(Valenciennes) C’est « une bataille » qu’il faut mener « matin, midi et soir » : le président français Emmanuel Macron a promis mardi de faire accélérer la vaccination alors que les signes d’emballement de l’épidémie se multiplient et que les critiques ne faiblissent pas sur sa stratégie face à la COVID-19.

Près de trois mois après le début de la campagne de vaccination, M. Macron a annoncé une série de solutions qui se veulent concrètes et rapides, comme l’ouverture dès samedi de la vaccination aux plus de 70 ans ou encore la création d’un numéro de téléphone national dédié aux rendez-vous vaccinaux.

« Pas de week-end pour cette bataille »

« Il n’y a pas de jour férié, pas de week-end pour cette bataille », a insisté le chef de l’État après une visite d’un centre de vaccination à Valenciennes, dans la région des Hauts-de-France, dans le nord-ouest, la plus touchée par l’épidémie avec la région parisienne.

La vaccination était jusqu’à présent ouverte aux résidents des maisons de retraite médicalisées, aux plus de 75 ans, aux 50-74 ans atteints de comorbidités et à tous les professionnels de santé.

Emmanuel Macron a également annoncé que le vaccin serait ouvert aux enseignants à la mi-avril.

Par ailleurs, des « vaccidromes » seront « opérationnels dans les prochains jours », a assuré mardi la ministre déléguée chargée de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher. L’objectif est de doter le territoire de 100 à 200 mégacentres de vaccination.

Mais le gouvernement peine à convaincre qu’il fait le maximum pour faire décoller les vaccinations, face surtout au Royaume-Uni où 28 millions de Britanniques ont déjà reçu une dose, contre 6,3 millions de Français. Un niveau insuffisant pour sortir de cette crise sanitaire qui a fait 92 648 décès depuis un an, dont 344 à l’hôpital entre dimanche et lundi.

« On n’a pas les doses »

« Matin, midi et soir’mais avec trois mois de retard », a ironisé le député Les Républicains (droite, opposition) Éric Ciotti.

« Ça fait un an qu’on accélère. On a franchi le mur du son depuis longtemps… À chaque fois, on est les meilleurs du monde, mais on doit encore accélérer », a critiqué le socialiste Boris Vallaud.

Car la France se heurte toujours au manque de vaccins. « Nous les professionnels de santé, on est tous prêts, mais on n’a pas les doses », a regretté Hervé Momentym, pharmacien qui a accueilli Emmanuel Macron. Cette semaine, sa pharmacie a reçu un premier et unique flacon. De quoi vacciner 11 personnes.

Le chef de l’État a rejeté la faute sur les lenteurs de livraison du groupe AstraZeneca, assurant que la France « se bat » pour obtenir les doses que le laboratoire suédo-britannique lui doit. Et promis que, grâce notamment à l’arrivée du vaccin de Johnson & Johnson, « on va changer de dimension à partir d’avril », tout en maintenant l’objectif d’avoir vacciné mi-avril 10 millions de personnes, puis 20 millions mi-mai et 30 millions mi-juin.  

Ces annonces interviennent sur fond de dégradation des indicateurs de l’épidémie, que l’exécutif espère freiner avec les nouvelles mesures sanitaires entrées en vigueur ce week-end.

Depuis samedi, dans seize départements, dont toute la région parisienne, les Hauts-de-France, une partie de la Normandie (ouest) et les Alpes-Maritimes (sud-est), de nouveaux commerces ont fermé, les déplacements sont limités à 10 km et le gouvernement a renforcé ses appels au télétravail et à ne pas inviter d’amis chez soi.

« Un confinement qui n’en est pas un », constate le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux.

« Si dans quelques jours, on s’aperçoit que les chiffres ne s’inversent pas, que les tendances ne se calment pas, il faudra appuyer sur le bouton stop, c’est-à-dire un bouton de reconfinement réel », a-t-il préconisé sur la chaîne LCI.

Lundi, la barre des 4500 malades en service de réanimation a été dépassée, proche du pic de la 2e vague de l’automne (4900 le 16 novembre), avec une situation particulièrement inquiétante en région parisienne.

« Partout c’est plein, plein, plein. Plein comme un œuf […] À ce rythme-là, on va droit dans le mur », alerte, dans une interview au Parisien, le chef de la réanimation à l’hôpital Bichat, à Paris, Jean-François Timsit.