Le 6 janvier 2021 à 14 h 12, des partisans du président Donald Trump ont commencé à grimper par une fenêtre dont ils avaient fracassé la vitre du côté nord-ouest du Capitole à Washington. « Allez ! Allez ! Allez ! », a crié l’un d’eux tandis que les émeutiers, dont certains portaient des tenues militaires, affluaient.

C'est le point de départ de l'attaque la plus grave contre le Capitole depuis la guerre anglo-américaine de 1812.

La foule, furieuse que le Congrès s'apprête à officialiser la défaite électorale de Donald Trump face à Joe Biden, s'est engouffrée dans le bâtiment. « Faites-les sortir ! ... Pendez-les ! », ont crié les émeutiers à un moment donné, en se rassemblant près de la Chambre des représentants.

Les responsables de la Chambre des représentants et du Sénat ont verrouillé les portes de leurs enceintes respectives, mais les législateurs ont été contraints de se rendre rapidement dans des lieux tenus secrets.

Cinq personnes sont mortes ce jour-là, dont un membre de la police du Capitole. Au total, plus de 50 policiers ont été blessés.

Pour reconstituer le chaos à l'intérieur du Capitole, le Washington Post a examiné des messages textes, des photos et des centaines de vidéos, dont certaines ont été obtenues en exclusivité.

En synchronisant les séquences et en situant certains angles de caméra dans un modèle numérique en 3D du bâtiment, le Post a pu établir les mouvements des émeutiers et évaluer à quel point ils se sont approchés des législateurs.

En certaines occasions, quelques mètres seulement les séparaient. Seule une poignée de policiers, en plus petit nombre, se tenaient entre les deux camps.

Le Post a utilisé un algorithme de reconnaissance faciale qui distingue les différents visages – il n'identifie pas les personnes – et estime qu'au moins 300 émeutiers étaient présents à l'intérieur du Capitole pendant que la police tentait d'évacuer les législateurs.

Le nombre réel d'émeutiers est probablement plus élevé, car les images analysées par le Post n'ont pas capté toutes les personnes présentes dans le bâtiment.

Après être entrés dans le Capitole du côté du Sénat, les émeutiers ont commencé à se déplacer et à monter d’un étage jusqu'à la Chambre haute.

Le vice-président Mike Pence, qui présidait la séance, a été mis en sécurité dans un bureau voisin à 14 h 13. La foule y est passée environ une minute plus tard.

De l'autre côté du bâtiment au deuxième étage, la Chambre des représentants a brièvement suspendu ses travaux avant de les reprendre. Au même moment, des émeutiers prenaient d'assaut les bureaux de la présidente Nancy Pelosi.

« Ils cognent aux portes pour essayer de la trouver », a dit un membre du personnel de Pelosi à une collègue. Ce commentaire est capté sur un enregistrement audio à 14 h 28.

Vers 14 h 40, un groupe de législateurs a quitté la Chambre des représentants en passant par le hall de la présidence, un couloir adjacent où se trouvent des portraits d'anciens présidents de la Chambre.

Les législateurs se sont alors retrouvés face à une foule en colère. Les deux groupes sont séparés par plusieurs policiers et par une porte vitrée que les émeutiers tentent de briser.

« Cassez-la ! Cassez-la ! », scandaient les manifestants, tandis que les législateurs sortaient en rangs serrés.

Deux minutes après l’évacuation du dernier législateur présent dans ce couloir, Ashli Babbitt, une partisane de Trump, a été abattue par un agent de la police du Capitole. Elle essayait de passer à travers une partie brisée de la porte.

Dans les tribunes surplombant la Chambre, certains législateurs n'avaient pas encore été évacués lorsque Ashli Babbitt a été abattue. « J'ai entendu le coup de feu et beaucoup de cris », se souvient Robin Kelly (Parti démocrate).

À 14 h 53, soit 41 minutes après l’entrée des émeutiers dans le Capitole, le dernier membre du dernier grand groupe d’élus à quitter le bâtiment a été évacué vers un lieu sûr.