiques gouvernementales. Mais l’agence des statistiques Rosstat, qui a une définition plus large des décès liés à la COVID-19, a comptabilisé fin avril quelque 270 000 morts.

Les lits dédiés aux patients de la COVID-19 dans les hôpitaux moscovites sont occupés à 75 %, tout juste deux semaines après que la mairie a tiré la sonnette d’alarme.  

Le maire Sergueï Sobianine a ordonné depuis des restrictions, une première en près de six mois, mais comme lors de la vague hivernale, il se refuse à tout confinement strict afin de préserver l’économie.  

Pour tenter d’endiguer l’épidémie, Moscou a réimposé le télétravail pour au moins 30 % des employés non vaccinés, ordonné la vaccination obligatoire des salariés du secteur des services et créé un passeport sanitaire pour aller au restaurant.