Un rapport des renseignements américains datant du mois de mai mettait en garde contre une attaque structurée en Europe des djihadistes du groupe État islamique, en tirant des leçons du démantèlement en janvier d'une cellule antiterroriste en Belgique.

Les attentats qui ont endeuillé Paris vendredi éclairent d'un jour édifiant les principaux points de ce rapport, non classé secret-défense, rédigé par le bureau de renseignement et d'analyse du ministère américain de la Sécurité intérieure, en coopération avec le FBI et le Centre national de l'antiterrorisme.

Ce rapport évoque explicitement Abdelhamid Abaaoud, présenté comme le possible inspirateur des attentats de Paris. Il soulève l'hypothèse que le djihadiste belge ait tenté de faire croire qu'il avait trouvé la mort fin 2014 en combattant en Syrie, afin que les autorités belges relâchent leurs efforts pour le traquer.

Une vaste opération antiterroriste avait été menée mi-janvier par la police belge dans plusieurs villes de Belgique, en particulier à Verviers, dans l'est du pays. Cette opération s'était soldée par la mort de deux djihadistes au sein d'un groupe dont certains membres revenaient de Syrie et planifiaient des attentats imminents.

Or ces attaques avortées en Belgique ont montré, selon l'analyse des renseignements américains, que le groupe djihadiste avait élevé d'un cran important sa capacité opérationnelle.

Le cerveau présumé de ces projets d'attentats en Belgique était Abdelhamid Abaaoud, pilotant les opérations depuis Athènes grâce à son téléphone portable, rappelle le rapport, cette information ayant été donnée par un responsable antiterroriste belge cité dans des médias européens.

Les djihadistes du groupe État islamique ont désormais la capacité de lancer des attaques plus élaborées en Occident, en utilisant des armes et des engins explosifs, sans avertissement, mettait en garde le rapport.

Le théâtre le plus probable de ces attaques sera l'Europe, précisait-il.

Dans un schéma publié dans le rapport, des flèches relient Syrie, Grèce et Belgique, la route empruntée par des djihadistes visés par l'opération antiterroriste de janvier.

Enfin, autre élément intéressant au regard des événements de vendredi à Paris, les renseignements américains concluaient que les auteurs les plus probables de futures attaques structurées en Occident seraient des «combattants étrangers de retour de zones de conflit, qui ont les moyens de mobiliser des extrémistes violents dans leur propre pays».

Près de 6000 djihadistes étrangers identifiés par Interpol

Interpol a identifié 5800 djihadistes étrangers sur un total estimé à 25 000 qui ont rejoint les groupes djihadistes dans des pays comme la Syrie ou l'Irak, a déclaré mercredi le chef de l'organisation internationale de coopération policière.

Le directeur d'Interpol, Juergen Stock, intervenait à Séville (sud de l'Espagne) à l'occasion d'une conférence sur la lutte antiterroriste, quelques jours après les attentats djihadistes qui ont fait 129 morts le 13 novembre à Paris, revendiqués par le groupe État islamique. Plusieurs de ses auteurs présumés, citoyens français ou belges, seraient passés par la Syrie.

«L'organisation a répertorié à ce stade quelque 5800 combattants étrangers, djihadistes présumés, venant de plus de 50 pays», a déclaré Juergen Stock.

Il a cependant ajouté que le nombre total des ces djihadistes était estimé à 25 000.

Il a estimé qu'il fallait davantage de coopération entre les pays dans ce domaine.

«L'information est la base du travail de la police... cette information doit être partagée avec Interpol», a-t-il dit.

Des spécialistes des forces de l'ordre du monde entier se sont retrouvés à Séville pour une conférence de trois jours visant à des échanges sur la lutte antiterroriste.

ARCHIVES AP

Juergen Stock