Quelque 450 000 Catalans, selon la police municipale, ont manifesté samedi après-midi dans le centre-ville de Barcelone pour réclamer l'indépendance de leur région, après que Madrid a demandé au Sénat la destitution de l'exécutif catalan.

La foule était deux fois plus importante que mardi soir, lorsque 200 000 personnes étaient descendues dans la rue pour protester contre l'incarcération de deux leaders indépendantistes catalans, inculpés pour sédition.

Le chef du gouvernement Mariano Rajoy a demandé au Sénat la destitution du gouvernement indépendantiste pour pouvoir organiser des élections régionales dans les six mois.

Le gouvernement séparatiste de Catalogne n'a pas laissé à Madrid d'autre choix, a affirmé M. Rajoy, dont le parti dispose de la majorité absolue au Sénat, après un conseil des ministres extraordinaire.

Le gouvernement espagnol veut «rétablir l'ordre» en Catalogne et entend activer l'Article 155 de la Constitution de 1978, qui permettra de prendre le contrôle de la région semi-autonome.Cette mesure, qui n'a jamais été utilisée depuis le retour de la démocratie après la dictature du général Franco, nécessite l'approbation du Sénat, où le parti du premier ministre Mariano Rajoy détient une majorité absolue. Elle devrait être adoptée dès le 27 octobre.

Le gouvernement espagnol veut également dissoudre le gouvernement régional catalan et organiser des élections en Catalogne d'ici six mois, «afin de chasser ceux qui ont violé la loi», a déclaré le premier ministre Rajoy.

Une telle élection risque d'aviver encore davantage les tensions entre Madrid et les indépendantistes catalans. Le gouvernement de la Catalogne estime disposer d'un mandat pour se séparer de l'Espagne depuis le référendum illégal du 1er octobre, et il ne veut pas d'une élection régionale.

M. Rajoy demande aussi que tout le gouvernement catalan présidé par Carles Puigdemont soit démis de ses fonctions, qui seront exercées «en principe par les ministères (nationaux) aussi longtemps que durera cette situation exceptionnelle».

Carles Puigdemont menace de faire proclamer formellement l'indépendance de la Catalogne, une région grande comme la Belgique qui représente 19% du PIB espagnol.

Il se fonde sur un référendum d'autodétermination qu'il a organisé le 1er octobre en bravant l'interdiction de la justice et où selon lui 43% des Catalans ont voté, à 90% pour l'indépendance.

Attaque informatique contre la Cour constitutionnelle

La page web de la Cour constitutionnelle espagnole a été bloquée samedi par une attaque informatique à la suite de menaces du groupe activiste Anonymous.

«Le site n'est pas accessible à cause d'un afflux d'utilisateurs trop important», a indiqué un porte-parole du tribunal à la suite de menaces du groupe activiste Anonymous.

Les pirates peuvent mettre un site hors d'accès en organisant des connexions multiples et en saturant ainsi son trafic.

Le Département de sécurité nationale, la centrale de renseignements espagnole, avait fait savoir vendredi que «le groupe d'hacktivistes Anonymous annonçait, via des comptes, une campagne d'attaques massives sous les slogans OpCatalunya et FreeCatalunya», orthographe catalane pour la Catalogne.

Le gouvernement espagnol a été victime d'une série d'attaques informatiques ces dernières semaines.