Les pays les plus riches du monde réunis au G20 en Australie se sont engagés samedi à «éradiquer» l'épidémie d'Ebola qui a fait plus de 5000 morts en Afrique de l'Ouest et touche désormais un autre pays de la région, le Mali.

Alors qu'il était resté globalement épargné jusque-là avec un unique décès, le Mali a annoncé vendredi avoir enregistré en trois jours trois morts sur quatre cas de la fièvre hémorragique et placé plus de 250 personnes sous surveillance.

Cette nouvelle a relancé l'inquiétude même si Kinshasa a par ailleurs annoncé samedi la fin d'une plus petite flambée d'Ebola qui a fait une cinquantaine de morts dans une zone isolée de la République démocratique du Congo.

Les membres du G20 ont dit «s'engager à faire tout ce qu'il faut pour éradiquer l'épidémie et à couvrir ses conséquences économiques et humanitaires à moyen terme», selon un communiqué publié au premier jour du sommet de Brisbane, dans l'est de l'Australie.

Mais le texte ne révèle aucun engagement financier tangible, disant seulement que les pays du G20 vont «travailler via des coopérations bilatérales, régionales et multilatérales, et en collaboration avec des acteurs non gouvernementaux».

Ils «saluent l'initiative du FMI de débloquer 300 millions de dollars supplémentaires pour endiguer l'épidémie d'Ebola et réduire les pressions sur la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, à travers des prêts préférentiels, réductions de dette et subventions».

Avant l'ouverture du sommet, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, présent au G20, avait insisté sur «la nécessité d'intensifier la réponse internationale»

Le Togo, qui coordonne la lutte contre Ebola en Afrique de l'Ouest, a lui aussi exhorté la communauté internationale à «ne pas relâcher l'effort».

Selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) publié vendredi, l'épidémie a fait 5177 morts sur 14 413 cas dans huit pays, les plus touchés étant la Guinée, le Liberia et le Sierra Leone.

Une bonne nouvelle est venue samedi de RDC où le ministre de la Santé, Félix Kabange Numbi, a annoncé la fin de l'épidémie 42 jours après l'enregistrement du dernier malade, soit deux fois la période d'incubation.

Mais le décès ces derniers jours au Mali de trois personnes sur quatre testées positives à l'Ebola, après une toute première victime fin octobre, fait craindre une propagation de l'épidémie à ce vaste pays d'Afrique de l'Ouest.

Cette hypothèse a été jugée «inquiétante» par la France qui a dépêché d'urgence au Mali la secrétaire d'Etat chargée du Développement, Annick Girardin, et a demandé à ses ressortissants d'éviter de se rendre à Bamako et Kayes, dans l'ouest du Mali.

La France qui abrite une importante communauté malienne a également étendu samedi ses contrôles dans les aéroports parisiens aux passagers en provenance de Bamako.

«Pas suffisant»

Réagissant à l'annonce du G20, des ONG se sont déclarées sceptiques, voire «très déçues», à l'image d'Oxfam.

Cette dernière a estimé qu'il y a avait «un vrai risque que la bonne volonté du G20 et ses préoccupations ne débouchent sur pas grand chose de concret pour ceux dont la vie est menacée, au Sierra Leone, au Liberia et en Guinée».

L'organisation ONE a relevé pour sa part que l'engagement du G20 n'était «pas suffisant au regard de l'ampleur de la crise».

«Où sont les actions concrètes sur lesquelles s'engage chaque Etat membre du G20 pour contrôler l'épidémie et aider les pays à se remettre de cette crise?», a interrogé Friederike Röder, directrice de ONE France parlant pour l'ensemble de l'organisation.

D'autres se sont mobilisés. A Londres une trentaine de vedettes du rock et de la pop britanniques ont commencé à enregistrer une chanson destinée à lever des fonds.

Bono, Chris Martin, Harry Stiles de One Direction et Robert Plant ont répondu à l'appel de Bob Geldof, le chanteur irlandais qui a ressuscité le Band Aid trente ans après l'avoir créé pour lutter à l'époque contre la famine en Ethiopie.

Par ailleurs, le Sénégal, qui avait fermé le 21 août ses espaces aérien et maritime aux avions et bateaux en provenance de Guinée, Liberia et Sierra Leone en raison de l'épidémie d'Ebola, a annoncé vendredi leur réouverture partielle.

Le Liberia, pays le plus touché par l'épidémie, avait franchi jeudi une étape décisive avec la levée de l'état d'urgence, après le net ralentissement de la propagation d'Ebola dans le pays et l'annonce de premiers essais de traitements clinique du virus.

Enfin, un médecin sierra-léonais infecté par le virus Ebola en Sierra Leone a été évacué samedi vers les Etats-Unis pour y être soigné.