Deux secousses de magnitude 5,5 puis 6,1 ont touché le centre de l'Italie mercredi, faisant quelques dizaines de blessés légers selon un bilan provisoire, deux mois après un tremblement de terre qui avait tué près de 300 personnes dans la même région.

Paradoxalement, la première secousse a peut-être sauvé de nombreuses vies en poussant les habitants hors de leurs maisons avant la deuxième, plus destructrice. Mais les secouristes, à pied d'oeuvre au coeur de la nuit et sous la pluie, peinaient à se faire une idée réelle de l'étendue des dégâts dans l'immédiat.

«La situation est apocalyptique. Beaucoup de maisons se sont écroulées», a déclaré à la télévision Marco Rinaldi, maire d'Ussita, en précisant qu'il n'y avait probablement pas de victime dans sa commune.

«La deuxième secousse a été longue, elle a été terrible. J'ai ressenti beaucoup de séismes, mais celui-là a été le plus fort. Heureusement, tout le monde était déjà dehors après la première», a-t-il ajouté.

«En fin de compte, la situation n'est pas aussi catastrophique qu'on aurait pu le penser» compte tenu de la magnitude des secousses, a déclaré à la presse le chef de la protection civile, Fabrizio Curcio: «Quelques blessés et beaucoup de panique».

Les urgences des différents hôpitaux de la région ont reçu quelques dizaines de personnes pour des blessures légères ou des malaises, mais aucun cas grave n'a été signalé dans l'immédiat.

Selon l'institut américain Geological Survey, la première secousse, de magnitude 5,5, a été enregistrée à 19 h 10 locales près de Castel Sant'Angelo sul Nera, dans les Marches, et la deuxième, de 6,1, deux heures plus tard, à une dizaine de kilomètres plus au nord.

En Italie, l'Institut national de géophysique et de volcanologie (INGV) a lui évoqué deux séismes de magnitude 5,4 et 5,9, ressentis de Venise à Naples.

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Les épicentres des deux secousses se trouvent à quelques dizaines de kilomètres au nord de la région d'Amatrice, dévastée le 24 août par un violent séisme ayant fait près de 300 morts et de L'Aquila où un puissant séisme avait fait plus de 300 morts en 2009.

Dans le noir et sous la pluie

Sur la route sinueuse menant à Visso, près de l'épicentre, de nombreux habitants passaient la nuit dans leurs véhicules aux vitres embuées. «Ma maison est endommagée, mais je n'ai pas encore évalué tous les dégâts, je verrai demain matin», a confié à l'AFP Michaela, une habitante de Pieve Torina.

«Il n'est pas très facile de faire les évaluations dans le noir et la météo est mauvaise dans toute la région. Il faudra voir plus précisément à la lumière du jour», a confirmé M. Curcio.

Autour de l'épicentre, immeubles éventrés et amas de gravats témoignaient des secousses.

La protection civile a d'ores et déjà aménagé des hébergements collectifs pour des centaines de personnes et se préparait même à rouvrir certains des campements de tentes établis après le séisme d'Amatrice en août et démantelés au fur et à mesure que des solutions moins inconfortables étaient trouvées.

À travers la région, des hôpitaux, une résidence universitaire, une maison de retraite et même une prison ont dû être évacués.

«Ce soir, on va faire aller. Mais demain, je ne sais pas. Les tentes, je ne peux pas y aller, il fait trop froid», a déclaré une habitante de Visso à la télévision.

La protection civile a déconseillé les déplacements, plusieurs des petites routes de la région étant coupées ou réservées aux secours. Un élu local a aussi signalé un glissement de terrain à Acquasanta Terme, légèrement plus à l'est.

Par mesure de précaution, les écoles de nombreuses communes de la région, jusqu'à celles de Pescara sur la côte adriatique, resteront fermées jeudi.

«Je veux remercier ceux qui travaillent sous la pluie dans les zones du séisme», a salué le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, sur Twitter, dans la soirée. «Toute l'Italie serre fort dans ses bras les populations frappées une nouvelle fois».

À Rome, lustres, fenêtres et portes ont vibré et des gens sont sortis, affolés, dans les rues.

Le séisme de mercredi soir pourrait être lié à celui du 24 août, qui avait été suivi de milliers de répliques, parfois fortes. Une soixantaine de secousses ont d'ailleurs été enregistrées mercredi, allant jusqu'à une magnitude de 4,6, selon l'INGV.

Dans leur première édition de jeudi matin, plusieurs journaux italiens titraient: «Le cauchemar sans fin».