La découverte de trois chiots vivants dans les décombres de l'hôtel dévasté par une avalanche il y a cinq jours en Italie a redonné lundi du courage aux secouristes qui espèrent toujours retrouver des survivants parmi les 22 disparus, malgré la découverte d'un septième cadavre.

Parallèlement, la justice enquêtait sur l'historique de l'hôtel, situé dans les Abruzzes (centre), et l'enchaînement des événements mercredi pour déterminer si la catastrophe aurait pu être évitée.

« C'est un signe de vie important qui nous donne de l'espoir », a déclaré un pompier après le sauvetage des trois boules de poils, des petits bergers des Abruzzes blancs dont les parents avaient été retrouvés indemnes jeudi à 4 km de l'hôtel.

Quelques heures plus tard pourtant, les pompiers ont annoncé la découverte du cadavre d'une femme dans la structure ensevelie.

« Nous luttons contre le temps, nous avons conscience qu'il faut aller vite », avait expliqué dans la matinée le porte-parole des pompiers, Luca Cari.

Vendredi, les secouristes avaient retrouvé neuf survivants, qui ont raconté avoir tenu 48 heures dans le noir, le froid et le silence, en mangeant de la neige pour apaiser leur soif.

Mais malgré le percement de nouveaux goulots d'accès, les recherches avancent lentement, souvent à mains nues par crainte d'éboulements à l'intérieur du bâtiment que l'avalanche a frappé avec la force de 4000 camions lancés à pleine vitesse.

Et un radar spécial a dû être installé sur le versant de la montagne pour tenter de prévenir les secouristes à l'avance en cas de nouvelle avalanche.

« Manque d'efficacité »

Une information judiciaire pour homicides involontaires a été ouverte dès jeudi afin d'établir d'éventuelles responsabilités, a rappelé lundi en conférence de presse la procureure de Pescara, Christina Tedeschini.

« L'enquête n'en est qu'à ses débuts », a-t-elle prévenu, en précisant qu'elle porterait sur l'ouverture et la gestion de l'hôtel, la maintenance des accès à l'établissement et l'organisation des secours.

La procureure a pour l'instant relevé « un manque d'efficacité et des interférences » dans les communications le jour du drame, tout en précisant qu'il était trop tôt pour assurer qu'une meilleure organisation aurait pu sauver des vies.

Ancien refuge, l'hôtel a ouvert en 1972 avant d'être transformé il y a 10 ans en un élégant établissement 4 étoiles, une restructuration qui a fait l'objet d'une longue enquête judiciaire finalement classée sans suite en novembre.

« En 70 ans, la possibilité d'une avalanche n'a jamais été prise en considération », a assuré à des médias Massimiliano Giancaterino, ancien maire de Farindola dont le frère est mort dans l'avalanche.

La zone n'était pas considérée comme à risque, a confirmé à la presse Francesco Peduto, président du Conseil national des géologues.

Deux heures avant le drame, le directeur de l'hôtel avait demandé une intervention des autorités en décrivant dans un courriel une situation « préoccupante » : 2 mètres de neige autour de l'hôtel, l'électricité et le téléphone coupés, des clients terrorisés par les secousses sismiques de la matinée...

Appel à l'aide

Mais le courriel ne parle pas d'un risque d'avalanche, et ce jour-là, les autorités étaient dépassées dans toute la région : des centaines de personnes coupées du monde à cause de chutes de neige historiques, des trains bloqués, des dizaines de milliers de foyers sans électricité... et quatre secousses sismiques de magnitude supérieure à 5.

Lundi matin, plus de 8000 personnes, dont des milliers de militaires, étaient toujours mobilisées dans le centre de l'Italie pour évacuer les habitants des zones à risque, approvisionner les hameaux isolés et rétablir électricité, téléphone ou gaz.

Le chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni, a appelé dimanche soir à éviter toute chasse au « bouc émissaire » : « La vérité doit servir à faire mieux fonctionner les choses, pas à régler des comptes ».

Mais pour les pompiers qui ont découvert vendredi trois enfants miraculeusement épargnés dans la salle de billard de l'hôtel ces débats restent lointains.

« Nous avons fait les trois tremblements de terre, Amatrice (24 août), Camerino (26 octobre) et Norcia (31 octobre). Nous n'avons trouvé que des morts », a raconté l'un d'eux, Marco Filabozzi, cité par des médias.

« Quand nous avons brisé ce panneau de bois et que nous avons vu ces trois enfants serrés les uns contre les autres, nous nous sommes regardés et nous avons tout de suite compris : ces anges ont effacé pour nous tous les morts », a-t-il ajouté.