Aucune solution sur le Brexit ne rallie un soutien majoritaire de la population britannique, seule l'opposition à l'accord de sortie de l'UE négocié par la première ministre Theresa May parvenant à rassembler, selon un rapport publié mardi.

« Aucune option [...] ne semble être à la fois largement populaire et capable de mettre fin aux divisions liées au Brexit », a déclaré John Curtice, professeur de politique à l'université écossaise de Strathclyde, en présentant le rapport Brexit and Public Opinion 2019 (Le Brexit et l'opinion publique 2019).  

Le rapport, qui compile plusieurs sondages, met en exergue le défi auquel est confrontée la première ministre en tentant de ressusciter l'accord de divorce qu'elle a longuement négocié avec Bruxelles, après son rejet massif par les députés le 15 janvier.  

Une courte majorité du public est favorable à une renégociation de cet accord, mais aucune des issues possibles ne rassemble une majorité claire, selon ces enquêtes d'opinion.  

À chaque extrémité du spectre, quitter l'UE sans accord ou organiser un second référendum sur le Brexit sont au coude à coude. Un Brexit « doux », prévoyant de maintenir des liens étroits entre le Royaume-Uni et les institutions européennes, ne séduit en revanche aucun des deux camps.  

Selon un sondage ICM publié dimanche, un Brexit sans accord est préféré à un deuxième référendum, à de nouvelles élections législatives et à l'accord de Mme May, mais ne recueille malgré tout que 28 % d'opinions favorables.  

Si la campagne en faveur d'un second référendum a pris de l'envergure ces derniers mois, cette option « n'est pas aussi populaire qu'on l'entend parfois dire », a souligné John Curtice.  

Selon lui, les sondages indiquent qu'une majorité de Britanniques aimeraient avoir leur mot à dire sur l'accord de Theresa May, mais quand le maintien dans l'UE est présenté comme une issue possible, l'opposition à un nouveau vote mène d'environ 10 points.  

Face à une opinion publique si divisée, « les responsables politiques doivent peut-être retenir le message que gouverner, c'est choisir », a estimé M. Curtice.  

Une partie du problème réside dans le fait que le Brexit est désormais devenu « une nouvelle source d'identification politique » transcendant la loyauté partisane. « Seule une personne sur 16 n'a pas d'identité liée au Brexit, alors que plus d'une sur cinq n'a pas d'identité partisane », selon une étude incluse dans le rapport.  

Un autre sondage, publié lundi, montrait que plus d'un tiers des partisans du maintien dans l'UE serait contrarié si un proche épousait un fervent soutien du camp opposé.