Le premier vaccin expérimental contre le virus Ebola à faire l'objet d'un essai clinique aux États-Unis a été bien toléré et a déclenché une bonne réponse immunitaire montrent les premiers résultats prometteurs publiés mercredi.

«L'étendue sans précédent de l'épidémie actuelle d'Ebola en Afrique de l'Ouest a conduit à une intensification des efforts pour mettre au point des vaccins sûrs et efficaces qui pourraient permettre d'arrêter cette flambée et jouer un rôle clé pour prévenir de futures grandes épidémies», souligne le Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut des allergies et des maladies infectieuses (NIAID).

Celui-ci n'a toutefois pas précisé quand ce vaccin pourrait être prêt à être distribué.

«Basé sur les résultats positifs du premier essai clinique de ce vaccin (phase 1), nous poursuivons nos efforts accélérés en vue de mener des essais avec un plus grand nombre de personnes pour établir son efficacité pour empêcher l'infection par le virus Ebola», poursuit-il.

Le NIAID explique envisager de mener ces essais cliniques dits de phase 2 et 3 en Afrique de l'Ouest en 2015, précisant avoir à ce sujet des discussions avancées avec les responsables du Liberia et d'autres pays.

La préparation de ces essais cliniques dépend encore de données supplémentaires provenant des essais en cours. De ce fait, «ces prochaines études cliniques ne seront pas annoncées avant le début 2015», indique le NIAID.

Ce vaccin, appelé ChAd3, co-développé par le NIAID et le laboratoire britannique GlaxoSmithKline (GSK), a été testé avec 20 volontaires en bonne santé âgés de 18 à 50 ans dans la clinique des Instituts nationaux de la santé (NIH), dont fait partie le NIAID.

Ces premiers résultats sont publiés en ligne dans la revue médicale New England Journal of Medicine.

Le vaccin contient des éléments génétiques provenant de deux souches du virus Ebola (Soudan et Zaïre) qui sont acheminés par un adénovirus responsable du rhume chez les chimpanzés, un agent inoffensif pour l'homme.

Pas d'effets secondaires 

Les 20 volontaires ont produit des anticorps dans les quatre semaines après avoir été vaccinés, les niveaux étant plus élevés chez ceux ayant reçu la plus forte dose vaccinale.

Ces chercheurs soulignent surtout que le vaccin a induit une réponse des lymphocyte T, dont des cellules T CD8 qui semblent avoir joué un rôle clé dans la protection immunitaire contre Ebola chez les primates. Le vaccin a en effet été initialement testé avec un grand succès sur des singes.

«L'ampleur et la qualité de la réponse des cellules T CD8 observées dans cet essai clinique sont similaires à celles constatées chez les primates», souligne Julie Ledgerwood, du NIAID, qui a dirigé l'essai clinique.

Le vaccin n'a pas provoqué d'effets secondaires graves. Seuls deux participants parmi ceux ayant reçu la plus forte dose ont eu brièvement de la fièvre.

Outre ce vaccin ChAd3, un vaccin développé par l'agence de santé publique du Canada (rVSV), dont la licence de commercialisation est détenue par la société américaine NewLink Genetics, fait aussi l'objet d'un essai clinique de phase 1 par le NIAID, dont les résultats sont attendus d'ici la fin décembre. Un essai du même type est prévu à Genève et au Canada.

Le vaccin ChAd3 du NIAID et de GSK est aussi testé en phase 1 avec 60 volontaires au Royaume-Uni et fera aussi l'objet d'un essai clinique sur des adultes à Lausanne (Suisse) pour le compte de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

GSK estimait en octobre qu'il pourrait avoir 24 000 doses de son vaccin prêtes pour les essais d'efficacité de phase 2 et 3 d'ici janvier.

Par ailleurs, la firme américaine Johnson & Johnson a annoncé le mois dernier qu'elle dégageait jusqu'à 200 millions de dollars pour accélérer la production d'un vaccin en développement par sa filiale Janssen.

Janssen prévoit de produire plus d'un million de doses en 2015, dont 250 000 attendues d'ici à mai pour des essais cliniques.

L'épidémie d'Ebola a fait au moins 5459 morts, sur 15 351 cas recensés, dont environ la moitié au Liberia, selon le dernier bilan de l'OMS.